Ancien athlète de haut niveau, Michel Dehan officie aujourd'hui comme coach mental. Il a notamment exercé dans plusieurs clubs de football. Pour Olympique-et-Lyonnais, il évoque l'importance de cet aspect, et particulièrement de l'individu, dans le maintien de la confiance d'un groupe.
Comment maintenir un niveau de confiance suffisant lorsque s'enchaînent les défaites ? Et une fois que les bons résultats reviennent, comment parvenir à entretenir cette meilleure condition mentale ? Ces questions, nous les avons posées à Michel Dehan, ancien basketteur à haut niveau, désormais coach mental pour des sportifs. Durant son expérience professionnelle, il est également passé par les clubs de football de Lille et Le Havre dans les années 2000.
Olympique-et-Lyonnais : Pour une équipe en grande difficulté, terminer l'année par une série de victoires est forcément une bonne chose avant une plage de repos...
Michel Dehan : Bien entendu, l’ensemble des acteurs d’un club, compris les supporteurs, ne vont pas se plaindre qu’une mauvaise passe laisse la place à un renouveau. Il faut être prêt à échouer pour réussir. Il faut être prêt à prendre des risques et à se mettre en avant. C'est la seule façon de devenir ou redevenir grand. C’est Andre Agassi (tennisman américain, NDLR) qui soulignait l'importance de la persévérance pour réussir. La patience, il en faut beaucoup pour être au top niveau.
D’autre part, il faut penser une saison non pas comme un marathon comme on l’entend ou le lit souvent, mais comme une succession de sprint. C’est une question de tempo, de contrôle de l’énergie : Pré-compétition – compétition – post compétition se succèdent à un rythme parfois effréné. Il est donc primordial que chacune de ces phases soient identifiées avec des objectifs clarifiés en approche de la séquence en question.
"L’imagerie mentale est l’outil numéro 1"
La nature d’une période de repos est simplement une question de durée et de séquençage : La première partie de la phase post compet signifie simplement de s’adjuger un répit salutaire, une respiration. Elle est particulièrement destinée à prendre le temps de remettre de l’attention sur soi-même, de se ressourcer auprès de ses proches, en un mot s’apaiser. La seconde partie, proche de la reprise, s’apparente à un entraînement invisible. Elle se déroule en général chez soi, tout du moins loin du club. Il s’agit de reprendre les habitudes alimentaires, de sommeil, de forme physique, mais aussi de revisiter globalement les phases ultra-positives (individuelles et collectives) des dernières compétitions. L’imagerie mentale est l’outil numéro 1. Ici le futur proche prend tranquillement forme.
À quel point cela est-il profitable pour un groupe ?
Cette période transitoire sera bien sûr salutaire. Elle sera d’autant plus profitable si chaque athlète individuellement est relié aux autres par une organisation invisible, identique de la seconde partie de cette phase post compétition. Une forme de simultanéité du travail à distance. Ces autonomies individuelles vont participer activement à la synergie du développement collectif indispensable de la phase pré-compet de la reprise.
Est-il possible au contraire que cette coupure casse la spirale de confiance dans laquelle se trouvait l'équipe ?
La question est difficile, seuls les membres d’un staff et les joueurs seront capables de répondre. Il faut connaître et analyser la convergence de causes qui a provoqué l’effet salutaire d’un enchaînement positif de résultats et les reproduire. Sachant qu’il faut prendre en compte que c’est le contexte qui a la plus forte influence sur nous.
"Nous partons toujours de l’individuel pour aller au collectif"
Au-delà de gagner des matchs, comment conserver cette confiance et cette meilleure condition mentale ?
Ici, il faut admettre deux choses : nous partons toujours de l’individuel pour aller au collectif et il faut penser que la confiance est une résultante. Résultante du contrôle de l’énergie, de la concentration des émotions et enfin de sa place dans l’équipe. Ces quatre éléments s’imposent à tout être et produisent naturellement la force mentale. Il faudrait être attentif en permanence à ces quatre composants, car un simple dysfonctionnement de l’un d’eux peut affecter, voire détériorer le niveau de confiance. On pourrait aussi souligner que la confiance du groupe consiste à un partage notamment de volontés individuelles
dans la contribution aux résultats de l’équipe.
À quel point une série de mauvais résultats peut impacter les performances individuelles et collectives d'une équipe ?
Nous avons remarqué que les joueurs réagissaient différemment face à une défaite. Certains joueurs étaient très marqués, très catastrophés, très attristés, alors que les plus expérimentés au plus haut niveau international relativisaient le résultat. "Ok, ce match est arrivé, on a perdu, on se met en mode action, on se projette très vite sur la suite pour atteindre l’objectif. En fait, on relativise l’impact d’un revers". C’est dû à la culture de la gagne mais aussi au nombre important de rencontres à disputer sur une saison.
Quand les contrariétés prennent le dessus, nous ne voyons plus ce qui fonctionne, le chemin parcouru, nous négligeons l’envie de progresser. C’est pourtant dans ces moments que ces sources d’énergie seraient les plus utiles.
Il faut alors apprendre à repérer ses "top performances" et faire faire appel à elles pour s’en nourrir et enfin retrouver ses forces, qui dans tous les cas sont bien présentes. Ça, il faut en être profondément certain.
"Développer des objectifs d’excellence et non de perfectionnisme"
Selon vous, à quel point les notions de moral et de confiance sont importantes pour les équipes jouant le maintien dans leur championnat ?
Il faut bien admettre qu’un très bon staff, avec l’entraîneur principal en tête, n’est pas celui qui gagne tout, c’est celui qui réduit les temps de crise. Il faut aussi penser que les coachs sont le plus souvent soumis à des contraintes et des pressions aussi fortes que celles de leurs joueurs, parfois même plus fortes parce qu’ils vivent la performance par délégation. Ils leur incombent donc de créer de la clarté pour influencer le futur et donner du sens, créer les conditions de la réussite.
Le défi ultime est de mettre en synergie la motivation individuelle des athlètes avec les objectifs de la gouvernance. Nous savons bien que la réussite est une cible mouvante. Les périodes de crise favorisent une prise de conscience de ce que nous avons stocké quelque part en nous. Ici, comme toujours, la stratégie d’objectif se présentera comme l’outil majeur permettant une organisation affinée, une lecture objective des résultats, un positionnement en temps réels par rapport au but global qui reste l’intégration dans une seconde partie de championnat. En fait, il s’agit de développer des objectifs d’excellence et non de perfectionnisme.
Le sport de haut niveau est jugé uniquement sur les résultats donc un staff qui gagne tout est forcément perçu comme le meilleur.
Malheureusement toute notion de plaisir est oublié dans le football moderne y compris chez les supporters qui viennent voir une victoire mais oublient que c'est un spectacle. D'ailleurs toutes les dérives autour de ce sport le prouve.
Gageons que Pierre Sage sera le meilleur coach mental et que les résultats viendront avec.
" En fait, il s’agit de développer des objectifs d’excellence et non de perfectionnisme."
Quelqu'un peut-il m'expliquer pourquoi il y aurait dichotomie entre ces deux voies ?
Il ne faut pas chercher midi à 14 heures...
Ces déclarations sont une succession de truismes assaisonnées à la sauce "développement personnel" - des grands mots pour ne rien dire (ou presque)
+1
"La personne perfectionniste s'impose des standards d'excellence extrêmement difficiles à atteindre, voire impossibles. Elle ne sait doser ses efforts, se surinvestissant parfois dans des activités de moindre importance au détriment de certaines plus prioritaires."
Et ce n'est pas parce qu'il a des tournures de phrases parfois un peu absconses que ses propos ne sont pas pertinents. En tout cas, je n'aurais pas, comme certains ici, la prétention de tout repousser d'un revers de main, croyant mieux savoir ce qu'il en est que quelqu'un dont c'est le métier.
Il y en a dont le métier, c'est d'écrire des livres sur le bonheur. Est-ce que si tu n'es pas d'accord avec leurs thèses tu te tairais toi, sous prétexte que ce n'est pas ton métier ?
D'ailleurs de nos jours une "formation" d'un an suffit à faire de quelqu'un un "sophrologue" ou un "coach mental" - voilà voilà...
Le type surfe sur la vague.
Quant à ce que tu cites entre guillemets : oui, c'est plutôt pertinent mais ce genre de propos ne requiert aucune "expertise". Et son langage de pète-cul le dessert plus qu'autre chose.
assaisonnés** 😆
Pour information Simon, tu peux modifier ce que tu écris dans un délai d'une heure 🙂
Cela ressemble un petit peu à de la masturbation intellectuelle ???
Il y a sûrement quelques vérités à approfondir mais globalement un footballeur professionnel, il est bon ou il est pas bon , et pis c'est tout!!!!
Le recrutement doit bien entendu prendre en compte avant l'achat du joueur, sa mentalité, ses origines, sa religion, son environnement, son âge et ses fréquentations afin d'avoir un groupe cohérent.
Christophe Galtier n’aurait pas dit mieux…
Les 3 ou 4 meilleures équipes des 4 grands championnats sont toujours les mêmes, sauf en France ...
Tout ça est en grande partie du baratin et de la littérature .
Si tu as une vingtaine d'excellents joueurs dans ton club, tu réussis presque tout le temps ta saison
Si tu as des Baldé, akouokou, diomandé et j'en oublie une dizaine, c'est impossible...
Parfois, si les planètes s'alignent, tu fais une ou 2 super saison comme Lens par ex ...
Ça ne veut pas dire qu'il ne faut pas travailler le mental évidemment
Pas d'accord. Notre expérience. La mentalité a changé avec Tigana (entraîneur); Il s'est, bien sûr, entouré de joueurs connaissant la haute compétition et connus pour leur mentalité. Et la mise au diapason de tous les actifs lyonnais a fait ce que l'on a connu, avec des entraîneurs qui, au premier abord (hors Houiller), n'étaient pas la crème européenne. J'en déduis, si j'ai bon jusque là, que quand tout le monde tire dans le même sens la péniche avance plus vite. Et que des joueurs à-priori moyens, dans un moule d’excellence (perfectionniste ?) peuvent se révéler de très bons coéquipiers. Quoique selon Cathrin Bugnard : y'a des mamis t'as beau leur mettre des coups de pieds au derrière, rien ne leur rentre dans la tête. Ou quelque chose d'approchant.
Je me mets à la place de certains de nos gones... Je doute qu'ils comprennent grand chose à son discours...
"Ces autonomies individuelles vont participer activement à la synergie du développement collectif indispensable de la phase pré-compet de la reprise."
ptdr , t'as compris rayan ?
il faut que ton autonomie individuelle alimente la synergie du développement afin d'être relié aux autres par une organisation invisible.
c'est pourtant simple , non ?
mdr
Tu es plus direct que moi... Je n'ai pas voulu citer de nom... 😉
le football vous dit merci monsieur filoucelli ; ptdr
https://www.youtube.com/watch?v=6aAIkhcvQ0w
C’est peut-être ça le problème, un manque de curiosité intellectuelle de culture et d’intelligence.
Si un Rayan (pour reprendre le nom cité) n’a que le foot dans sa vie, comment peut-il se remettre en question, se régénérer ?
Ce qui me frappe avec les grands champions c’est qu’ils ont du recul sur eux sur leurs performances. Djokovic a quand meme sacrifié une saison en pleine lutte pour le GOAT par conviction personnelle.
C’est bien beau d’avoir un coach mental, mais il faut qu’il y ait un mental à travailler quoi…
J'ai l'impression que coach mental est un business pour certains...