OL : Reine-Adelaïde, changer d'air pour se relancer

Le début et l'essentiel du commentaire est vraiment intéressant, la fin vient en partie le contredire toutefois.

En effet, si on rejette la responsabilité individuelle, pourquoi plus particulièrement cibler Aulas ensuite?

Je conçois que le "patron" est en première ligne quand ça va mal, mais on ne peut accentuer l'analyse sur ça, sinon on minimise trop la responsabilité de tous les autres, qui ont pourtant leur part importante dans cet échec. Un patron ne peut pas être spécialiste de tous les secteurs de son entreprise. Il donne sa confiance et délègue à des spécialistes pour chaque secteur en fonction de leur CV et de leur capacité à le convaincre, en fonction aussi des personnes disponibles sur le marché et de leurs prétentions.

Après, ceux-ci sont aussi confrontés à des situations particulières, des mauvais choix dans certains autres secteurs, etc... Et tout ça arrive quand le contexte général est chamboulé par des évènements incontrôlables au niveau du club.

On a traversé une période très compliquée, qui a débuté avec le gros retard pris sur l'édification du complexe de Décines. Retard essentiellement dû à des luttes politiques qui avaient peu à voir avec les prétextes "écologiques" avancés.

S'en est suivi la vague persistante anti-Genesio, le ras-le-bol de ce dernier qui écœuré a choisi d'aller voir en Chine, l'arrivée avancé de Juninho (elle était bel et bien prévu, mais pas dans ces conditions et dans cette urgence), un choix d'entraineur séduisant (à peu près tout le monde à ce moment là) mais pas du tout préparé lui non plus à ce grand bain dans un contexte rendu chaotique, des recrutements précipités eux aussi et motivés par des objectifs contradictoires (d'un coté les souhaits du coach et du DS, de l'autre la volonté d'anticiper des plus-values, et aussi satisfaire les supporters avec des "noms" assez médiatisés à ce moment là).

J'ajouterais aussi qu'à ce moment là, en parcourant les forums, beaucoup se réjouissaient de ces arrivées et changements. C'était même l'euphorie parmi les supporters, et ça a duré quelques mois, avant de voir l'opinion s'en prendre à à peu près tout le monde, en préservant toutefois notre joueur-idole longtemps intouchable. Et il l'est encore aujourd'hui pour beaucoup.

Moi, j'ai toujours aimé et défendu Juninho. Mais un minimum d'objectivité serait de reconnaitre qu'il s'est aussi pas mal planté. Déjà en acceptant le poste dans ces conditions trop précipitées. Attention, je ne lui en veux aucunement, mais la moindre des choses serait de reconnaitre cette erreur.

D'un autre coté, Aulas a aussi commis l'erreur de céder à la pression des supporters en se séparant trop vite de Genesio, qui avait quand même "fait" durant quelques saisons avec des moyens limités, et en maintenant l'OL sur l'échiquier européen à une place plus qu'honorable.

Il était l'homme de la situation à cette époque, mais il n'avait pas le soutien local des supporters, malgré ses origines et sa passion pour le club Lyonnais. Il suscitait surtout un bashing quasi permanent et parfois violent de leur part.

Ce n'est pas non plus un magicien, ni un entraineur très charismatique, mais pour l'OL de l'époque, c'était un entraineur de transition plus qu'acceptable, qui connaissait tous les rouages et dessous internes du club, et aurait grandement pu aider Juninho dans sa prise de fonction et son installation.

Il était toutefois devenu très difficile pour Aulas de le conserver, surtout contre son gré. Il aurait cependant peut-être pu le convaincre de rester un peu plus longtemps pour faciliter la transition.

Le cas Maurice est un peu à part. Son ego et ambition ont été contrariés par l'arrivée de Juninho, mais elle était déjà prévue à très moyen terme bien avant le départ de Genesio. Cela n'a donc pas changé grand-chose sur l'avenir de Maurice à Lyon, il était déjà scellé.

Pour la suite, inutiles de revenir plus longuement sur la crise COVID et le reste...

Aulas en tant que capitaine a essayé de garder le cap, et surtout en préservant l'équilibre financier, malgré beaucoup d'erreurs de recrutement, secteur confié à Cheyrou mais avec des contraintes budgétaires devenues compliquées suites aux erreurs accumulées juste avant le départ de Maurice.

Mais il y a eu aussi de très beaux "coups" durant cette période, surtout grâce à Juninho qui a réussi à convaincre Guimaraes et ensuite Paqueta qu'il a relancé totalement. Tout n'est pas rose ni noir, rien n'est blanc-bleu non plus, comme dans la vie.

Je pense que c'est un enchainement de circonstances qui a largement perturbé le projet initial, bien établi mais un peu trop optimiste puisqu'il ne pouvait pas tenir compte de tous ces impondérables extérieurs. Et aussi des dissensions humaines à venir.

Je crois qu'on cherche trop à désigner des coupables, mais je ne discerne aucune véritable incompétence ou des actions volontairement nuisibles, sauf peut-être la fin du contrat de Garcia qui a notoirement saboté une saison qui était vraiment bien engagée, avec même la possibilité de gagner le titre de champion à trois ou quatre journées de la fin du championnat.

Je lui en veux essentiellement pour ça durant son séjour lyonnais. Je n'ai d'ailleurs jamais pensé qu'il était "incompétent", loin de là. Il avait d'ailleurs fort bien mené son groupe lors de la fameuse LDC qui a mené l'OL en demi-finale du "final-eight" de Lisbonne. Et si cette saison là l'OL a été bloqué à la sixième place en L1, c'est surtout à cause de la priorité qui avait été donnée à la LDC, ainsi bien sûr qu'à l'arrêt prématuré du championnat.

Quant à Cheyrou, il a aussi été une cible facile ici. Bien sûr, il n'a jamais été très convaincant, trop aseptisé et manquant de passion apparente pour le club. Mais je pense qu'il a aussi essayé d'être constructif, avec des moyens limités (malgré déjà,l'utilisation artisanale de la "DATA" 🙂 ) , et dans un contexte rendu difficile.

Mais tiens, je retiens que l'arrivée d'Alvero a été semble t-il appréciée par beaucoup, en attribuant hâtivement sa détection ultra rapide à Matthieu Louis-Jean. Et bien, non, c'est Cheyrou qui le suivait depuis longtemps et a soumis son profil et son dossier au nouveau recruteur, qui l'a immédiatement validé.

Quand on est déçu et contrarié, on a souvent envie de couper des têtes, et c'est bien facile de s'attaquer aux plus exposés. Mais en réalité, c'est bien plus complexe et contextuel. En somme, c'est la vie avec ses périodes hautes, et d'autres plus basses, la réussite, l'échec, tout est relatif... Mais l'OL a globalement considérablement changé d'image au XXI ème siècle. On espère tous qu'il saura rebondir et retrouver cette place acquise avec méthode et aussi réussite.