Depuis quelques semaines, les jeunes de l’académie de l’Olympique lyonnais ont disputé plusieurs matches amicaux, une bouffée d’air après plusieurs mois sans compétitions. Entraîneur adjoint des U19 de l’OL, Pierre Chavrondier évoque pour Olympique-et-lyonnais.com la période particulière traversée par sa formation. 2e volet de notre entretien avec le coach rhodanien.
Olympique-et-lyonnais.com : Tout d’abord, comment vont les jeunes joueurs de l’académie dans cette période délicate ?
Pierre Chavrondier : Je dirais que ça va relativement bien, même si parfois, certains subissent quelque peu le contrecoup puisqu’ils ne voient plus personne, c’est un peu compliqué. Maintenant, on a quand même cette chance de pouvoir s’entrainer pratiquement tous les jours et de pouvoir faire des matches amicaux le week-end depuis peu. C’est agréable de pouvoir finir la semaine par une rencontre et de voir la progression des joueurs sur le terrain. Mais je pense que mentalement, certains joueurs ont été affectés car ils ont eu la Covid, ça les a touchés physiquement et mentalement. Donc il y a tout un travail à faire avec eux pour éviter les blessures dues à une perte de poids ou autre.
Comment parvenez-vous à les garder concernés malgré l’absence de compétitions ?
On a essayé de trouver des oppositions en interne, soit avec les U17, soit les U19 entre eux ou contre la N2. Durant le premier confinement, on faisait des séances en visio deux fois par semaine et on les avait également au téléphone pour rester en contact avec eux et qu’ils ne soient pas tout seul chez eux.
" Ce n’était pas évident"
Y a-t-il eu un travail psychologique à faire avec les jeunes ?
Oui, peu de joueurs ont été confrontés à des problèmes de Covid autour d’eux donc tant mieux, mais il fallait avec certains beaucoup de discussions, parlementer pour essayer de les tenir dans le sens du travail car on leur demandait des choses de notre côté. Ce n’était pas évident.
Cela peut-il freiner la progression de certains joueurs ?
Pour ceux qui étaient en pleine progression, on essaye de mettre en place des entretiens et des entraînements individuels pour qu’ils poursuivent leurs performances. Pour ceux qui étaient dans la régression, ils ont justement encore une chance de se remettre dedans avec les entraînements, en étant plus exigeants sur le travail qu'ils fournissent avant et après les séances.
"On essaye d’alterner un match amical tout les 15 jours"
Quel est le programme des semaines à venir ?
On essaye d’alterner un match amical tout les 15 jours pour avoir une rencontre U17 un week-end, puis U19. Cela nous permet de pouvoir tester des joueurs. Ça sera toujours intéressant.
Avez-vous d’autres matches amicaux programmés prochainement ?
On a joué Dijon le 13 février (1-1), et le prochain sera normalement le 6 mars contre Clermont.
Durant ces derniers mois délicats, en avez-vous profité pour travailler certaines choses plus difficile à faire en temps normal ?
Effectivement, nous avons pu avancer la nouvelle méthodologie du club avec beaucoup de jeu de position. Cela commence à être intéressant. Les joueurs commencent à être appliqués et lors des matches amicaux, nous avons pu constater les évolutions dans le jeu.
"Ça revient un peu à la « normale » pour nous et pour les joueurs"
La période est-elle plus particulièrement difficile pour les joueurs en fin de contrat qui ont moins de possibilités pour de se montrer ?
C’était une période vraiment compliquée jusqu’à il y a quatre semaines, lorsqu’on a réattaqué les matches amicaux. On avait commencé à faire un bilan de certains joueurs, et les juger à l’instant T, c’était difficile, il n’y avait que des entraînements, on ne voyait pas trop l’évolution. Maintenant, ça revient un peu à la « normale » pour nous et pour les joueurs donc c’est plus facile. C’est une saison particulière et ils le ressentent aussi. Normalement, chaque week-end il y a une remise en question et là, ce n’est pas le cas. On doit faire des choix et cette année va être délicate pour nous et pour les jeunes.
"On va peut-être plus se baser sur du recrutement local"
Et pour le recrutement de l’académie, comment cela se passe-t-il en l’absence de matches ?
Les échos que j’ai, c’est que c’est compliqué car on ne peut pas voir les équipes évoluer, les joueurs ne peuvent pas confirmer leur potentiel. On peut simplement se servir des rencontres de préparation que l’on dispute face aux autres centres de formation, mais c’est tout. Ça va être particulier. On va peut-être plus se baser sur du recrutement local car beaucoup de joueurs ont été suivis d’après ce que j’ai compris.
Espérez-vous reprendre la compétition cette saison ?
Notre objectif était de reprendre. D’après les dernières informations, si on ne reprend pas au mois de mars, le championnat sera annulé car ensuite, ça sera trop compliqué d’enchaîner les matches restants. Ne pas retrouver la compétition serait embêtant pour nous et pour les joueurs. On avait une belle génération pour disputer la Coupe Gambardella (qui a été annulée) et le championnat. On aurait pu faire quelque chose, donc si on ne reprend pas, ça serait dommage.
En cas de reprise, votre équipe est-elle prête ?
Oui, je pense qu’ils seront prêts rapidement. On a des petits bobos qui sont en train de se soigner comme Sekou Lega et Djibrail Dib, qui commencent à revenir. S’il y a une reprise championnat, nous serons les plus heureux, le staff et les joueurs, on sera à 200 %.
"On a fait une première partie de saison mitigée"
Comment jugez-vous le début de saison de votre équipe, avant l’arrêt des compétitions ?
On a fait une première partie de saison mitigée, même s’il y a eu des choses intéressantes. On aurait pu mieux faire sur certaines rencontres. On a commencé à voir le jeu que l'on souhaitait mettre en place à l’entraînement, mais on n’a pas pu le retranscrire sur le terrain lors des derniers matches, c’est un peu décevant. On devait en plus enchaîner les affiches face à Pontarlier et des équipes de bas du classement, donc on aurait pu faire une série. Si on reprend, peut-être qu’on pourra bien terminer. Sinon, tant pis, je pense que d’autres équipes sont dans la même situation.
Sur le plan professionnel, comment vivez-vous cette situation ?
Je pense qu’on a l’opportunité de pouvoir travailler durant cette crise. C’est une chance par rapport à plusieurs clubs, notamment amateurs, mais aussi à d’autres métiers. Le manque de compétitions nous fait un peu de mal car on arrive à faire des matches amicaux, mais cela ne remplace pas le championnat et la coupe. Ça nous manque un peu à la fin de la semaine, mais on compense avec les rencontres de préparation.
La 1re partie de l’entretien avec Pierre Chavrondier est à retrouver ici.