OL - Mercato : Rémy Descamps pour remplacer Anthony Lopes ?

Pour ma part, la gestion actuelle des joueurs Lyonnais, ex-titulaires ou jeunes formés au club vendus très tôt, manque de respect envers ceux ayant servi avec cœur le club (en incluant évidemment ceux venant de l'étranger ou formés ans d'autres clubs français mais ayant porté assez longtemps avec fierté et volonté le maillot lyonnais), et c'est une très mauvaise chose pour l'image du club et pour l'attirance qu'il peut exercer à court, moyen et encore plus long terme sur les jeunes, y compris ceux de la région lyonnaise, mais pas seulement.

Les clubs "historiques" ont toujours exercé une attirance profonde, et inspiré un grand respect de l'institution (voir pour l'OL les témoignages plus que convaincants de l'immense majorité des anciens joueurs). Et cet attachement dépasse largement le cadre "pur" du sportif. J'en profite aussi pour marquer ici mon respect profond pour l'ennemi régional qu'est l'ASSE, qui est aussi un grand club historique où l'affect et le sentiment d'appartenance à vie est bien réel, et pas seulement pour les supporters.

C'est loin d'être le cas, sauf en façade, pour des clubs comme l'OM ou aujourd'hui (et encore plus) le PSG, qui ont toujours pratiqués une politique de "stars" et dont les anciens ne gardent au fond que le souvenir des trophées gagnés (quand c'était le cas) avec l'adulation des supporters qui en découlait. Le reste relève du blabla médiatique, puisqu'il faut absolument pour la presse que le PSG et l'OM soient les clubs phares du foot français. Et même les jeunes formés dans ces clubs, parce qu'il y en a toujours eu, ne paraissent pas marqués autant par leurs années de formation.

A l'étranger cet attachement viscéral au club formateur est encore plus marqué, y compris en Angleterre, avec une longue histoire et un attachement aux couleurs "à vie". On nait pratiquement "Reds" ou Red devils, ou Blues, etc, pareil en Espagne, en Italie, en Allemagne, au Portugal et en Amérique du Sud, terres de football, ce que ne sera jamais l'Amérique du Nord.

Et cela compte énormément pour attirer les jeunes futurs stars. Mais ces jeunes son respectés, autant que les valeureux anciens, et si ils suscitent parfois des critiques épidermiques et sont aussi "vendus" comme des marchandises, à de très rares exceptions près (et pour des raisons bien spécifiques) on y met bien plus de forme.

C'est ainsi que l'OL a lui aussi, mais plus tardivement, construit son "institution". En accordant un vrai respect aux jeunes issus du centre, rarement vendus très vite, et quand c'était le cas, cela relevait la plupart du temps de leur propre décision. Comme pour Gusto récemment, ou même Lukeba. Pour Barcola, c'était déjà autre chose et son respect du club avait déjà été fortement entamé.

Pour ce qui est des plus anciens, même Yanga-Mbiwa avait été bien mieux ménagé médiatiquement par l'OL.

On peut comprendre la nécessité de "vendre" dans les circonstances actuelles, Mais la manière est mauvaise et irrespectueuse. Elle entame la crédibilité à venir du club, et met sans retour possible les joueurs devant une sorte de chantage psychologique. Et pour moi, quel que soit son salaire, son contrat a été négocié et se doit d'être respecté. Un arrangement est toujours possible, mais il doit prendre en compte tous les paramètres, et notamment ceux concernant le joueur qui doit avoir le dernier mot.

A la direction de bien négocier, mais sans la volonté évidente comme ici de "briser" mentalement le joueur, qui est un être humain. Le club, lui, n'est pas à considérer comme un humain, mais comme dit précédemment, une institution respectable. Et ce respect ne s'achète pas.

C'est là que les nouvelles gouvernances du foot, apparues depuis une vingtaine d'années et plus particulièrement une quinzaine, sont en train de tuer le foot. Cette ultra-mercantilisation, quelle que soit la forme qu'elle prend, a exclu progressivement toute valeur affective sincère.

On ne me fera pas croire que Textor soit particulièrement attaché à l'OL. Pour lui, c'est juste un pion dans son jeu de mono-poly. Tout comme les joueurs et l'ensemble du personnel qu'il emploie.

On peut dire ce que l'on veut d'Aulas, mais lui était vraiment attaché à l'OL et respectait bien davantage ses joueurs et employés, même dans les conflits qu'il a pu avoir avec certains d'entre eux. L'OL était son club de cœur et il lui a consacré une bonne part de sa vie, le tirant quasiment du néant dans lequel ses prédécesseurs l'avaient fait sombrer, pour en faire un club majeur du football français et même européen.

Bien sûr, on pourra mettre en avant le "cas" Juninho (en tant que D.S.), mais il relève de paramètres bien plus complexes. Et quitte à contrarier certains, Juninho a eu sa part de responsabilité dans cet échec.

Rien à dire sinon du bien, et même bien davantage, sur le joueur et l'humain qu'il est et que j'apprécie. Mais sa fragilité et sa rigidité dans une période très complexe n'ont pas arrangé les choses. Et s'il a été un excellent recruteur, en attirant ses compatriotes brésiliens de grand talent, il n'a pas été un directeur sportif idéal dans le contexte où il en a porté le titre. C'est surtout pour ça qu'il a té mis sous la tutelle de Ponsot, qui lui non plus n'a pas été à la hauteur de cette tâche nouvelle pour lui. Il a surement manqué à cette époque un Houiller bien plus capable de gérer ce genre de problèmes.

Bien sûr le monde a changé, et surement pas en bien sur le plan "humain", depuis les années fastes, bien sûr Aulas avait dû lui aussi s'adapter et avait peut-être contracté un virus d'ambition excessif dans cette période qui était devenue très difficile, avec l'émergence de ces clubs-états qui ont tout faussés, et particulièrement le PSG en France, un pays ou le régime fiscal était déjà un sacré handicap pour la quasi totalité des clubs (hormis Monaco, mais ce n'est pas la France, tout le monde le sait bien).

Avoir essayé et en grande partie réussi son pari, à savoir créer un autre modèle de gestion financière, à l'image du Bayern, son modèle premier, et d'Arsenal qui aujourd'hui en récolte les fruits, c'était plus que louable. Le contexte global ne lui a pas laissé le temps de parachever son projet, mais ce contexte n'était pas de son fait. Il en a subi les conséquences bien plus qu'il ne les a engendrées par des décisions prises dans l'urgence et face à une haine démesurée de certains concurrents et dirigeants français.

Mais je retiens l'ensemble de son travail, de sa gestion, et surtout la passion qu'il y a mis. Textor, à comparer, n'est qu'un businessman/joueur de poker qui semble même s'amuser de sa gestion chaotique et imprévisible, mais sans prendre aucun risque avec sa fortune personnelle. Face à un vautour, Aulas s'est bien battu (et avec raison) pour la garder, mais il avait pris immensément plus de risques avec ses propres deniers, qu'il avait bien gagnés en faisant grandir le club mais surtout au travers de ses entreprises de gestion au cours de sa vie hors-football.

C'est un "entrepreneur", peut-être critiquable sur cet aspect, mais avec l'OL il avait la passion chevillée au corps et au cœur. L'OL restera marqué à tout jamais par sa longue présidence. Je ne voudrais pas que son successeur soit le fossoyeur de son ouvrage.