(Photo by PHILIPPE DESMAZES / AFP)

OL : un changement de système qui n’a pas tout réglé

Depuis six matches, Peter Bosz a choisi de faire évoluer l’OL dans un système à trois défenseurs centraux. Une adaptation tactique qui a soulagé l’Olympique lyonnais défensivement, tout en limitant son pouvoir offensif.

Ça ne pouvait plus durer. Visiblement pas satisfait des productions de son équipe en 4-2-3-1, Peter Bosz a bouleversé son dispositif tactique un soir de décembre, le 5, lors du déplacement à Bordeaux (2-2) pour la 17e journée de Ligue 1. Place désormais au 3-4-2-1 ou 3-4-3. Un changement assez radical puisque l’entraîneur néerlandais a choisi de passer à une défense avec trois axiaux. Une modification pas anodine car elle avait pour objectif de rendre l’OL moins perméable.

Ce qui semble avoir fonctionné puisque depuis son intronisation, l’Olympique lyonnais a encaissé 4 buts en 6 rencontres, soit une moyenne de 0,67 par match, contre 1,5 sur les 15 affiches de championnat précédentes. Si l’échantillon n’est pas aussi conséquent, une tendance nette semble se dégager. “Lyon est plus solide défensivement. C’était l’objectif du système. Bosz l’a utilisé car l’équipe était souvent découverte à la perte de la balle, notamment avec Bruno Guimarães et Maxence Caqueret qui se projettent beaucoup, observe Adrien Cornu, journaliste pour le média MadeInFoot. Cela créait des duels à deux contre deux ou trois contre trois. Cet aspect positif est néanmoins à relativiser quelque peu en raison de la qualité des adversaires affrontés, notamment sur les deux dernières sorties.


Des pistons qui apportent peu offensivement


Dans ce schéma tactique, le travail des pistons est déterminant dans la construction du jeu. Toutefois, au sein la formation rhodanienne, ils ne semblent pas adaptés à ce rôle, sauf Malo Gusto. Il faut également rappeler qu’Emerson est familier avec cette position avec son passé en sélection et à Chelsea. “Ils doivent animer le système, comme on l’a vu par exemple avec les Blues de Thomas Tuchel ou l’Italie l’an passé. A Lyon, hormis lorsque Gusto joue, c’est compliqué avec Léo Dubois (intéressant malgré tout vendredi avant de sortir groggy), Emerson et Henrique car ils n’apportent pas assez offensivement, estime Adrien Cornu. Par exemple Dubois, lorsqu’il fait un appel ou qu’il centre, on a l’impression qu’il n’a pas de conviction, qu’il ne croit pas en ce qu’il fait. A gauche, c’est pareil. Emerson est un peu décevant, il avait bien commencé et depuis son expulsion à Lorient (25 septembre), c’est difficile. Donc selon moi, cette équipe n'a pas les latéraux pour briller en 3-4-3.” 

Mais au-delà des éléments de couloir, la problématique se situe dans la partie de terrain adverse. Lorsqu’il est en possession du ballon, l’OL ne parvient que trop rarement à déstabiliser son opposant et à se créer des situations chaudes dans la surface adverse. Depuis le duel face aux Girondins, il a inscrit 6 réalisations en autant de parties, pour une moyenne de 1,88 expected goals, les buts attendus. Ce qui questionne surtout, c’est que les coéquipiers de Moussa Dembélé n’ont marqué qu’une seule fois dans le jeu sur leurs 5 dernières apparitions, c’était face au PSG (1-1). Pourtant, ils ont défié récemment des formations peu reconnues pour leurs vertus défensives. "Offensivement, Lyon a beaucoup perdu, même si l’absence de Karl Toko-Ekambi se fait ressentir car elle est préjudiciable. Sans lui, l’équipe manque de profondeur, donc on a l’impression que c’est plus stérile qu’avant, contextualise celui qui est également rédacteur à La Causerie. Contre un bloc bas, il y a peu de solutions avec des joueurs qui demandent le ballon dans les pieds. C’est donc plus facile à lire pour l’adversaire.” 


Faut-il rebasculer à 4 derrière ?


Peu convaincu par ce qu’il a analysé sous ce nouveau dispositif, Adrien Cornu souhaiterait un retour à l’ancien système. “Lorsque l'Olympique lyonnais évoluait à quatre derrière, je me disais qu’il avait le matériel pour jouer avec trois centraux. Mais force est de constater que ça n’a pas vraiment fonctionné comme attendu pour l'instant. Offensivement, c’est trop pauvre. Bosz a eu raison d’essayer, mais il devrait revenir à quatre selon moi car l’équipe a passé plusieurs matches sans être vraiment dangereuse, retient le journaliste. A Troyes, l'OL fait une bonne prestation, mais il n’a que deux occasions. Face à Saint-Etienne, il doit se mettre à l’abri mais il a aussi eu très peu de situations.

Révélation de la défense à trois mise en place depuis décembre 2021, Castello Lukeba s’épanouit dans cette configuration. Au contraire, lors de ses deux apparitions en début de saison (Brest et Angers), il était apparu en difficulté aux côtés de Marcelo. Il est vrai toutefois que le contexte est aujourd’hui très différent et qu’il a visiblement pris une toute autre dimension. Il a aussi pu revenir dans une charnière à deux lors des dernières affiches de Ligue Europa (Brøndby et Glasgow Rangers). “Lukeba est très à l’aise dans ce système avec sa relance, mais je suis sûr qu’il serait encore meilleur à deux axiaux car il serait plus central. Il pourrait plus monter la balle comme le faisait Samuel Umtiti à l’époque, rappelle le rédacteur du média MadeInFoot. Avec Jérôme Boateng, ils formeraient un beau duo.


Plusieurs joueurs évoluent en dessous de leurs capacités


Outre la tactique, les prestations moyennes, voire mauvaises, de certains joueurs ne permettent pas à l’Olympique lyonnais de véritablement décoller, même s’il vient d’enchaîner deux succès de rang. “Il y a aussi des faillites individuelles. De septembre à octobre, Lucas Paquetá marchait sur l’eau, Houssem Aouar commençait bien ses matches, même si ça ne durait pas sur l’ensemble de la partie. Selon moi, Bosz serait inspiré en ce moment d’installer un système de concurrence, pense Adrien Cornu. Des éléments comme les deux cités plus haut, sont intouchables aujourd’hui alors que leurs performances sont quelconques. Derrière, il y a des Xherdan Shaqiri et des Rayan Cherki qui sont au placard. A un moment donné, si les titulaires ne sont pas meilleurs, il faut faire confiance aux remplaçants.

Une chose est sûre, pour se rapprocher encore des places européennes, ambition avouée des dirigeants, l’OL devra progresser, que ce soit en 3-4-3, en 4-2-3-1 ou en 4-3-3. Avec ce qu’il a sous la main, Peter Bosz aura la lourde responsabilité d’obtenir des résultats, et si possible avec un contenu appréciable. Le coach de 58 ans a devant lui quelques jours avant le prochain rendez-vous pour y travailler avec son groupe. 

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