Tout d'abord joueur, de 1969 à 1976, puis entraîneur à la formation, Robert Valette est aujourd'hui un spectateur particulièrement attentif de l'Olympique lyonnais. L'ancien défenseur ne mâche pas ses mots lorsqu'il évoque pour Olympique-et-Lyonnais les dernières prestations de l'OL.
Olympique-et-Lyonnais : Quel regard portez-vous sur les performances de l’OL dernièrement ?
Robert Valette : En tant que supporteur, je suis déçu par la tenue des matches. Pour certains joueurs, chassez le naturel, il revient au galop. Plusieurs d’entre eux ne sont pas des compétiteurs patentés. Ils peuvent sur un ou deux matches donner le change, mais il manque un petit truc sur le plan mental, sur l’état d’esprit et surtout, sur l’engagement collectif.
Pourtant, l’OL a recruté des joueurs expérimentés cet été pour pallier ces lacunes…
Lorsqu’on regarde des rencontres de l’année dernière ou d’il y a deux ans, c’était déjà la même chose. Le problème existait déjà, et on n’a pas chamboulé toute l’équipe. Vous avez des joueurs qui récitent ce qu’ils savent faire et c’est tout. Ils arrivent à élever leur niveau sur certains matches, mais pas sur d’autres. Ce n’est pas normal que l’OL cède autant de points dans le dernier quart d’heure.
"Il y a toujours des hauts et des bas dans les matches"
Voyez-vous des points positifs auxquels se raccrocher ?
Il y a dans l’effectif des joueurs intéressants, même s’ils ne mettent pas leurs qualités au même moment dans le même match. Il y a donc toujours des hauts et des bas dans les rencontres. Parfois, l’OL commence bien la partie, marque, et d’un coup, il redevient spectateur de ce qu’il se passe sur le terrain. Face à Reims, c’est typiquement ça (1-2). Vous pensez que ça va passer, puis vous vous retrouvez derrière au score, il faut se battre et après, c’est toujours pareil, dans les dernières minutes on ne sait plus quoi faire, s’il vaut mieux un nul ou aller chercher la victoire, et vous finissez par perdre.
Les problèmes en interne peuvent-ils impacter les joueurs et expliquer ces mauvais résultats ?
L’affaire Juninho, le cas Marcelo… Comment faire avec tout cela ? Lorsque vous avez dans un club des problèmes dans les coulisses, regardez Saint-Etienne, ça se répercute rapidement. Juni a fait venir certains gars, ils sont parties prenantes pour lui et ils apprennent qu’il s’en va. Quelle suite ces joueurs donnent-ils au club ? Quid de Lucas Paquetá, qui est moins bon actuellement. Le choix du capitanat est également surprenant, est-ce qu'il reflète le niveau du vestiaire. Une année à la formation, j’ai mal choisi le capitaine et on a fait une saison horrible. Si le vestiaire s’entend bien, il n’y aura aucun problème, tout le monde tirera dans le même sens, dans le cas contraire, cela devient compliqué.
"L’entraîneur doit essayer de tirer le maximum de son équipe"
Pour vous, Peter Bosz peut-il inverser la tendance ?
C'est ce pourquoi il est payé. L’entraîneur doit essayer de tirer le maximum de son équipe et des joueurs à sa disposition, qu'il les ait choisis ou pas. Il ne faut pas être un grand spécialiste pour voir que certains sont absents pendant une longue période dans un match. Et dans ces cas-là, l’équilibre de l’équipe est bouleversé. Je pense qu’on a de plus en plus à faire à des joueurs qui viennent pour une pige de deux, trois, quatre ans, et qui savent qu’ils iront ailleurs après. On voit ça dans toutes les équipes.
Le bon parcours en Ligue Europa peut-il permettre à ce groupe de relever la tête en championnat ?
C'est une grande performance qu’ils ont réalisée. Vous savez, j’ai vu beaucoup de joueurs qui notaient les dates des rencontres européennes car c’est là qu’ils étaient visibles. Ils ne devaient pas se rater. La prochaine échéance est début mars (8es de finale les 10 et 17). D’ici là, il faudra être bon quand même. Le classement est ce qu’il est, et l’heure n’est pas à un optimisme béat.
"Les choses sont compliquées"
Malgré tout, on voit que l’OL n’est pas distancé en championnat…
(Il coupe) Oui mais la compétition est serrée, il suffit d’enchaîner quelques victoires pour remonter, à l’image de Brest ou Rennes. Tout le monde peut battre tout le monde, le niveau est très homogène, à part peut-être le PSG qui a une marge. L’OL a déjà perdu un point sur le match contre Marseille. Les choses sont compliquées quand même. Le président est optimiste pour une qualification en Europe l’année prochaine, certes, c’est possible, mais c’est loin d’être fait.