OL : un recrutement judicieusement pensé

Malgré la perte d’éléments importants comme Lacazette et Tolisso, l’OL semble s’être renforcé cet été. Un vent de fraîcheur souffle sur Lyon, où la concurrence s’est accrue.

L’été 2017 a marqué la fin d’une ère à l’Olympique lyonnais. Les joueurs formés au club comme Alexandre Lacazette, Corentin Tolisso ou Maxime Gonalons, ont fait place à de nouveaux visages. La majeure partie des recrues de l’OL découvrent la Ligue 1, certaines auront peut-être besoin d’un léger temps d’adaptation. Au-delà des bons coups financiers, Lyon semble s’être sportivement renforcé.

Les points faibles identifiés

Avec huit recrues, l’Olympique lyonnais s’est particulièrement montré actif cet été sur le marché des transferts. Le septuple champion de France n’a cependant fait aucune fantaisie, et a su identifier les secteurs qui méritaient d’être renforcés. « Cette année, le recrutement a été assez pertinent. Les profils ont été ciblés en fonction du projet de jeu que souhaite développer Lyon », souligne l’ancien milieu défensif Philippe Violeau, triple champion de France avec l’OL. Avec quatre renforts, la défense a fait sa mue. Exit Maciej Rybus (Lokomotiv Moscou) et Jérémy Morel (replacé dans l’axe) sur le côté gauche et place aux très offensifs et bons récupérateurs Fernando Marçal et Ferland Mendy. Avec Kenny Tete venu concurrencer Rafael au poste de latéral droit, Lyon ne devrait plus souffrir sur les côtés. Dans l’axe, l’association entre Morel et la recrue Marcelo, semble déjà fonctionner. Avec 73 buts encaissés en 2016-2017, l’OL avait à cœur de retrouver une solidité défensive. Avec le Brésilien, c’est désormais chose faite. Depuis le début de la saison, les Rhodaniens n’ont encaissé aucun but lorsqu’ils étaient à onze sur le terrain. « Derrière ça semble solide maintenant », indique l’ancien arrière droit lyonnais Jean-Marc Chanelet.

En laissant partir Corentin Tolisso au Bayern Munich, l’Olympique lyonnais a perdu un profil unique dans son effectif. Efficace à la récupération, le natif de Tarare était surtout loué pour ses qualités de projection et de finition (14 buts et 7 passes décisives toutes compétitions confondues). L’OL a d’abord essayé de compenser sa perte, en alignant Sergi Darder aux côtés de Lucas Tousart. L’Espagnol a vite déchanté et a à son tour quitté la capitale des Gaules. Pape Cheikh Diop et Tanguy Ndombele, dans un profil similaire mais pas tout à fait identique, devraient lutter pour une place de titulaire au milieu de terrain. Si Lyon ne dispose d’aucunes garanties avec ses deux dernières recrues, leur arrivée était nécessaire, pour « aider Lucas Tousart, parce qu’il ne pouvait pas faire tous les matches comme ça cette saison », comme l’a souligné le champion de France 2002 Pierre Laigle, lundi dernier dans notre émission « Tant qu’il y aura des Gones ». En attaque, le point faible la saison dernière semblait être ce côté droit, où Maxwel Cornet et Rachid Ghezzal n’ont jamais vraiment donné satisfaction. Bertrand Traoré, qui occupe désormais cette aile, a déjà mis tout le monde d’accord.

Une concurrence plus accrue

Là où certains joueurs semblaient bien installés lors de l’exercice précédent, l’OL a rebattu les cartes pour instaurer une nouvelle concurrence. A gauche de la défense, Fernando Marçal a débuté les trois premiers matches, alors que Ferland Mendy était titulaire lors du dernier, à Nantes. Ils devraient se tirer la bourre toute la saison. A droite, Lyon s’est offert Kenny Tete (deux matches, un but). Un latéral dans un toute autre style que celui de Rafael (deux matches). « Tete donne plus de garanties défensives. Il est plus rigoureux, serein, a une meilleure assise défensive mais sait aussi se projeter en phase offensive. Rafael est plus fantasque, même s’il a des qualités offensives intéressantes. L’OL est bien armé côté droit » remarque Jean-Marc Chanelet. Au milieu de terrain, si Lucas Tousart semble indéboulonnable, les recrues Pape Cheikh Diop et Tanguy Ndombele, devraient entrer en concurrence pour une place aux côtés de l’Aveyronnais. Sur l’aile gauche de l’attaque, Memphis (un but) reste sous la menace de Maxwel Cornet.

Alors que l’Olympique lyonnais s’apprête à retrouver la Ligue Europa jeudi prochain contre l'Apollon Limassol, Bruno Genesio peut se satisfaire de compter sur cette nouvelle concurrence, avec des postes qui sont désormais doublés voire triplés. « Aujourd’hui, il y a certains postes où il y a beaucoup de concurrence, s’est satisfait le technicien rhodanien, vendredi. Mais je préfère avoir ça plutôt que de manquer de solutions, on aura beaucoup de compétitions, beaucoup de matches, la concurrence fait avancer l’équipe. » Un point sur lequel semble s’accorder Philippe Violeau. « La concurrence permet d’élever son niveau de jeu. Lorsqu’on a eu une place qui est quasiment garantie, inconsciemment on fait moins d’efforts et évidemment on est moins bon. La concurrence permet d’être meilleur et d’avoir des possibilités à tous les postes », glisse le triple champion de France. De quoi pousser les anciens comme les nouveaux à toujours donner le meilleur d’eux-mêmes.

Des recrues déjà performantes

Six des huit recrues lyonnaises ont déjà joué cette saison en Ligue 1. Exceptés Fernando Marçal, qui est capable de faire mieux, et Ferland Mendy, qui a montré de belles choses à Nantes mais n’a pas eu assez l’occasion de s’exprimer, toutes ont déjà donné satisfaction. Marcelo est un roc en charnière centrale, Tete souffle un vent de fraîcheur sur le côté droit de la défense, Traoré (un but) est remuant sur son aile, et Mariano est plutôt efficace (trois buts), même s’il peut encore s’améliorer dans sa participation au jeu. En 2017-2018, cinq des neuf buts inscrits par l’OL, l’ont été par des recrues. Ajoutez à cela un Nabil Fekir en grande forme (trois buts), et Lyon semble avoir trouvé le bon cocktail. « Ce que Nabil fait c’est très bien. Je suis vraiment content pour lui. S’il ne lui arrive rien, je pense qu’il va faire une grosse saison », souffle Gérard Bonneau, qui était responsable du recrutement chez les jeunes à l’Olympique lyonnais depuis le début des années 2000, et travaille désormais avec Florian Maurice. Pour voir Pape Cheikh Diop et Tanguy Ndombele, il faudra encore se montrer patient. Les deux derniers arrivés sont actuellement blessés. Une fois revenus, ils essaieront de prouver qu’ils sont capables de faire oublier Corentin Tolisso. « Quand on perd des joueurs, on a toujours des éléments de comparaison. Il faut leur laisser le temps de s’installer et de prouver à leur tour ce dont ils sont capables », affirme Phlippe Violeau.

En attendant, Lyon, avec huit points en quatre journées de Ligue 1, vient d’effectuer son meilleur début de saison depuis l’exercice 2012-2013 (10 points). L’an dernier, le septuple champion de France en comptait six à ce stade-là. « Malgré les quatre points perdus contres Bordeaux et Nantes, c’est un bon début de saison. Lyon a quand même pas mal renouvelé son effectif, il ne faut pas l’oublier », murmure Pierre Laigle. Satisfait par un mercato de qualité et des débuts prometteur, Bruno Genesio a encore du pain sur la planche. « L’OL s’est renforcé. Certes ils ont perdu de très grands joueurs, après ils ont compensé en nombre et en qualité pour pouvoir pallier à ça, rappelle Philippe Violeau. Maintenant, il y a une vie de groupe, une mentalité, une philosophie de jeu à mettre en place. Les joueurs qui ont été recrutés sont peut-être plus en phase avec ce que l'entraîneur souhaitait. » Nouvelle indication ce dimanche avec la réception de Guingamp (17h).