OL : tout pour l'attaque

Ce but sur coup franc de Nabil Fekir a fait oublier le reste, au moins pour pour le moment. Outre cette parenthèse enchantée, il y a des enseignements à tirer de cette victoire contre Monaco, bons et mauvais.

Bruno Genesio était sans doute très heureux à l'issue du succès de son équipe contre Monaco 3 buts à 2. Sauf qu'en plus de contenir modestement sa joie devant les journalistes, il a tenu à apporter sa petite réflexion d'après match. "Quelle est la différence entre le match de ce (vendredi) soir ou celui d’Angers ou de Bordeaux ? La différence c’est qu’on a eu la réussite qu’on a pas eu sur ces matches-là. Entre un nul et une victoire, l’écart est infime." Certes, mais il y a d'autres choses qui ont fait la différence.

Un esprit offensif ...

Sur le 2e but de l'OL, Ndombele a fait 50 m sans rencontrer d'adversaire avant de décaler Mendy. Ensuite, on peut voir que Mariano et Fekir sont dans les intervalles, sans être pressés par les défenseurs de Monaco. Ils en profitent pour faire la différence et marquer.

Cet affrontement entre Lyon et le champion de France en titre n'est pas à ranger dans les références défensives. On observe d'entrée, et cela va durer tout au long de la rencontre, qu'il y a beaucoup d'espaces sur le terrain (image 2). Les blocs équipes ne sont pas compacts, ce qui nous donne de la volonté systématique de jouer vers l'avant. Un bonheur pour nous, mais pas pour le technicien rhodanien. Dans ce cadre, c'est Tanguy Ndombele et Nabil Fekir qui se régalent. Prise d'intervalles (image 1), longues courses verticales ballon au pied pour casser les lignes, les deux hommes du milieu ont eu tout le loisir de montrer ce dont ils sont capables. Le jeune milieu relayeur a été très propre dans sa performance (6 ballons perdus sur 59, 91% de passes réussies la plupart du temps vers l'avant) et son influence est illustrée sur le 2e but lyonnais. A l'entrée de sa surface, il se défait en puissance d'un pressing de deux joueurs pour s'ouvrir l'espace.  Ensuite, on observe une magnifique action collective où 5 joueurs lyonnais sont impliqués. L'ancien havrais passe donc à Houssem Aouar, qui touche Mariano Diaz. Ensuite, le Dominicain envoie Ferland Mendy déborder sur le côté gauche, qui centre au point de penalty où se trouvait Fekir, qui n'a plus qu'à reprendre.

Ndombele encore une fois, qui quelques secondes avant élimine les trois joueurs de Monaco qui se trouvent dans l'axe par une passe vers Mendy. Ensuite, on ne peut que constater que le bloc monégasque n'est pas compact du tout ...

En précisant que toute cette action se fait presque en une touche à chaque fois. Cela nous fait dire aussi que le côté gauche reste dominant pour les Gones, en témoigne le premier but lors duquel Aouar (Genesio doit sérieusement se poser la question pour le faire passer devant Memphis dans la hiérarchie) attend que Mendy passe dans son dos pour lui mettre en profondeur, ce dernier faisant la même chose pour Fekir, qui lui trouve Mariano au 2e poteau. En parlant du numéro 9 de l'OL, on peut dire que c'est son match le plus abouti depuis son arrivée pour l'instant. Touchant beaucoup plus de ballons que d'habitude (plus de 40, un record cette saison) du fait d'une meilleure disponibilité et d'une activité incessante (le pressing constant sur la paire Glik-Jemerson), l'attaquant a aussi été très bon dans son rôle de pivot, n'hésitant pas à remettre en une touche au coéquipier qui demande le une-deux (il a reçu 9 passes de Fekir dans ce cadre, le plus fort total entre deux joueurs dans ce match). A droite en revanche, Bertrand Traoré enchaîne une autre mauvaise performance, on ne retrouve plus celui qui enflammait son côté en début de saison. Mais au moins il défend...

... qui pénalise défensivement

Contrepartie de cet allant offensif, l'OL se retrouve plus souvent en difficulté. Pour rappel, l'Olympique lyonnais affiche la 15e défense du championnat avec 15 buts encaissés en 9 parties. Beaucoup trop pour une équipe qui prétend jouer le podium. Certes, le quatuor offensif change assez souvent, et l'absence de Marcelo s'est ressentie au niveau de la sérénité défensive. Il n'empêche, l'équipe n'est pas assez équilibrée pour espérer concéder moins d'occasion à l'adversaire. Déjà, lors des cinq premières minutes de la rencontre, les Rhodaniens ont l'air tendu et n'arrivent pas à bien ressortir le ballon, les pertes étant assez nombreuses. De plus, il en fallait peu à Monaco pour être dangereux, comme le prouve leur premier but. En effet, afin que Rony Lopes se retrouve en face à face avec son compatriote Anthony Lopes, deux passes verticales suffisent pour traverser tout le terrain et éliminer tous les joueurs lyonnais, alors que ceux-ci sont tous dans le camp adverse en phase offensive (image 3).

L'OL est dans le camp adverse, et sur une longue ouverture de Tete, Traoré manque son contrôle. Mais ça va vite de l'autre coté, car le ballon que reçoit Baldé est une passe qui a éliminé 7 joueurs lyonnais. Le Sénégalais fera de même avec les trois défenseurs, qui lui laissent quelques secondes pour se retourner et passer à Rony Lopes.

Par ailleurs, pour rappel de ces cinq premières minutes, les hommes du président Aulas encaissent un deuxième but par une grosse frappe de Traoré, mais il faut se souvenir que 30 secondes auparavant, le portier lyonnais avait repoussé une grosse occasion et que ses défenseurs n'arrivaient pas à se dégager. Revers de la médaille des bonnes volontés d'aller de l'avant, il est facile d'inquiéter l'OL. Avec des latéraux qui montent beaucoup, et Ndombele au milieu qui ne ménage pas ses efforts pour apporter le surnombre, il ne reste que trois joueurs à véritable vocation défensive (les deux centraux et Tousart). Les lignes étant espacées qui plus est, la sentinelle lyonnaise a énormément de terrain à couvrir, alors que les adversaires du soir en ont profité pour s'intercaler dans les espaces. C'est très embêtant de donner tant de munition à l'adversaire, mais pour l'instant la puissance offensive couvre ces lacunes défensives. Pour le spectacle, c'est positif, mais pour Genesio ...