OL : Sylvinho, le jeu comme vocation

Le Brésilien Sylvinho (45 ans) s’apprête à devenir le nouvel entraîneur de l’Olympique lyonnais. Une nouvelle carrière à laquelle l’ancien adjoint de Roberto Mancini et de Tite s’est préparé durant presque toute sa vie.

Le vent du renouveau souffle fort ces derniers jours sur la capitale des Gaules. A vrai dire, il n’a jamais soufflé aussi fort depuis 1987 et l’intronisation de Jean-Michel Aulas a la tête de l’Olympique lyonnais. Une petite révolution est en marche et pour la première fois depuis près de trente-deux ans, le président rhodanien s’apprête à déléguer les pleins pouvoirs sportifs. Officiellement, ce n’est pas encore fait. Officieusement, c’est autre chose.

Juninho, qui sera prochainement nommé directeur sportif de l’OL, prend déjà son nouveau rôle très à cœur. Depuis Los Angeles où il réside avec sa famille, l’ancienne gloire de Gerland prépare la saison prochaine. Avant de revenir à Lyon, où Jérôme Seydoux et JMA ont toujours eu coutume de choisir leurs entraîneurs, le Brésilien a pris le dossier en main. Après s’être penché sur plusieurs profils, le Brésilien a donc tranché : son compatriote Sylvinho (45 ans) sera le successeur de Bruno Genesio. Du côté de l’Olympique lyonnais, l’annonce n’est pas encore officielle mais toutes les informations des médias français et brésiliens vont en ce sens. Vendredi, avant l’annonce de la liste des vingt-trois joueurs retenus pour la Copa America, le directeur technique de la fédération auriverde, Edu Gaspar, a même annoncé le départ de l’ancien latéral, qui était l’entraîneur adjoint de Tite depuis 2016. « Sylvinho ne va pas participer à la Copa America, expliquait le dirigeant. Il a accepté la proposition d’un grand club européen. »

Entraîner était sa vocation

A quelques semaines de disputer une Copa America à domicile puis les JO de Tokyo en 2020, Sylvinho a donc décidé de tout plaquer pour l’Olympique lyonnais. Nommé sélectionneur de l’équipe olympique du Brésil en avril dernier, l’ancien joueur du Barça a su se laisser convaincre par Juninho de devenir le nouvel entraîneur de l’OL, dans un pays où n’a jamais évolué et dont il ne parle même pas la langue. L’appel du banc était trop fort. Le Brésilien s’y est pourtant préparé durant presque toute sa vie. Entraîner était sa vocation et sa carrière de joueur l’a aidé à se forger un futur comme technicien.

S’il n’a jamais été le meilleur latéral gauche du monde, le natif de São Paulo a toujours eu le mérite de se faire une place de choix dans les effectifs où il a évolué. Décrit comme un grand professionnel tout au long de sa carrière, Sylvinho était, dès ses débuts au Corinthians (1995-1999), le genre de joueur sur lequel un entraîneur aime s’appuyer. Fiable, rassurant et à l’écoute, l’ancien international auriverde (6 sélections) avait su trouver le bon dosage entre la rigueur défensive et la folie offensive. S’il savait donc se servir de ses oreilles et de sa tête, ses yeux lui ont servi à observer le travail de ses différents coaches. Sous la direction d’Arsène Wenger à Arsenal (1999-2001), de Miguel Ángel Lotina, notamment, au Celta Vigo (2001-2004), de Frank Rijkaard et Pep Guardiola au Barça (2004-2009) et de Roberto Mancini à Manchester City (2009-2010), le défenseur d’alors a pioché à droite puis à gauche pour se forger sa propre conception du football.

Entre jeu de possession et transitions rapides

C’est d’ailleurs avec l’un de ses anciens entraîneurs que Sylvinho a appris le métier. A l’Inter, aux côtés de Roberto Mancini (2014-2016), le Brésilien a découvert la rigueur transalpine. En Italie, où il réside toujours, le futur technicien de l’OL a passé ses diplômes d’entraîneur, refusant même le poste de numéro 1 chez les Corinthians. Mancini a ensuite été limogé et l’ancien latéral est devenu les yeux et les oreilles de Tite en Europe, quand il n’était pas à côté de lui lors des rassemblements de la sélection brésilienne. En tout, Sylvinho aura passé huit saisons dans l’ombre de ses différents mentors. Deux mois à peine après l’arrêt de sa carrière, en septembre 2011, il avait débuté sa reconversion avec Vagner Mancini à Cruzeiro (2011-2012) puis Sport Recife (2012), le premier club de Juninho. Suivront des expériences, toujours comme adjoint, à Nautico (2013), au Corinthians (2013-2014) et donc à l'Inter et en sélection du Brésil.

L’heure de sortir de l’ombre est désormais venue. En même temps que son sérieux et son professionnalisme, Sylvinho va pouvoir exposer au grand jour sa philosophie de jeu, entre jeu de possession et transitions rapides. Comme Guardiola, le Brésilien souhaite voir son équipe tenir le plus possible le ballon et harceler ses adversaires avec un pressing haut dès la perte de celui-ci. L’ancien adjoint de Roberto Mancini, décrit comme quelqu’un de très rigoureux, se veut extrêmement exigeant sur l’organisation défensive, prônant la folie avec des transitions rapides en phases offensives. Reste donc à trouver le juste équilibre pour les Lyonnais, qui devraient travailler dur durant l’été. Comme leur prochain entraîneur, déjà polyglotte et qui devrait parler français en un rien de temps. Histoire de ne pas dépayser Jean-Michel Aulas, qui s’apprête donc à nommer le premier technicien étranger de son long mandat (le deuxième de l’histoire de l’OL après le Yougoslave Vladimir Kovacevic, en 1981). La révolution a déjà commencé.