Ce dimanche 30 mai se jouera le titre de D1 féminine. Les Fenottes accueillent le PSG au Parc OL pour la "finale" du championnat de France. Avant cette rencontre, deux anciens entraîneurs, Patrice Lair (2010-2014) et Gérard Prêcheur (2014-2017), décryptent le choc entre Lyonnaises et Parisiennes.
L’affiche de ce dimanche entre l’OL et le PSG pourrait être historique. A 21 heures, les deux meilleurs ennemis du football féminin français s’affrontent dans la "finale" de la D1. Avec un avantage d’un point sur son rival, Paris est en position de force et à 90 minutes d’un sacre. « Les Parisiennes le savent très bien. Elles ont un match couperet elles aussi car si elles perdent, ce sera une année sans titre. Ce serait très dur pour elles car elles ont fait la course en tête toute la saison, rappelle Patrice Lair, ancien coach de l’Olympique lyonnais entre 2010 et 2014. Elles ont les moyens de poser de gros problèmes à cette équipe de Lyon. En jouant d’une manière différente, elles peuvent déjouer les pronostics."
Dans les deux camps, la pression est immense à quelques heures de ce rendez-vous crucial. L’une des deux formations connaîtra une saison sans trophée. Ce serait une première dans le Rhône depuis 2006. « Ce sont des rencontres particulières et le contexte est compliqué pour les deux clubs. Il est difficile car d’un côté, le PSG a été éliminé en Ligue des champions, ce qui est une forte déception, explique Gérard Prêcheur, entraîneur des Fenottes de 2014 à 2017. L'OL risque pour la première fois depuis très longtemps de ne pas remporter de titre et de laisser Paris en conquérir un. »
L'élimination face à Barcelone a fait mal au PSG
Les deux adversaires se connaissent par cœur. Au cours de cet exercice, ils se sont déjà défiés trois fois (une en championnat et deux en C1). Pour la première fois, l’équipe de la capitale a pris le dessus sur la septuple championne d’Europe sur la durée. "Ces derniers résultats vont décupler la motivation lyonnaise. Je pense que l’échec en C1 a fait mal au PSG", estime Lair. Son successeur n’y voit lui aussi aucun avantage pour Olivier Echouafni et ses joueuses. "Je ne pense pas que cela donne aux Franciliennes un avantage psychologique d’avoir éliminé l’OL car derrière, la sortie de route face à Barcelone est très dure à gérer."
Au contraire des Parisiennes, les Rhodaniennes ont l’habitude de ces chocs sans droit à l’erreur. Si cette année, elles ont eu du mal à les gérer, il reste quand même l'espoir de voir sur ce duel le réveil des championnes. "Il y aura Sarah Bouhaddi, Wendie Renard, Amandine Henry et Eugénie Le Sommer. Elles peuvent apporter leur expérience, leur motivation et leur efficacité qui leur permettra peut-être de battre le PSG, confirme Lair. Je pense qu’il y a une force mentale supplémentaire du côté de l’OL."
"Le PSG risque d’aborder ce match avec une épée de Damoclès au-dessus de la tête"
Une supériorité mentale dont l’Olympique lyonnais serait bien inspiré de se servir. "Il a cette étiquette de très bonne équipe, mais qui est toujours absente dans les grands rendez-vous. Cela fait plusieurs saisons qu’il n’arrive pas à gagner de titre, retient Prêcheur au sujet de Paris. Il risque d’aborder ce match avec une épée de Damoclès au-dessus de la tête." Cela pourrait bien être à l’avantage des Fenottes, qui ont bousculé les choses avec l’arrivée de Sonia Bompastor à leur tête.
Une excellente solution selon son ex-coach, Patrice Lair. "Son arrivée, en duo avec Camille Abily, amène de l’expérience, du vécu et du palmarès pour aller chercher cette victoire. Ce sont des compétitrices. Elles sont liées depuis des années. Elles peuvent apporter ce supplément d’âme. Selon moi, il fallait un changement dans le staff, redynamiser le groupe, insiste l’homme de 59 ans. Cela faisait quand même quelque temps que les performances étaient très moyennes. Elles vivent football, elles ont cette approche des grandes rencontres. C’est un apport supplémentaire par rapport à la Ligue des champions en avril."
Mais d’après Gérard Prêcheur, l’ancienne directrice du centre de formation de l’OL féminin ne sera pas jugée sur ce match "car elle vient enfin d’exercice." Il note tout de même qu’elle "a les caractéristiques pour faire gagner sa formation." Sous contrat jusqu’en 2023, Bompastor aura bien évidemment le temps de travailler plus en profondeur avec son effectif, mais ajouter un trophée à l’armoire déjà bien remplie du club lyonnais ne serait pas anodin pour son début de carrière d’entraîneuse.
"L’OL peut rester le club numéro 1 en France"
Sans deux éléments importants, Ada Hegerberg et Griedge Mbock, les Fenottes ont 90 minutes pour sauver leur saison. Une aubaine pour un groupe tourmenté par plusieurs faits, pas toujours sportifs, tout au long des derniers mois. "Certaines joueuses ont connu un exercice très difficile, notamment en équipe de France avec Corinne Diacre. Au niveau des résultats, c’est compliqué aussi, mais l’OL peut rester le club numéro 1 en France", insiste Prêcheur.
Pour cela, les Lyonnaises devront s’appuyer sur leur état d’esprit. Cette soif de succès qui les a poussées jusqu’ici à surmonter les épreuves pour dominer leur discipline. Il existe peu de chances qu’elles retrouvent un jeu léché et enthousiasmant pour cette rencontre, mais Amel Majri et ses coéquipières possèdent d’autres ressources. Le public ne pourra pas encourager son équipe, mais "le match est à Lyon et ça peut aider, même sans les spectateurs", promet Patrice Lair. Ils seront en tout cas certainement nombreux devant leur écran à 21 heures, à espérer qu’encore une fois, les championnes de France en titre sortent victorieuses de ce duel tant attendu.