Pourquoi l’OL a “failli mentalement” à Nice (3-2)

Après la défaite à Nice dimanche (3-2), le capitaine Léo Dubois et Anthony Lopes ont évoqué la “faillite collective” lors des dernières minutes fatales de cette partie. En effet, plusieurs éléments de ce registre peuvent expliquer cette énorme déconvenue.

Pour expliquer la défaite à Nice dimanche (3-2), certains Lyonnais, et pas des moindres, ont évoqué l’aspect mental. Le capitaine Léo Dubois, suivi ensuite d’Anthony Lopes, se sont élevés contre la “faillite” de l’équipe dans ce domaine. De quoi interroger. Les Rhodaniens ont-ils craqué dans la tête lors de cette fin de rencontre complètement invraisemblable ? 

Dans Tant qu’il y aura des Goneslundi, Nicolas Puydebois est revenu sur cette possibilité. “Les déplacements et l’enchaînement des rencontres, tout cela amène de la fatigue mentale. Après la semaine que tu as passée, il peut y avoir un certain relâchement, c’est humain, affirme le consultant d’Olympique-et-lyonnais. Aujourd’hui, dans le foot, c’est plutôt l’autorité. Je pense que dans le management de Peter Bosz, il y a des choses positives pour serrer la vis, à l’image de l’histoire avec Lucas Paquetá, mais de toujours fonctionner ainsi, ça en est usant mentalement pour le groupe.”


Tout a basculé sur le but d'Atal


Pourtant, l’Olympique lyonnais était largement dominateur durant 80 minutes, réalisant une partition de haute volée. Seulement, la réalisation de Youcef Atal a tout changé dans la physionomie de la rencontre. “Lorsqu’on se fait un scénario, un film, et que quelques minutes après ce n’est pas exactement comme cela que ça se passe, il y a une forme de panique. Tout le monde se recentre sur lui-même, il n’y a quasiment plus de communication si on observe les images, notamment du premier but, constate Patrick Grosperrin, préparateur mental depuis 25 ans, sur le plateau de TKYDG. Il y a un travail à faire sur la gestion mentale collective. C’est dans les moments difficiles que l’on voit si un groupe solidaire, on se parle, on se soutient pour bien réagir.” 

Cela a commencé sur le banc de l’OL, avec comme l’a décrit Prime Video au moment du direct, de l’énervement chez Rémy Vercoutre, entraîneur des gardiens, et Cláudio Caçapa, adjoint en charge de l’aspect défensif, ce qui a pu propager une mauvaise énergie au reste du groupe. “Un staff est là pour apporter de la sérénité et de l’apaisement. Le travail mis en place par le jeu est très bien fait, mais dès l’instant où tu commences à faire dérailler cet apaisement, tu t'aperçois que ça touche les joueurs, ils ressentent qu’il se passe quelque chose, ça te perturbe, ça attire ton attention, donc tu n’es plus concentré sur le terrain, explique Nicolas Puydebois, l’ancien portier du club de 2002 à 2005. C'est un message négatif qui est envoyé. On sait que Rémy était déjà coutumier du fait lorsqu’il était remplaçant. Cláudio est plutôt d’un naturel calme, on a entendu qu’il était aussi énervé.” 


"Si on ne contrôle pas ses pensées, on risque un ascenseur émotionnel"


Tout cela explique donc en partie comment les coéquipiers de Bruno Guimarães ont pu “péter les plombs” comme l’a déclaré Dubois. “Quand on ne réagit pas convenablement à une situation, c’est qu’on n'est pas assez bien préparé. Tout cela se travaille par du conditionnement mental, de la visualisation, par la connaissance très précise de son adversaire… L’OL prend un but, et là semble-t-il, tout le monde a paniqué, fait remarquer le coach mental Patrick Grosperrin. Lorsque le stress est très violent, on perd une grande partie de ses capacités. Si on ne contrôle pas ses pensées, on risque un ascenseur émotionnel." 

Mais pour Nicolas Puydebois, les joueurs n'étaient pas les seuls à ressentir cette usure mentale. “Peter Bosz aussi est fatigué, lui aussi il enchaîne les matches, tout comme son staff. On peut comprendre l'usure nerveuse et mentale. Si on met rien en place, forcément elle s’accumule. C’est tout un groupe qui vit ensemble les mêmes émotions, à des degrés moindres selon son expérience et son vécu. C'est là qu’il faut des leaders comme Jérôme Boateng et Emerson, même s’ils ont failli dimanche, assure-t-il. Ils peuvent dans les moments plus compliqués, mettre le pied sur le ballon et calmer le jeu. Entre les deux affiches, ils ont eu très peu de temps chez eux pour sortir de leur contexte." 


Travailler sur sa respiration


Pour remédier à ces difficultés, il existe plusieurs moyens de travailler sur l'approche mentale. “C’est très intéressant d’apprendre à mieux respirer, par la relaxation, la sophrologie, le yoga...Ça fait partie des premiers exercices à faire quand on fait du sport, surtout de haut niveau. On adapte un programme en fonction de la compétition, et là on peut parler d’un aspect mental émoussé, mais cela se prépare avant, dans le choix des joueurs...Il y a quelque chose de simple, pouvoir parler à quelqu’un de ce qui se passe dans sa vie, car un athlète de haut niveau, ce n’est pas seulement ça, il a des proches, une famille, rappelle Patrick Grosperrin, dont le CV possède plusieurs références, avec la contribution, entre autres, à plusieurs titres Olympiques et Mondiaux. Dans un club, on gère les choses plutôt collectivement, il y a très peu d’entretiens individuels avec un suivi. Chaque footballeur devrait pourtant en bénéficier toutes les semaines, à cela doit s’ajouter si nécessaire d’autres exercices.”  

Il faut tout de même bien avoir en mémoire que ce n’est pas la première fois que cela arrive à l’Olympique lyonnais. Rien que sur la saison en cours, on peut citer les mésaventures contre Clermont (3-3), Paris (2-1), Saint-Etienne (1-1) avant celle de Nice. “Ce n’est pas nouveau au club qu’on parle de ce problème des fins de match, de ce déficit mental qui existe, alors que les entraîneurs passent”, se souvient l’ex-portier rhodanien. 


"La confiance est fragile"


Le chemin pourrait donc être long pour Bosz et sa troupe après un tel échec, qui est très marquant et certainement difficile à digérer. “La confiance est fragile, prévient Patrick Grosperrin. La semaine était très bien engagée, et tout d’un coup, tout s’effondre. Il s’agit donc d’aider le joueur, le collectif à ne pas s’affoler.” Cela passera probablement par une victoire samedi face à Lens (21h), le meilleur moyen pour se remettre la tête à l’endroit. 

1 commentaire
  1. Le_Lyonniste
    Le_Lyonniste - mar 26 Oct 21 à 19 h 19

    C'est parce que Bosz n'a pas donné aux joueurs de tactique défensive. Les joueurs, le sachant, ont complètement paniqué quand il a fallu défendre.

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