OL - Nancy (4-0) : Aulas monte au front pour défendre Lacazette

Après la victoire contre Nancy ce mercredi (4-0), Jean-Michel Aulas a tenu à apporter son soutien à Alexandre Lacazette, sorti sous les sifflets du Parc OL. Le président lyonnais, aussi conscient des qualités de son équipe, garde espoir pour accrocher le podium.

C'est une victoire importante dans une ambiance très spéciale au Parc OL...

Jean-Michel Aulas : Il faut regarder le positif. Si on sait réagir dans une ambiance qui n'était pas la plus chaleureuse, ça veut dire que le talent est là, que l'envie de revanche était présente et que même dans un contexte difficile on sait être présents et c'est la meilleure nouvelle de la journée. Les joueurs ont su se regrouper derrière leur entraîneur, derrière leur président, l'institution. Les matches sont toujours difficiles, à Saint-Etienne j'ai félicité Christophe Galtier et son équipe qui nous ont posé des problèmes qu'on a pas pu surmonter. Une erreur par-ci, une erreur par là et on a perdu ce match. On avait sur certaines statistiques, démontré qu'on avait de bonnes qualités. On a perdu ce match donc on méritait de se faire disputer. Les disputes sont allées un peu loin, quelques fois. Mais ce soir (mercredi, Ndlr) dans ce contexte pas facile (...) je suis satisfait de la performance, de Bruno (Genesio) d'abord et puis de toute l'équipe, puisqu'on avait des blessés et des suspendus. On a réussi à démontrer que l'Olympique lyonnais était là et c'est la première bonne nouvelle de la soirée.

Comment vivez-vous dans une pareille ambiance ? On pense à Alexandre Lacazette qui est sorti sous les sifflets...

Alex est très sensibilisé, il est détruit, persécuté. En plus c'est sur un non-dit, c'est pour ça que j'en veux quelques fois aux médias parce que dans l'expression de ce qui est dit pour attirer l'attention, et c'est ce qu'il s'est passé au Canal Football Club dimanche dernier, dans une interview sur le derby, il n'a pas dit qu'il voulait quitter Lyon pour aller dans un grand club. Il a été interrogé pour parler du derby et au détour d'une phrase, il a simplement dit qu'un jour, si comme Sam (Umtiti) ou Karim Benzema, transférés au FC Barcelone et au Real Madrid, il pourrait lui aussi en faire autant.

Vous avez essayé de parler avec lui ?

Bien sûr que j'ai parlé avec lui.

Et comment il était ?

J'ai déjà répondu, il est mortifié.

Surtout que c'est votre meilleur joueur depuis le début de la saison, et qu'il va être indispensable pour atteindre vos objectifs…

Bien sûr, on se tire une balle dans le pied en faisant en sorte de laisser penser qu'on peut jouer le podium, jouer cette Europa League qui nous tient tant à cœur, sans avoir des joueurs parfaitement motivés, parfaitement investis dans le projet du club. Ce qu'il y a de plus grave c'est qu'Alexandre l'est. C'est véritablement une incompréhension.

« Je l'ai mal vécu »

Il y a des choses qui vont bien aussi ce soir : le but de Mathieu Valbuena blessé et la bonne prestation de Memphis…

Oui, je suis très heureux d'avoir une équipe qui a réagi à un moment très difficile. On est heureux de voir Mathieu comme ça, c'est un garçon formidable. Alex est un grand joueur, une forte personnalité, c'est quelqu'un de très très bien. Mathieu c'est un bonhomme exceptionnel, il a aussi souffert dans sa chair pour des raisons qui sont liées à l'hypermédiatisation qu'est le football. Il a véritablement retrouvé son assise, même blessé il a tenu. Je sais qu'il avait mal, et il est allé pour marquer alors que la situation était vraiment bloquée. Il a mis une frappe absolument incroyable. Mathieu c'est quelqu'un de fantastique. Puis on a découvert Memphis sous un autre angle, qui est celui du talent. On a vu qu'il n'était pas prêt, mais ça on le savait. On s'était donné trois mois pour que les choses se mettent bien en place, en perspective. Et là on voit très très vite que le talent est en train d'aller vers les autres talents. C'est vrai que l'association des quatre attaquants peut être extraordinaire. Memphis il ne faut pas le critiquer, il n'est pas à 100%, il le sera dans deux mois mais il est hyper talentueux. Alexandre Lacazette est hyper talentueux aussi, il n'a jamais dit qu'il allait partir en cours d'année de l'Olympique lyonnais, surtout pas un jour de derby. Et puis Mathieu démontre aussi tous les jours sa grande force de caractère et son talent inimaginable.

Ce mercredi ce n'était pas le même contexte qu'à Saint-Etienne, ce n'était pas le même adversaire, mais ce n'était surtout pas le même OL…

C'était les mêmes joueurs mais ce n'était pas la même équipe. Mais je n'ai pas de réponses. Bruno (Genesio) n'en a pas non plus. On s'est téléphoné peut-être dix heures, on s'est vu deux fois, on a déjeuné ensemble hier (mardi, ndlr) pour essayer de comprendre, on a vu individuellement les joueurs. Il n'y a pas de réponses et c'est aussi ce qui fait la magie quelques fois noire et quelques fois verte (rires) ou rouge et bleue, comme aujourd'hui. Quelques fois on n'a pas d'explications. Ce qu'il faut expliquer aux supporters, c'est qu'il n'y a pas de mauvaise volonté. À l'Olympique lyonnais il n'y a que des bons mecs, qui quelques fois ne réussissent pas un match.

Lorsqu'on connaît votre attachement au Parc OL, comment vit-on cette première soirée lourde ici ?

J'avais à côté de moi des investisseurs américains qui passaient la journée avec nous sur les chiffres, sur les aspects de refinancement. Pour leur expliquer ç'a été un peu compliqué (sourire). J'ai dit que mon associé était dans le cinéma, donc quelques fois on faisait du second degré, mais je l'ai mal vécu.

"On va essayer d'arranger tout ça"

Vous vous attendiez à un tel climat ?

Non, je m'attendais à quelques surprises mais je pensais qu'à la fin ça se terminerait bien. Il y a du travail à faire donc je vais prendre mon bâton de pèlerin et rencontrer les joueurs, les supporters, et on va essayer d'arranger tout ça, parce qu'on n'a pas construit un monument de ce niveau-là, pour avoir des soucis environnementaux. On a quand même démontré que la démocratie était là, on les a laissé s'exprimer, on savait qu'ils voulaient revendiquer des choses. Maintenant il faut revenir à la réalité, si on veut être champion de France un jour et champion d'Europe rapidement, il faut que tout soit à l'image de la stratégie du club, c'est-à-dire du haut niveau.

Concernant les sanctions de Corentin Tolisso et Rachid Ghezzal, est-ce que les deux joueurs seront placés sur le même niveau ?

Je ne pense pas. On va pondérer ça même si c'est des histoires de famille. On a deux manières de pouvoir jouer financièrement sur les choses. Il y a d'abord d'une part la prime d'éthique, qui peut intervenir quand on y déroge. Et puis on a une deuxième possibilité qui est liée à tous les challenges que le président donne, quand il est de bonne humeur, quand les joueurs ont fait des bons matches. Et celle-là, comme elles ne sont pas contractuelles, on peut évidemment les retoucher. C'est ce qu'il va se passer de manière importante mais tout à fait réaliste.

Sportivement, pour confirmer il va falloir gagner à Guingamp (samedi, 17h), d'autant que Nice s'est imposé contre Saint-Étienne…

Évidemment, ceci étant Guingamp était venu nous battre ici deux fois donc il y a un contexte qui est certain. Ce sera un match difficile contre une bonne équipe, qui est juste derrière nous. Mais évidemment on va y aller comme on était allé à Toulouse après Guingamp ici, pour démontrer les qualités de l'équipe. Avec nos défaites, il faut faire une série de quatre ou cinq matches de très bons résultats. On sera aussi attentifs à l'appel de Metz, puisqu'on a un match en retard. Ça peut dire qu'on est à neuf points et non pas douze de Nice, qui viendront ici. Ça veut dire qu'il y a aussi trois points en jeu contre eux. Il reste quinze matches, si mon calcul est bon ça fait 45 points à prendre. Tout reste possible même si cela sera très compliqué, très difficile. »