Il fait partie de la légende du derby. Son but à la dernière minute en octobre 2004 à Geoffroy-Guichard donnant la victoire à l'OL (3-2) est resté gravé dans la mémoire des supporters lyonnais. Sidney Govou, septuple champion de France avec les Gones aujourd'hui à Chasselay, se confie sur ces matchs si particuliers entre Lyon et Saint-Etienne.
Olympique-et-lyonnais : Pour vous, que représente le derby ?
Sidney Govou : Quand on vient du Puy-en-Velay c’est spécial. Pendant mon adolescence, j’ai vécu là-bas. Même si je ne suis jamais allé voir de match à Saint-Etienne, j’ai été bercé dans l’esprit stéphanois. Après je suis arrivé à Lyon et je suis devenu lyonnais. C’est assez étrange comme sentiment. J’ai vraiment beaucoup d’amis qui supportent l’ASSE. Je suis lyonnais d’adoption mais un vrai lyonnais.
Dans son livre, Gregory Coupet confie qu’on lui a fait payer le fait de venir de Saint-Etienne. Que vous ont dit vos partenaires à votre arrivée ?
Ma situation était différente de celle de "Greg". Lui avait joué pour les Verts, pas moi. Je n’ai pas été mis de côté. Quand j’étais jeune, je n’étais pas supporter de Saint-Etienne. Et quand je suis arrivé, j’ai joué mon premier match avec les jeunes de l'OL contre eux en amical. On m‘a vite expliqué l’importance de cette rencontre. J’ai vite compris (rires).
Comment est l'atmosphère la semaine précédant le derby ?
Les supporters viennent tout le temps te parler de ça. Ils venaient à l’entraînement pour nous encourager. Ce n’était pas vraiment une pression en plus parce qu’ils nous rappelaient ce que ça représentait pour eux. Dans les rues de Lyon, tout le monde en parle. On ne peut pas passer à côté. Dans ma famille, on n’arrêtait pas de m’en parler. Et je peux vous dire que quand je mangeais avec ma famille dans le Forez, je n’étais pas le bienvenue (rires).
Qu’est-ce qu’on ressent quand on rentre sur la pelouse lors d’un derby ?
C’est un match en dehors du temps, en dehors de tout : dans la préparation, dans le quotidien… Et puis il y a l’ambiance au stade. C’est une atmosphère que j’adore. Même si on se faisait bien insulter…
Vous avez joué six derbys à Geoffroy-Guichard. Qu’est-ce que vous retenez de vos déplacements tumultueux dans le Forez ?
Forcément, on s’en souvient. Mais quand le bus se faisait caillasser, c’était des débordements de groupuscules de supporters. Ça reste anecdotique. Dans le fond, c’est un match de foot. Mais c’est marrant, on se fait escorter depuis Lyon… Tu regardes les supporters stéphanois par la fenêtre et là, tu sens la haine, une animosité. Mais il ne faut pas exagérer et en faire toute une histoire.
Tous les Lyonnais se souviennent de votre but en 2004 et de la victoire 3-2 après avoir été mené 1-2. Cela fait 10 ans. De quoi vous souvenez-vous ?
Je me souviens surtout de ce but. Avant le match, j’avais dit à mes potes du Puy que j’allais marquer et que j’allais les faire perdre. Je les avais prévenus pourtant… (rires). Ce match représentait vraiment notre état d’esprit de l’époque. On pouvait être mené, on savait qu’on allait s’en sortir. On avait cette force là.
Vous souvenez-vous de duels parfois rugueux avec certains adversaires ?
Je me souviens que c’était compliqué contre "Mamad" Dabo. C’était un peu dur contre lui. Mais sinon, entre joueurs, ca se passait plutôt bien. C’est fini l’époque où on s’insultait violemment. Alors bien sûr, il y a plus d’engagement dans le derby mais ça reste dans les règles.
Avant ce type de match, faut-il un discours particulier dans les vestiaires ? Comment cela se passait à votre période ?
Pas forcément. Mes premiers souvenirs de derby, c’est avec "Flo" Laville. "Flo" prenait la parole et faisait comprendre à tous les joueurs ce que ça représentait. Par la suite, c’était différent, il y avait moins besoin de ça. Aujourd’hui, il y a toujours quelqu'un pour dire aux nouveaux ce que c’est… Bernard Lacombe le rappelle souvent. Personnellement, dans ce genre de match, je suis dans mon truc. Et je prends ça avec le sourire.
Selon vous, pourquoi l’OL est invaincu depuis 20 ans à Geoffroy-Guichard ?
Le côté psychologique joue forcément. Les Stéphanois auront beau dire le contraire, ça joue. Quand j’étais à Lyon, l’ASSE était dans une phase descendante et nous l’inverse. Quand tu ne fais que perdre, tu as forcément moins de confiance.
Le fait d’avoir beaucoup de joueurs formés au club est-il un avantage pour l’OL ?
Bien sûr car les jeunes formés à Lyon connaissent l’importance de ce match. Le derby serait plus intense s’il y avait plus de joueurs formés à Saint-Etienne sur le terrain. Car on se bat avant tout pour les supporters, pour notre ville, pour cette fameuse suprématie. Ça sera un match particulier pour les jeunes lyonnais mais attention ça peut aussi se retourner contre eux s’ils se mettent trop de pression.
Quels conseils leurs donneriez-vous avant ce match ?
C’est difficile à dire car chacun est différent. Il ne faut pas trop sur-jouer. Ils savent qu’ils ont l’ascendant psychologique. Il faut qu’il continue à faire ce qu’ils font depuis le début de la saison…avec un peu plus d’agressivité (rires). Le match suffit à lui-même pour être à 100%.
Pensez-vous que l’OL va perpétuer la tradition dimanche soir ?
Je leur souhaite. Je suis supporter lyonnais. Mais il ne faut pas se baser sur les derniers résultats. C’est un match à part.
Un pronostic ?
Je ne pense pas qu’il y aura beaucoup de buts. Je vais dire un petit 1-0 pour l’OL.
Serez-vous à Geoffroy-Guichard dimanche soir ?
Ah non non (Il explose de rire). Je ne suis pas le bienvenue. Je vais attendre avant d’y aller. Des fois, dans la vie, il faut savoir rester là où on est (rires).
Crédit photo : PHOTOPQR/LE PROGRES
Excelente interview.
Tjrs autant d'humour Sydney,les u 14 devrait pas s'ennuyer avec lui...
Mémorable ce but en 2004
Mou Dabo, toujours à fond quelle que soit l'équipe!