OL - Mercato : est-ce toujours si intéressant de recruter au Brésil ?

De Marcelo Djian à Juninho en passant par Sonny Anderson, les Brésiliens ont marqué l’histoire de l’Olympique lyonnais. Depuis quelques années, le club ne recrute plus dans ce pays. Quelles en sont les raisons ? Est-ce une erreur sportive ? Décryptage avec Dominique Baillif, journaliste pour Samba Foot et consultant SFR Sport.

En juillet 2001, Juninho quittait Vasco da Gama pour signer à Lyon. S’en est suivi l’épopée brésilienne qui a mené le club au sommet du football français. Le natif de Recife n'est pas le seul. On pense aussi à Claudio Caçapa, Edmilson, Cris ou encore Fred. Les noms fusent et laissent un bon souvenir à l’OL. La conclusion que l’on peut tirer de « cette ère » est plus que positive. Sept titres de champion de France consécutifs. Et pourtant, mis à part Rafael, le club n’a plus recruté un Brésilien depuis huit ans. Le dernier en date étant Michel Bastos venu de Lille. Dominique Baillif, journaliste pour Samba Foot, site consacré à l'actualité du football brésilien, dresse le bilan de la domination lyonnaise des années 2000 : « Le recrutement des Brésiliens il y a quelques années ne peut être que positif car ce sont des joueurs qui ont su s'imposer dans cette équipe, bonifier le jeu de Lyon et coïncider avec la période faste des Lyonnais en Ligue 1. » L’attitude de quelques joueurs de l’OL est souvent décriée. Un constat qui n'existait pas pendant la période glorieuse. « Ce sont des joueurs qui ont été exemplaires sur et en dehors du terrain. Ce n'est pas étonnant de retrouver Cris et Caçapa au sein du club actuellement, évoque-t-il. Ils ont marqué l'histoire récente du club, sont attachés et identifiés à Lyon en attendant un retour de Juninho. »

« Il y a évidemment des joueurs qui auraient leur place à Lyon. »

Mais pourquoi Lyon a-t-il subitement arrêté de recruter dans le pays sud-américain ? Le problème est simple selon Dominique Baillif : « Selon moi, le facteur qui explique une baisse du recrutement de joueurs brésiliens est économique. Le club a décidé de privilégier la formation ces dernières années et moins investir sur des joueurs étrangers. Sans oublier aussi que le prix des bons footballeurs brésiliens a augmenté et il est difficile pour Lyon de concurrencer les grosses écuries européennes sur certains jeunes profils prometteurs. » Pendant la période de transition liée à la construction du Parc OL, les Gones ont été contraints de se concentrer exclusivement sur le centre de formation. Pari risqué mais pari gagnant. De nombreux talents sont sortis de l’académie comme Anthony Martial, Samuel Umtiti, Corentin Tolisso ou encore Alexandre Lacazette pour lequel des grands clubs européens sont prêts à casser la tirelire. Depuis, les dirigeants se retrouvent dans un réel dilemme. Se remettre à investir massivement ou continuer à se baser sur le centre de formation ? Le choix semble être compliqué à prendre. Néanmoins, de nouvelles pépites se développent chaque saison de l’autre côté de l’Atlantique. « Le Brésil dispose toujours de joueurs talentueux comme on a pu le voir ces derniers mois avec Gabriel Jesus. Même s’ils évoluent au pays, certains d’entre eux parviennent même à jouer pour la Seleção. Je pense à Diego Souza et Dudu, note l’expert. Le Brésil continue de sortir énormément de joyaux mais vend désormais de plus en plus jeune, ce qui peut représenter un frein à leur progression. Dans les effectifs actuels des clubs de première division, il y a évidemment des joueurs qui auraient leur place à Lyon. »

« Le réseau du club devrait permettre de s'attacher les services d'un très bon joueur. »

L’Olympique lyonnais multiplie les pistes depuis plusieurs semaines maintenant. Certains postes sont à pourvoir. En effet, un latéral gauche, un défenseur central, un ailier droit ainsi qu’un attaquant de pointe sont désirés. En faisant l’état des lieux des joueurs convoités, on remarque que la prospection lyonnaise est limitée à l’Europe, au grand désespoir de nombreux supporters. Et pourtant, le Brésil reste un vivier de bonnes affaires et certaines d’entre-elles seraient très intéressantes. « Pour le poste de latéral gauche, Guilherme Araña des Corinthians pourrait être une bonne recrue. En défense centrale, je dirais Rodrigo Caio de São Paulo. Luan qui évolue à Grêmio serait également un renfort de qualité dans le secteur offensif », propose-t-il. « La problématique concernant Lyon sur le marché brésilien réside dans le montant du transfert. Pour des joueurs capables de s'imposer de suite dans son effectif, il faut mettre les moyens. Mais le réseau du club devrait permettre de s'attacher les services d'un très bon joueur. »

« Réactiver les relations avec le Brésil. » C’étaient les mots prononcés par Jean-Michel Aulas dans les couloirs du Parc OL au terme de la saison 2016-17. Alors qu’on connait son désir d'enrôler Juninho dans un poste de directeur sportif, l’Olympique lyonnais aurait également tout intérêt à relancer son recrutement du côté du Brésil.