OL : Tanguy Ndombele, une ascension express

Dernière recrue du mercato estival, Tanguy Ndombele a connu des années tumultueuses avant d’arriver à l’Olympique lyonnais. Dans sa perspective de progression, l’OL s’imposait comme un choix logique pour lui.

Les attentes qui l’entourent sont déjà très fortes. Recruté en toute fin de mercato (prêt de 2M€ avec option d’achat de 8M€, plus de 250 000€ de bonus), Tanguy Ndombele (20 ans) doit apporter ses nombreuses qualités, à un entrejeu rhodanien en délicatesse en ce début de saison. Il pourrait effectuer ses grands débuts sous ses nouvelles couleurs, ce jeudi contre l'Apollon Limassol (19h). S’il refuse la comparaison, le profil de l’ancien joueur d’Amiens s’accommode à celui de Corentin Tolisso. Même si sa marge de progression, pour arriver au niveau du joueur formé à l’OL, est encore grande, le natif de Longjumeau (Essone) a déjà parcouru beaucoup de chemin. Entre son aventure ratée à Guingamp et son explosion à Amiens, portait d’un joueur promis à un avenir doré.

Une carapace difficile à percer

Lorsqu’il intègre le centre de formation de l’En Avant Guingamp, en 2011, le jeune Tanguy Ndombele, alors âgé de 14 ans, ne se doutait pas de la tournure que les événements allaient prendre. L’aventure bretonne tourne court, puisque le club costarmoricain décide de ne pas conserver le milieu de terrain, en 2014. Touché mais pas coulé, le natif de Longjumeau rebondit à Amiens. « A l’époque, c’est Patrick Abraham, qui s’occupait de la cellule de recrutement, qui l’a récupéré. A Guingamp, ça ne collait pas trop avec son entraîneur. Ndombele s’est ensuite retrouvé entre les mains du directeur du centre de formation, qui est aussi l’entraîneur de l’équipe réserve, Patrice Descamps, nous indique Rachid Touazi, journaliste pour le Courrier Picard. C’est lui qui l’a formé. C’est son coach, son vrai. Au début il y a eu des petites frictions entre les deux. » Marqué par son passage à Guingamp, le natif de Longjumeau éprouve des difficultés à accorder sa confiance. Il s’est forgé une vraie carapace. « Aujourd’hui, on en rigole ensemble, mais on a eu des débuts très très difficiles tous les deux. Un peu conflictuels, mais c’est aussi ça les belles histoires », nous confirme Patrice Descamps. Et de poursuivre : « Tanguy avait un rapport à l’adulte qui était compliqué. Pour lui, l’adulte était un peu l’ennemi. Son histoire et son parcours, avaient fait en sorte qu’il y avait une barrière qui s’était installée. Il n’était plus dans la confiance, il était dans un vrai mutisme. Il a fallu creuser », révèle le directeur du centre de formation du Amiens SC.

Malgré des qualités indéniables, Tanguy Ndombele connait des débuts difficiles à Amiens. « Il y avait un blocage, il ne faisait pas des matches extraordinaires au début. Malgré une excellente qualité de passe, ce n’était pas non plus transcendant », confie Patrice Descamps. L’entraîneur entame alors un vrai travail psychologique, avec son nouveau protégé. « Tanguy a besoin de justice et de sincérité. Il ne faut surtout pas le cajoler et les brosser dans le sens du poil. Il a besoin qu’on lui dise les choses. On a eu des rapports vrais. Quand c’était bien je lui disais, et quand ça ne l’était pas, aussi, se souvient le technicien. Je lui mettais aussi le miroir devant la gueule. Ce n’est pas toujours facile à 17, 18 ou 19 ans, d’accepter une représentation qui est différente de celle qu’on se fait de soi-même. Tout passe par la confiance. » Peu à peu, le milieu de terrain perce sa carapace et se dévoile comme un excellent joueur. Un garçon avec de grandes qualités humaines, également. « Derrière cette forme de nonchalance, il a été riche d’apprendre à connaître l’homme. C’est un garçon qui a de réelles qualités humaines. C’est ce qui lui a permis d’être fort, dans les moments difficiles de sa jeune carrière. Quand il part de Guingamp, ça n’a pas été évident. Quand il arrive à Amiens, les débuts sont très difficiles. Je pense que sans cette qualité humaine, il ne s’en serait pas sorti », souffle le directeur du centre de formation du club picard. Le cap passé, le natif de Longjumeau a franchi les étapes à vitesse grand V. En septembre 2016, il fait sa première apparition avec les pros. Le milieu de terrain dépanne quelques matches au poste d’arrière droit et signe son premier contrat professionnel, en octobre de la même année. Une saison pleine en Ligue 2 (30 matches, 2 buts, 7 passes décisives), avec un montée à la clé, le voilà désormais à l’Olympique lyonnais, auréolé d'un nouveau statut d'international Espoirs français. Ce jeudi soir, il pourrait franchir un nouveau palier, en jouant pour la première fois en coupe d'Europe.

L’OL, un choix logique dans sa progression

Sollicité par plusieurs clubs européens et français, Tanguy Ndombele a choisi de rejoindre l’Olympique lyonnais, cet été. « Il souhaitait passer un cap. Il avait le sentiment qu’il ne progressait plus à Amiens. Il voulait aller à Lyon, mais il avait aussi des offres de la Sampdoria, de la Fiorentina, de Stoke City, d’Hoffenheim et de Saint-Etienne. Il avait vraiment l’embarras du choix, mais il préférait rester en France », affirme Rachid Touazi. Désireux de poursuivre sa progression en Ligue 1, le milieu de terrain attendait un projet à la hauteur de ses ambitions. « Quand il fait choix de l’OL, c’est toujours dans son idée de vouloir progresser, lance Patrice Descamps. Tanguy a besoin d’une feuille de route. Je pense qu’il a fait le bon choix aujourd’hui en rejoignant le meilleur club formateur de France. Même s’il est professionnel, il doit achever sa formation. » Un gros contrat l’attendait pourtant à Hoffenheim. « Si Tanguy était parti pour la tune, il serait parti bien avant, ça dénote aujourd’hui une vraie maturité d’analyse dans son choix », souligne l’entraîneur. Le milieu de terrain place l’aspect sportif au cœur de son projet de carrière. « Je me souviens d’une discussion qu’on a eu à l’intersaison. Il m’a dit : « Coach, si c’est pour la tune, je ne serais déjà plus là. Si je me trouve un projet, c’est pour progresser, continuer à apprendre ». Dans cette perspective, je comprends le choix de l’OL. Pour lui, c’est le meilleur projet », glisse le directeur du centre de formation d’Amiens.

Tanguy Ndombele va désormais découvrir un nouveau monde, une nouvelle façon de travailler. Si l’OL place de nombreux espoirs en lui, sa marge de progression est encore grande. « Tanguy a eu tendance pendant longtemps, à être plutôt le beau joueur, que le bon. Il s’est rendu compte que plus le niveau s’est élevé, plus il fallait être efficace, murmure Patrice Descamps. Là-dessus, il a encore une marge de progression. Mais il a quand même épuré son jeu. » Les planètes semblent maintenant alignées, pour que l'international Espoirs français s’accomplisse au plus haut niveau. « Je reste convaincu qu’il a une énorme marge de progression. A partir de là, toutes les conditions sont réunies pour qu’il progresse : il est dans un grand club, il va s’entraîner avec des grands joueurs, dans de bonnes installations. Il a aussi l’état d’esprit pour bosser, ce n’est pas un branleur (sic). Maintenant au boulot, les récompenses viendront progressivement », sourit le technicien picard.

Les qualités pour s’imposer dans l’entrejeu lyonnais

Depuis le début de saison, Bruno Genesio éprouve toutes les difficultés du monde à trouver un complément idéal à Lucas Tousart. Avant qu’il parte, Sergi Darder était aligné aux côtés de l’Aveyronnais, dans l’entrejeu lyonnais. Jordan Ferri, à Nantes, puis Christopher Martins Pereira, le week-end dernier face à Guingamp, ont ensuite été titularisés. Sans vraiment donner satisfaction. Tanguy Ndombele, doit savoir qu’il a une réelle carte à jouer. Son profil s’accommode au système de jeu de l’OL. « A Amiens il évoluait dans un milieu à deux avec Thomas Moconduit, qui est plus dans un profil défensif. Ndombele faisait tout, il était à la fois capable de donner le tempo offensivement et de travailler défensivement, de suppléer son coéquipier dans l’entrejeu. Avec Tousart ça devrait le faire », analyse Rachid Touazi. L’ex-Amiénois dispose en tout cas des qualités, pour s’imposer sur la durée. « Sa force, c’est cette capacité à se projeter vite vers l’avant. Il a aussi cette qualité à trouver des angles de passes pour casser les lignes, détaille Patrice Descamps. Par sa qualité de passe, mais aussi de percussion, il est capable de vite amener le danger après la récupération du ballon. Je me souviens du match de l’an dernier, où on gagne dans les dernières minutes contre le RC Lens.  Il a eu cette insolence, cette insouciance de percuter et de nous faire un coup du foulard, pour centrer et amener le but de la victoire. » S’il a prévenu qu’il n’était pas là pour remplacer Corentin Tolisso, le natif de Longjumeau pourrait suivre la voie tracée par son aîné. En attendant, il devra « gratter davantage de ballons » et « frapper plus », pour le directeur du centre de formation du Amiens SC. Mais les promesses sont déjà très belles.