OL : Nabil Fekir, un exil nécessaire ?

Avec l’absence de Bertrand Traoré et à l'approche de la Coupe du monde, Bruno Genesio pourrait parvenir à convaincre Nabil Fekir de jouer sur un côté, en 4-3-3, ponctuellement.

C’est un débat que la blessure de Bertrand Traoré a fini de relancer. En même temps que l’OL a enchaîné les bonnes performances en 4-3-3, la question de savoir si Nabil Fekir peut s’intégrer à ce système a ressurgi. S’il n’a jamais caché sa préférence pour l’axe, le capitaine lyonnais est capable de dépanner sur un côté. Certes, cela n’est plus arrivé depuis mars dernier et un match nul à Bordeaux (1-1), où il avait rendu une bien pâle copie, après s’être désintéressé des efforts défensifs. Plus à l’aise derrière l’attaquant de pointe, l’international français pourrait quand même se laisser convaincre de retrouver le couloir, afin d'accroître ses chances d’aller à la Coupe du monde. Dans une équipe de France où il semble moins le plan B d’Antoine Griezmann que le 4-3-3, le joueur formé à l’Olympique lyonnais a toutes les caractéristiques pour performer sur une aile. Bruno Genesio persiste et signe. « Je continue de penser, même si j’ai été critiqué à ce sujet la saison dernière, qu’il a les qualités pour le faire, même s’il est plus à l’aise dans le rôle qu’il est utilisé depuis le début de la saison, dans un rôle libre derrière l’attaquant, a insisté le technicien, mardi. Il a besoin de ça. Quand je vois les courses qu’il peut faire aujourd’hui dans un 4-2-3-1, ce n’est pas le même Nabil que l’année dernière. Je me dis qu’il peut les faire aussi dans un 4-3-3. » Dans un système qui amène plus d'équilibre à l'OL et où Lucas Tousart, Tanguy Ndombele et Houssem Aouar peuvent former un trident qui a déjà fait ses preuves au milieu de terrain, le numéro 18 rhodanien pourrait tirer son épingle du jeu.

Le volume de jeu nécessaire

Utilisé à quatre reprises sur le côté droit la saison dernière, Nabil Fekir n’a pas vraiment été mis dans les meilleures conditions, à un moment où il était encore à la recherche de bonnes sensations, après sa grave blessure. A nouveau étincelant, le capitaine lyonnais a retrouvé le coffre qui pourrait lui permettre de retenter sa chance dans un couloir. A un poste qui demande de répéter les efforts à haute intensité, l’international français semble bien placé pour le faire. « Lorsque je reprends les statistiques athlétiques de Nabil (Fekir) depuis le début de la saison, il est régulièrement dans les trois meilleurs joueurs du match en termes de volume de jeu, de répétition des efforts à très haute intensité, de répétition de sprint, indiquait récemment Bruno Genesio. Ça veut dire qu’il a les capacités athlétiques pour jouer dans un couloir. Il a aussi les capacités techniques, bien sûr. » Le joueur formé à l’OL dispose du volume de jeu nécessaire, aussi bien pour attaquer, que pour défendre. Plus concerné par les efforts défensifs que par le passé, le numéro 18 rhodanien est l’attaquant lyonnais qui a réussi le plus de tacles en Ligue 1 cette saison (14), en plus d’avoir commis le plus grand nombre de fautes. Robuste (54,2% de duels gagnés), il pourrait compter sur le soutien de deux coéquipiers derrière lui (surement Tanguy Ndombele et Kenny Tete), dans un 4-3-3.

Conserver la même influence

Si Nabil Fekir dispose donc du coffre pour évoluer sur un côté, la question est de savoir s’il conserverait la même influence sur le jeu lyonnais ? Nul ne doute que Bruno Genesio lui laisserait la liberté de se balader sur le terrain en phase offensive, comme un électron libre. De fait, son positionnement dans le couloir droit ne serait qu’une position de départ pour bien ordonner le pressing. Au Barça, Lionel Messi a prouvé depuis bien longtemps qu’un joueur qui a plus vocation à évoluer dans l’axe, pouvait se montrer autant influent sur une aile. L’Argentin s’est déjà exilé pour laisser la pointe de l’attaque à Samuel Eto’o en 2009, puis à Luis Suarez quelques années plus tard. Comme le quintuple Ballon d’Or, Fekir pourrait aussi se servir de ce positionnement pour rentrer sur son pied gauche. Et ses efforts défensifs ne devraient pas altérer sa lucidité lorsqu’il s’agit d’attaquer. « Sur les chiffres que l’on a depuis quelques mois, il est très régulier. Ses efforts sont autant intensifs en début de match, que dans le dernier quart d’heure ou les vingt dernières minutes. Ce qui montre qu’il est capable de tenir la distance », a soufflé Bruno Genesio. De quoi permettre à l’international français de rester le joueur clé de l’effectif de l’Olympique lyonnais.

Convaincre Didier Deschamps

En 2017, Nabil Fekir n’a joué que 37 minutes en équipe de France. Lors du dernier rassemblement, le capitaine lyonnais a disputé un peu moins d’une demi-heure contre le pays de Galles (2-0), avant de rester sur le banc en Allemagne (2-2), un soir où Didier Deschamps avait décidé de laisser Antoine Griezmann au repos et d’aligner son équipe en 4-3-3. Le sélectionneur avait choisi de se passer des services de l’attaquant rhodanien, estimant qu’il n’était pas « dans son registre », dans ce système. Pour monter dans le wagon bleu qui partira en Russie l’été prochain, le joueur formé à l’OL devra certainement prouver à l’ancien entraîneur de l’OM qu’il a tort. En l’absence de Bertrand Traoré et face des adversaires qui se présentent de plus en plus souvent avec des blocs bas et bien regroupés, Fekir pourrait en avoir l’occasion. Pour finir de prouver, qu’il est réellement plus fort et bien plus polyvalent qu’avant sa grave blessure.