Depuis de nombreuses saisons, le mercato estival est animé par des rumeurs en provenance de la Turquie. Explication de ce phénomène avec plusieurs spécialistes du football turc.
C'est désormais devenu une habitude. Comme à chaque intersaison lors de la période du mercato, les rumeurs en provenance de la Turquie sont légions sur les réseaux sociaux et dans les gazettes turques. Faut-il y prêter une attention particulière ? Plusieurs spécialistes du football turc ont accepté, pour olympique-et-lyonnais.com, de nous expliquer ce phénomène.
Depuis plusieurs saisons, les médias de ce pays animent le mercato, plus ou moins bien. Les réussites de plusieurs joueurs turcs en Ligue 1 font que les rumeurs lient très souvent les clubs français aux joueurs de ce championnat. C'est en tout cas l'avis d'Atakan Anil, responsable de la page @Turcfootball sur Twitter mais également spécialiste de ce football : "Ces rumeurs peuvent s’expliquer par le fait que le championnat turc attire de plus en plus de monde et plus de clubs. Les Turcs réussissent plutôt bien en France comme on peut le voir à Lille où ils ont été champions de France et cela n’est pas rien dans un championnat où il y a le PSG, Lyon, Monaco et d’autres", assure-t-il.
"Les clubs turcs ont besoin de vendre"
Autre aspect sur lequel les joueurs de ce championnat sont fréquemment associés à des rumeurs, fondées ou infondées : les clubs turcs doivent vendre et notamment Fenerbahçe, d'où la rumeur Dimitri Pelkas à l'Olympique lyonnais. "Des rumeurs existent concernant le possible départ de Pelkas. C'est un joueur qui a passé une bonne saison l'année dernière et Fenerbahçe a besoin de vendre. Donc on parle de plusieurs clubs intéressés", nous confirme Yusuf Kenan Çalık, journaliste pour la chaîne de télévision turque NTV. Même son de cloche du côté d'Atakan Anil affirmant "que les clubs turcs ont besoin de vendre et de ce fait la France devient une destination. Les agents, qui sont nombreux en France comme en Turquie, communiquent beaucoup avec les clubs français".
La fiabilité des médias turcs remise en cause
Avec les nombreuses rumeurs fuitant sur les réseaux sociaux mais également dans les médias en provenance de la Turquie, un tri s'avère être nécessaire afin d'identifier l'info pouvant être vraie. Si Fanatik, Fotomaç, NTV Sport et TRT Sport sont les principaux médias sportifs en Turquie, Atakan Anil ne préfère pas se tourner vers eux : "Je ne me fie pas trop aux médias turcs. Je me fie plutôt à Fabrizio Romano et Gianluca Di Marzio (tous deux journalistes à Sky Sport) qui parlent énormément de la Ligue Turque surtout quand il y a un transfert en France, ce sont eux qui sont au point", nous a-t-il confié.
Ancien journaliste au quotidien turc Hurriyet où il y aura passé onze années, Fatih Saboviç pointe du doigt l'évolution du métier en Turquie : "De nombreuses personnes et organisations médiatiques publient délibérément de fausses nouvelles simplement pour être "populaires", parce que leur but principal est de faire du buzz, souffle-t-il. Il n’y a pas d’importance pour eux si cette information est de haute qualité ou non. Parfois, les joueurs, les agents et les clubs peuvent tendre à augmenter le coût du joueur en fournissant des informations sur leurs joueurs. Ils paient beaucoup aux journalistes pour ces fausses informations".
Un avis partagé par Atakan Anil évoquant des "journaux, notamment Fanatik et Fotomaç, qui n’ont plus d’information, et ne sachant plus quoi dire, inventent. Fenerbahçe a fait des transferts, pour certains on ne les voyait pas venir car aucun journal turc n’en a parlé. Les Turcs décident maintenant d’inventer des rumeurs".
Une profession en perte de vitesse
Fondateur de l'agence de sport nommée Sirius Network Agency, il y a six mois, Fatih Saboviç connaît bien la situation médiatique en Turquie : "Là-bas, il y a certains journaux où personne ne croit en leurs informations. Le taux de lecture des journaux est très bas depuis 5-6 ans, concède-t-il. Dans le passé, ces médias étaient dirigés par des gens de la profession journalistique. Mais au cours des 20 dernières années, les journaux ont été vendus à des gens qui ne viennent pas de la profession".
Si les rumeurs et les fausses informations circulent dans le journalisme de sport en Turquie, ce pan du métier n'est pas le seul touché. Fatih Saboviç voit là une confiance écornée envers les médias turcs : "Au cours des 5 à 10 dernières années, les gens ont commencé à suivre les rumeurs de transfert des comptes de médias sociaux comme ils le font pour les informations politiques. Parce que la confiance des gens dans les médias a sérieusement diminué ces dernières années en Turquie. Les grands médias européens connaissent les faits et ne prennent pas la plupart des informations turques au sérieux", nous indique t-il. Preuve de la nouvelle diffusion de l'information en Turquie, l'ancien journaliste nous dirige vers "des journalistes disposant de comptes de médias sociaux solides et diffusant sur YouTube afin de trouver des informations fiables".
Alors qu'il reste encore trois semaines dans ce mercato estival, les rumeurs de transferts en provenance de la Turquie vont continuer. La plupart seront donc à prendre avec des pincettes.
Alors la chapeau,article vraiment original et j'ai appris pas mal de choses .
Je savais qu'il y avait pas mal de tabloïds en Turquie mais pas que les infos étaient inventées à ce point.
Cela met fin aux rumeurs touchant cheyrou.
C'est parce qu'à Lyon, il y a une grosse communauté turc qui suce à mort Erdogan.
Le lyonniste,
Svp de tels propos n'ont rien à faire ici.
Bravo pour l’article, à l’encontre de mes remarques hier!
On entend plus de rumeurs qu’avant au sujet de joueurs turcs quand même, est-ce que l’OL de Cheyrou/Juni a développé un réseau là-bas ? Ou est-ce que c’est que du vent?