OL : Morel, à gauche rien ne va plus

Déjà titulaire quinze fois cette saison, Jérémy Morel a été vertement critiqué après la défaite face à Caen, dimanche dernier (2-3). Coupable sur deux des trois buts caennais, le défenseur a fait son temps à gauche. Pour Bruno Genesio, le moment serait peut-être venu de suivre les préceptes d'un certain Marcelo Bielsa.

C'est un point sur lequel tout le monde s'accorde. Experts, supporters ou journalistes, le constat est sans appel : Jérémy Morel n'a plus le niveau pour jouer sur le côté gauche de la défense. Il a pourtant était titularisé à ce poste-là, lors des quatre derniers matches de l'OL en Ligue 1. Moyen défensivement et inexistant offensivement, l'ancien Marseillais a montré ses limites, dimanche dernier à Caen (2-3). Au stade Michel-d'Ornano, il a été directement impliqué sur deux des trois buts caennais. Face à Guilbert ou Karamoh, qui lui a fait des misères tout le match, le latéral a laissé centrer ses adversaires sur le premier et le troisième but. Une prestation catastrophique qui a conduit, son entraîneur Bruno Genesio, à le remplacer par Rybus, à un peu plus d'un quart d'heure de la fin de la rencontre. « Il n'a pas été bon, c’est régulier pour lui en ce moment. Ce n'est pas un maillon fort de l’Olympique lyonnais », a reconnu notre consultant Nicolas Puydebois, lundi soir, sur la plateau de notre talk-show « Tant qu'il y aura des Gones ».

Morel est un défenseur central

A 32 ans, le Breton ne peut tout simplement plus jouer à un poste qui demande vitesse et tonicité. A moins de s'appeler Philippe Lahm. C'est une coutume chez les arrières latéraux, à l'approche des 30 ans, ils se reconvertissent en défenseur central. De Lilian Thuram à Jérémy Mathieu en passant par Éric Abidal, les exemples français sont nombreux. Un défenseur de côté, doit multiplier les allers et venues. Proposer des solutions offensivement, et couvrir son couloir. Des paramètres qui exigent une condition physique de fer. Pas encore cuits pour arrêter le football, ces défenseurs migrent donc dans l'axe. Et c'est souvent un gage de réussite. Plus concentrés défensivement, et libérés des tâches offensives, ce replacement est souvent synonyme de seconde jeunesse.

Lors de son arrivée à Marseille, en 2014, Marcelo Bielsa l'a bien compris. Dès les premières séances d'entraînements qu'il dirige, il signifie à Jérémy Morel, qu'il faudra désormais compter sur lui, en charnière centrale. Souvent moqué et pointé du doigt par les supporters marseillais sur le côté gauche, l'ancien Lorientais est transfiguré dans l'axe. Il réalise sans aucun doute, l'une des meilleures saisons de sa carrière, et devient un homme de base du onze de l'Argentin. A l'Olympique lyonnais, c'est évidemment en défense centrale, qu'il effectue ses meilleures prestations. La dernière en date, contre le PSG en février dernier (2-1). Ce soir-là il avait parfaitement muselé Zlatan Ibrahimovic, et avait fait régner l'ordre tout le long du match. Depuis Bruno Genesio, utilise son joueur à un poste qui ne lui correspond pas. Parti de ce constat, les mauvaises prestations de l'ancien Marseillais s'expliquent facilement. « On ne le met pas en confiance en le mettant à un poste où il est un peu plus en délicatesse que dans l’axe », avance Nicolas Puydebois. Depuis son arrivé entre Rhône et Saône, il y a un an et demi, le Français n'a pas délivré la moindre passe décisive. Il semble définitivement plus à l'aise lorsqu'il est aligné en charnière centrale.

Lyon n'a plus d'arrière gauche

Les raisons pour lesquelles Bruno Genesio utilise Jérémy Morel à un poste qui ne correspond plus à ses qualités, sont nombreuses. Depuis le départ d'Henri Bédimo, l'été dernier, l'OL n'a plus de véritable arrière gauche. La cellule de recrutement pensait bien avoir trouvé la perle rare en la personne de Maciej Rybus, arrivé libre du Terek Grozny lors de la pré-saison. Au fil des matches, son entraîneur, et les observateurs, se sont rendus compte que le Polonais était d'avantage un ailier qu'un défenseur. Lorsqu'il a été aligné à derrière, l'ancien joueur du Legia Varsovie a pu faire admirer son manque de rigueur et de maîtrise à un poste qui n'est pas le sien. Jordy Gaspar, lui, n'a été vu que sur le côté droit de la défense cette saison. S'il peut aussi jouer à gauche, le coach rhodanien ne lui a pas encore donné sa chance. Morel, pourrait donc être considéré comme un choix par défaut. C'est celui qui a le plus d'expérience de ce côté-là du terrain, bien que prévisible offensivement, il offre au moins l’assurance de ne pas trop s’exposer défensivement.

Si l’intéressé n'a jamais affiché publiquement sa préférence entre l'axe ou le côté gauche de la défense, il devrait continuer à dépanner, au poste de latéral jusqu'à la fin de saison. L'OL, qui s'apprête à recruter Memphis Depay, ne bougera sans doute plus durant ce mercato. Le septuple champion de France, a bien sondé des arrières gauche, mais un transfert, n'aura à priori pas lieu avant l'été prochain. En attendant, Jérémy Morel, devra être suppléé et aidé sur son côté, si Lyon veut atteindre ses objectifs. « A Caen, Morel n’a pas été aidé, il s’est souvent retrouvé en un contre un alors qu’on a le droit de défendre à deux. L’attaquant ou l’ailier a le droit de de mettre sa pierre à l’édifice au niveau défensif. Dimanche on a pas vu ça, il a souvent été esseulé », a remarqué Nicolas Puydebois. Dans le système actuel, le 4-2-3-1, les deux milieux défensifs ratissent l'axe. Le latéral se retrouve donc souvent en un contre un, lorsque son ailier ne fait pas les efforts pour venir l'aider à défendre. Ici, en l'occurrence, Mathieu Valbuena, qui n'a jamais eu un goût très prononcé pour le repli défensif. Dimanche, Morel, pourrait retrouver sa zone de confort contre Marseille. En l'absence de Mouctar Diakhaby, blessé, il devrait être en balance avec Emanuel Mammana, de retour de blessure, pour occuper l'axe de la défense aux côtés de Mapou Yanga-Mbiwa. Il aura certainement à cœur de montrer, qu'il veut garder le cap au centre, et ne plus virer à bâbord.