OL - Mercato : Jeff Reine-Adelaïde ne rebondira pas à Séville

Allez je fais mon moimoi et poste un copier coller 😉

Au fil de la dégradation de ses résultats, l’Olympique lyonnais incarne un surprenant paradoxe. Valorisée à près de 800 millions d’euros lors de son rachat par l’Américain John Textor en décembre dernier - un record pour un club français - l’OL connaît dans le même temps un déclassement sportif qu’il n’avait plus connu depuis 25 ans.
Propriétaire de son stade de 60 000 places, d’un complexe de loisirs accolé, d’infrastructures rutilantes, d’une franchise américaine de soccer féminin et bientôt d’une Arena multifonctions, Lyon est un mastodonte économique. Neuvième de Ligue 1 après 19 journées, septième en 2020 et huitième en 2022, le club du président Jean-Michel Aulas n’a en revanche plus rien d’un géant sportif.
Mal embarqués en 2023, les Gones pourraient manquer pour la troisième fois en quatre saisons une qualification européenne. Les joueurs et les entraîneurs passent - Laurent Blanc est le cinquième coach en six saisons - les contre-performances restent. Le club semble avoir perdu la recette de ses succès passés. La politique sportive ne fonctionne plus et, en ce domaine, l’OL ressemble à un bateau ivre.
Après une deuxième défaite consécutive à domicile en Ligue 1 le 14 janvier contre Strasbourg, les groupes de supporteurs ne se sont pas contentés de manifester contre certains joueurs mais ont mis en cause les dirigeants, appelant à la démission du directeur du recrutement Bruno Cheyrou et du Directeur du football Vincent Ponsot. Ancien directeur général adjoint en charge du juridique pendant dix ans, ce dernier a été rappelé à sa spécialité par une banderole : « Monsieur Ponsot il est grand temps de laisser le sportif et de revenir à votre premier amour. »
Un mécontentement qui n’a pas été du goût de Jean-Michel Aulas, qui soutient ses hommes de confiance. D’autant que désormais président délégué, il sait que sa position est plus précaire que lorsqu’il était propriétaire. Et pour lui, la meilleure défense est encore l’attaque : « Les Kops peuvent avoir un avis sur les joueurs. C’est leur droit. Mais qu’ils attaquent des dirigeants qui sont exemplaires. C’est moi qu’ils attaquent… »
Les supporteurs seraient donc « méchants » et injustes avec des dirigeants qui sont « des gens irréprochables ». Ancien compagnon de route d’Aulas et ex-proche conseiller, Bernard Lacombe a pourtant agi de manière encore plus radicale, en quittant les tribunes à la mi-temps du match face à Strasbourg, affligé par le spectacle offert : « J’ai vu la suite, mais à la télé chez moi, c’était un peu meilleur ou moins mauvais. »
A Lyon, les responsables semblent n’être jamais ceux qui ont le pouvoir de prendre des décisions. Sauf lorsqu’ils ont quitté le club, à l’image des critiques émises après coup par Jean-Michel Aulas à l’encontre de Juninho, gloire footballistique lyonnaise des années 2000 qui aura tenu deux ans au poste de directeur sportif entre 2019 et 2021. En début d’année, lors d’une galette des rois en petit comité avec quelques médias, Bruno Cheyrou a insisté, selon une source, sur le fait qu’il n’était pas directeur sportif, comme pour décliner toute responsabilité devant la situation actuelle. De son côté, Vincent Ponsot répète à l’envi qu’il ne gère pas les questions sportives.
En octobre dernier, une autre légende de l’OL, Sidney Govou, avait tancé la direction actuelle, pointant « des personnes incompétentes » autour du président. « Je n’ai rien contre Ponsot. J’ai été trop loin dans les termes. C’est surtout de l’incompétence au poste dont je parlais, précise-t-il au Monde, Un directeur du football, on s’attend à ce qu’il parle de sport. »
Pour Govou, l’OL n’a plus rien de la Formule 1 que vantait Aulas il y a quelques années : « On a peut-être la belle carrosserie d’une Ferrari avec des infrastructures magnifiques mais il y a des grosses lacunes dans le moteur, qui est le secteur sportif. » Novateur dans son développement économique, Lyon n’a pas su moderniser son fonctionnement sportif. « L’essence même du haut niveau est de se renouveler en permanence tant dans la façon de fonctionner, de recruter, de coacher…, analyse le septuple champion de France, Or, l’OL n’a pas changé. »
D’un club qui inspirait le respect par ses résultats, Lyon s’est mué en une grande entreprise, symbolisée par l’inauguration de son propre stade en 2016. Educateur puis recruteur au club jusqu’en 2018, Gérard Bonneau a assisté à cette mue : « J’ai connu le club avec trois employés en deuxième division. Avec le grand stade, le projet n’était plus le même. Ce n’était plus un simple club de foot. C’est devenu une grande marque avec des centaines de salariés. »
Oublié le club familial, qui s’était progressivement hissé au plus haut niveau national et européen. « Il y avait une interaction très forte avec des gens qui ont travaillé 20 ans ensemble. On était tous sur le même site : les jeunes, l’académie, les pros et le bureau du président, se souvient Bonneau, le foot il faut que ça reste une association de gens solidaires. Il faut qu’il y ait une communion. C’est ce que vit Lens par exemple. » Entraîneur des gardiens de 2018 à 2020, parti sans un coup de fil de son président à la fin de son contrat, Grégory Coupet confirme la rupture de ce lien étroit : « Il n’y avait plus cette relation entre les dirigeants et le sportif. Tout le monde se rejette la responsabilité et les torts. »
Obnubilé par sa croissance extra-sportive, Jean-Michel Aulas a peut-être oublié la vocation première d’un club de football. Un tournant se serait produit lorsque le président lyonnais a investi de son argent propre pour la construction du grand stade. « Il fallait alors absolument valoriser le projet dans le but d’une future vente », confie un proche du club. Lyon laisse partir ses meilleurs joueurs - de Nabil Fekir, à Memphis Depay, Bruno Guimaraes ou Lucas Paqueta - sans vraiment les remplacer. « Petit à petit, le sportif a pris de moins en moins de place », assène Sidney Govou.
Le départ à la retraite de Lacombe fin 2019 n’a rien arrangé. « Bernard, c’était la piqûre de rappel sportive quand ça allait moins bien. Il était essentiel dans le fonctionnement », plaide l’ancien Bleu. Depuis, personne n’a réussi à incarner le domaine sportif malgré l’espoir de la nomination de Juninho au poste de directeur sportif.
En 2019, alors que le club a déjà entamé sa chute progressive et ne parvient plus à remporter de trophée depuis 2012, Jean-Michel Aulas le convainc de revenir au club, lui promettant les pleins pouvoirs. Profitant de l’immense crédit du Brésilien auprès des supporteurs, il s’achète ainsi la paix sociale.
« La première grosse difficulté a été de devoir trouver tout de suite un entraîneur qui vienne seul sans staff », rappelle Thomas Lacondemine, ex-journaliste et homme de confiance de Juninho. Dans ce cadre très contraint, il choisit Sylvinho, avec l’accord d’Aulas et de Ponsot. L’aventure tourne court et le coach brésilien est remercié au bout de quelques matchs. Juninho perd d’entrée un peu de force. Très vite, il se heurte à Vincent Ponsot, qui tient fermement les cordons de la bourse.
Le Brésilien est étonné par un fonctionnement très différent de son époque, éloigné de sa vision d’un club moderne. « D’un côté, on accorde aux joueurs de très bons salaires, de l’autre, les petites mains essentielles à un staff pro sont payées avec de petits salaires. C’est difficile de créer un esprit de club », raconte un ex-salarié.
Lorsqu’il veut embaucher son ex-coéquipier Patrick Müller, on lui impose Bruno Cheyrou à la tête du recrutement. Circonspect devant l’archaïsme de la cellule de recrutement du club, il se heurte à un refus pour l’étoffer et la moderniser. Il s’intéresse ainsi à un jeune scout spécialiste des datas qu’il a repéré sur les réseaux sociaux mais ne parvient pas à faire valider sa venue. « Il pensait que mon profil pouvait l’aider dans son travail. Après un entretien en septembre 2021, il m’avait rappelé pour m’annoncer que le club ne comprenait pas le besoin d’investir un peu plus dans la cellule de recrutement », raconte Mickaël Marques.
Anxieux de nature, Juninho, qui reconnaît qu’il n’est pas assez politique, voit sa relation avec les autres dirigeants se dégrader. Et il quitte le club de manière prématurée en décembre 2021. « Juni c’est 200 % football. C’est un émotif et il a été confronté à des bureaucrates. C’est sûr que ça ne pouvait pas marcher », analyse Sidney Govou. Bouc émissaire facile, son départ n’a pas inversé la trajectoire déclinante du club.
Revenu aux affaires pour s’occuper de la délicate vente de l’OL qui l'a accaparé de longs mois, Jean-Michel Aulas n’affiche aucune remise en question de son modèle. Est-il encore capable de se renouveler ? « J’ai du mal à le voir faible mais il est comme tout le monde, il vieillit, constate Grégory Coupet, Pas sûr qu’aujourd’hui il puisse faire la bagarre tout seul. » Sidney Govou surenchérit : « Le renouvellement viendra s’il se fait épauler par des gens qui ont une vision plus moderne de la politique sportive. »
Le nouveau boss américain lui en laissera-t-il le temps ? « Il vaudrait mieux que ça se mette à marcher rapidement, s’inquiète Coupet, Vous connaissez les Américains, il n’y aura pas de pitié. »