OL - Mercato : Gonalons et Lyon, cruelle séparation

Maxime Gonalons va rejoindre la Roma sous réserve de satisfaire à la visite médicale. Un transfert qui clôture 17 années à l’OL. Une aventure qui ne se termine pas comme il l’aurait mérité.

Le 20 mai dernier, Alexandre Lacazette inscrivait un doublé, atteignait les 100 buts en Ligue 1 et recevait une ovation lors de son remplacement à quelques minutes de la fin. Plus d’un mois après, il est toujours Lyonnais et trois autres cadres ont quitté les lieux sans avoir eu droit à cet honneur. Mathieu Valbuena n’est pas un Gone, mais il a su lors de sa deuxième saison renverser l’opinion à son égard. Il s’en est allé pour Fenerbahçe. Le transfert de Corentin Tolisso était dans les tuyaux, il s’est rapidement réalisé, moyennant une somme record pour l’OL et le Bayern Munich. Le prochain ? Maxime Gonalons dont le transfert pour l’AS Roma est réglé. "Il est venu ce matin signer son avenant de résiliation", a révélé Jean-Michel Aulas jeudi à l'occasion de la présentation de Ferland Mendy. Un communiqué est tombé vendredi, précisant que les deux clubs se sont mis d'accord sur une indemnité de 5 millions d'euros. Ne manque plus qu’à satisfaire à la visite médicale. Un départ au terme d’une saison décevante, il faut l’admettre, que de nombreux supporters et le président lyonnais n’ont pas manqué de lui faire remarquer. « Captain Max » méritait-il de quitter son club formateur comme cela ? La réponse est clairement non pour Franck Alarbosse, l’un de ses premiers entraîneurs à Lyon. Les messages de remerciements ont d’ailleurs commencé à affluer depuis quelques jours sur les réseaux sociaux.

Pas destiné à être milieu... ni capitaine

Arrivé en 2000 à l’Olympique lyonnais, Maxime Gonalons croise la route de Franck Alarbosse l’année suivante. « A l’époque, on était en U13, il arrivait de Villefranche, raconte le coach. Mais il n’était pas milieu, Max était avant-centre. Je me souviens, pour notre premier match, on joue sur le terrain numéro 10 de la plaine des jeux de Gerland. On gagne 13 à 1 et il plante 7 buts ». C’est six de moins que pendant ses huit saisons chez les professionnels. Chez les jeunes, le Gone était bien différent. Il n’y a pas que sa position sur le terrain qui a changé. « C’était un joueur très technique, un petit gabarit. Il était très bien éduqué, très croyant mais surtout très timide ». Ce temps est révolu. Depuis cinq ans le numéro 21 portait le brassard, n’hésitant pas à donner de la voix pour rameuter ses troupes. Replacé milieu défensif, il a longtemps brillé au sein d’un 4-3-3 ou du milieu en losange. Moins dans le double-pivot du 4-2-3-1 qu’il a formé avec Lucas Tousart. « Qu’il se recentre au milieu, je n’y aurais pas cru, lâche l’éducateur. Il marquait beaucoup de buts devant ». Pour autant, son destin n’était pas tout tracé. Malgré de nombreuses facultés, Gonalons peinait dans les grands rendez-vous. « Ce n’était pas forcément une évidence (qu’il devienne pro). Lorsqu’on affrontait des clubs professionnels, il avait du mal à marquer. Il fallait qu’il travaille là-dessus ». Signe du destin, c’est en Ligue des champions contre le grand Liverpool, à Anfield, qu’il inscrit le premier but de sa carrière. Ce soir-là, il avait remplacé Cris en cours de match pour former avec Jérémy Toulalan une défense centrale totalement inédite.

Un amoureux de l’Olympique lyonnais

Sobre dans son jeu et son attitude, Maxime Gonalons n’en a jamais trop fait. Respecté par tous ses coéquipiers, il l’est également par Franck Alarbosse. « Le garçon était travailleur, j’en garde un super souvenir. A chaque fois qu’on se croise, il vient vers moi, on discute, on échange. Il reste humble, il n’a pas changé ». Les deux hommes se sont vus il y a une quinzaine de jours. Celui qui a également coaché Corentin Tolisso à l’Arbresle, est allé rendre visite dans le sud de la Corse à son ancien poulain. « Je suis arrivé en début d’après-midi et on est resté jusqu’à 11 heures du soir ensemble », glisse-t-il. Après s’être remémoré les bons moments passés en jeunes, ils ont abordé la situation du natif de Vénissieux. « Max est quelqu’un qui a des valeurs, qui est très attaché à l’OL. Il adore son club et la région. Je trouve un peu décevant que ça se termine comme cela. C’est triste pour lui ». Après des derniers semaines tendues du côté de Lyon, Maxime Gonalons découvrira la Serie A l’an prochain. « Il était prêt à partir, mais pas n’importe où. Il sentait que quelque chose s’était cassé. Max a eu des contacts avec un autre club italien, la Lazio, qui le pistait aussi ». Le milieu défensif rejoindra bien la capitale italienne, mais à l’AS Roma, qu’il a contribué à éliminer en huitièmes de finale de Ligue Europa. Proche de rejoindre Naples en 2014, il va cette fois franchir le pas.

« C’est malheureux que ça se termine comme ça »

Malgré l'émergence de Lucas Tousart, rien ne semblait envoyer Maxime Gonalons dans un autre club. Un, voire deux évènements sont venus précipiter les choses. Le dernier but de l’Ajax lors du fiasco à Amsterdam (4-1), un peu. Le milieu s’arrête et lève le bras pour réclamer un hors-jeu inexistant. Beaucoup le lui reprocheront. Le second surtout, eu lieu une semaine plus tard, à la veille du match retour au Parc OL. Des propos tenus dans la presse régionale qui ne plaisent pas à Jean-Michel Aulas. « Par rapport à l’histoire du Progrès, ça n’a pas été forcément bien compris par le club et il s’est peut-être mal exprimé. Ça aurait pu être mieux, mais lui voulait seulement quelques garanties pour savoir comment serait constituée l’équipe la saison prochaine. Aulas l’a mal pris et a répondu », explique Franck Arlabosse. A partir de ce moment-là, « quelque chose s’est cassé », reprend-il. L’hypothèse de voir le capitaine quitter son club formateur prend alors de l’ampleur au fil des semaines. Encore plus lorsque lorsque le président révèle en marge de la présentation de Fernando Marçal qu’il ne portera plus le brassard l’an prochain, s’il reste. « C’est malheureux que ça se termine comme ça pour un gars comme lui, un vrai soldat. Max est un vrai joueur de club, il applique les consignes qu’on lui demande ».

« Avant, il y avait le respect »

Capitaine depuis cinq ans, son navire a parfois tremblé. Jamais Gonalons ne l’a abandonné. « Max ne s’est jamais dégonflé. Il est toujours venu parler avec les supporters, avec les Bad Gones quand ça allait mal, pour essayer de calmer les choses. On sait que dans le football il n’y a plus trop de valeurs humaines. On ne fait plus attention aux gars et on les considère comme des marchandises. Max n’est pas comme ça, c’est un gars de l’ancienne école, attaché aux valeurs ». Le formateur a d’ailleurs discuté avec son ancien joueur des petits jeunes qui se révèlent régulièrement du côté de Lyon, et qui ne sont plus les mêmes qu'avant. « Il m’a expliqué qu’au niveau des nouvelles générations il avait un peu plus de mal. Ils veulent tout, tout de suite. Avant il y avait le respect. Quand il a débuté il jouait avec de sacrés joueurs et il les respectait. Aujourd’hui les jeunes arrivent et peu importe que l’on s’appelle Valbuena ou autre, ils veulent tout bouleverser. Lui n’a pas cette éducation ».

Giallorossi dans les prochains jours, le Rhodanien gardera l’OL en mémoire, c’est une certitude. « Max n’oublie pas par où il est passé à l’inverse de certains », souffle Franck Alarbosse. Nul doute que si Lyon venait à croiser la route de l’AS Roma la saison prochaine, le Parc OL offrira l’ovation que son ancien capitaine mérite. Ce pourrait d'ailleurs être le cas contre Strasbourg lors de la première journée si les conditions sont réunies, comme l'a annoncé Jean-Michel Aulas. En attendant, après les départs de Samuel Umtiti, Corentin Tolisso et celui probable d’Alexandre Lacazette, une page se tourne à l’Olympique lyonnais. Avec les nombreuses recrues qui arrivent, un nouveau cycle va s’ouvrir et il faudra bien négocier ce virage.