OL : Lyon pouvait-il faire mieux ?

Quel match bizarre tout de même. Alors que le plan de jeu lyonnais s'est avéré efficace jusqu'à l'interruption du match, Hubert Fournier ne s'est pas adapté à la situation, ce qui n'a pas profité à son équipe. C'est dommage, car le coup était bien joué jusque là.

Aujourd'hui, l'OL est peut-être le rival principal de l'OM. Plus que le PSG. En effet, le contexte est chargé entre les deux équipes. Jean-Michel Aulas et Vincent Labrune adorent se tester par presse interposée depuis quelques années, les Marseillais se sentent souvent lésés au niveau de l'arbitrage face aux Lyonnais, et depuis cette saison le "traître à la patrie" Valbuena est avec les Gones. Face à tout cela, Hubert Fournier avait préparé son coup.

Attendre et laisser le jeu

Etant donné le placement très haut des latéraux marseillais (Mendy et Manquillo), Fournier a mis en place deux lignes de quatre à plat pour les contrer. On voit donc Beauvue se positionner comme milieu gauche en phase défensive.

On l'a constaté sur le terrain, et cela a été confirmé par les acteurs du match. A commencer par Bruno Génésio au micro de Laurent Paganelli dès le début du mach. "On avait prévu un bloc un peu plus bas en ce début de match, tout en se projetant vite en phase offensive". Jordan Ferri, remplaçant, ne dit pas mieux. "On avait prévu de leur laisser la possession de balle, en profitant des espaces car quand ils ont le ballon, ils laissent des espaces dans le dos de la défense". Oui, vous lisez bien, les Gones ont sciemment laissé le cours du jeu aux Phocéens. Tactique très inhabituelle, mais qui répondait sans doute au contexte qui entourait le match. Hubert Fournier a considéré que les joueurs de Michel allaient se sentir galvanisés et donc qu'ils allaient jouer haut. Cela s'est confirmé dans les chiffres, avec seulement 52% de possession pour les Rhodaniens durant tout le match (en supériorité numérique pendant 45 minutes qui plus est). Aussi, symbole de cette volonté de défendre et de rester compact, les coéquipiers de Maxime Gonalons ont remporté 55% des duels avant l'interruption. Dans ce cadre, les latéraux marseillais avaient déjà une trentaine de ballons à leur actif lors de la première demi-heure, étant donné la volonté de l'entraîneur de l'OM de jouer sur les côtés. Face à cela, Fournier a répondu par un 4-4-2 à plat en phase défensive (voir image 1), avec Beauvue se positionnant en milieu gauche pour bloquer Manquillo . C'est sans doute ce gros travail défensif qui a couté à Air Beauvue dans son rôle offensif, notamment dans les duels avec Nkoulou ou Rekik lors des remontées de balle... Une fois ce bloc équipe bien étanche, le trio est entré en scène.

Presque du 100%

Avec le ballon, Valbuena effectue une course parallèle à la ligne défensive de l'OM (pas du tout alignée ici). Au contraire, et en profitant de ce mauvais alignement, Beauvue ouvre l'espace à Lacazette, et Valbuena n'a plus qu'à lui glisser.

Très imprécis dans le jeu dans l'entame de match, le trio offensif lyonnais (Lacazette, Valbuena, Beauvue) a parfois peiné à jouer son rôle. A savoir une fois le ballon récupéré, faire monter le bloc en gardant le cuir et surtout jouer les contres rapidement en peu de touche. Quant à Valbuena, malgré la pression du public et le semblant de traitement de faveur à son encontre (réel ou pas), il a réalisé son meilleur match sous les couleurs de l'OL. N'hésitant pas à demander le ballon (75 touchés durant la partie), particulièrement dans les 35 derniers mètres adverses (la moitié de ses ballons environ), sa vivacité et sa capacité à jouer entre les lignes ont véritablement dérangé l'OM, pour preuve les fautes énormes dont il a été victime de la part de Rekik et Barrada (voulues ou pas, on mettra de côté celle d'Alessandrini, semble-t-il involontaire). Il aurait même pu offrir la victoire à son équipe en fin de match, mais il a manqué de précision puis de lucidité sur ses deux reprises. Or, sur une action, le trio a montré qu'il pouvait faire mal. Aux 35 mètres, P'tit Vélo a le ballon, et les deux pointes sont devant lui dans l'axe. L'ancien guingampais fait le bon appel vers l'extérieur et embarque Rekik. Dès lors, l'axe est ouvert et le Gone de Mermoz s'engouffre dans la brèche (image 2). L'ancien phocéen n'a plus qu'à glisser le ballon, et Lacazette d'obtenir le penalty. On notera le mental de ce dernier pour le tirer, bien motivé par Valbuena. Sur la deuxième action dangereuse, c'est Tolisso qui se retrouve dans le rôle du meneur. Beauvue décroche cette fois-ci et ouvre une nouvelle fois l'axe à Lacazette (image 3), qui se présente seul face à Mandanda mais tire sur le poteau. C'était presque parfait ...

Une deuxième preuve que l'entente entre les deux attaquants peut-être bonne cette saison. L'un décroche pour ouvrir l'espace à l'autre. Et ce n'est pas passé loin ...

Lyon a manqué de cran face à 11 Marseillais !

Alors que les Rhodaniens semblaient avoir la main mise sur le match, celui-ci a été interrompu par les événements que l'on sait. On remarque déjà la différence d'attitude entre les deux équipes : alors qu'une équipe est déjà sur le terrain depuis plusieurs minutes, impatiente de reprendre, l'autre attend dans les vestiaires et le discours est prudent. Jean-Michel Aulas évoque notamment une possible victoire sur tapis vert. Quoi de plus normal alors de voir l'OL encore plus attentiste à la reprise du jeu, pensant sans doute que le plus dur était fait en menant 1-0 au Vélodrome, en supériorité numérique qui plus est. Grave erreur. Symbole de cet attentisme, la capacité à gagner les duels. En effet, Marseille gagne 70% de ses duels en 2ème période ! En outre, la sortie de Sergi Darder à la 70ème a perturbé les Gones. Touchant certes peu de ballons, c'est sa faculté de récupération qui a servi à ses coéquipiers lors de cette partie (11 ballons sur ses 39 joués), de même que son activité (déjà 5 km parcourus à la 40ème!). Le jeu de Jordan Ferri, précieux lorsque l'OL a la gonfle, a été contre-productif son équipe étant dominée. D'ailleurs, ce n'est pas un hasard si le but a été concédé sur corner, mal lyonnais depuis plusieurs saisons s'il en est, accentué quand l'escouade lyonnais est dominée. Hubert Fournier n'a peut-être pas su remotiver ses troupes, et surtout dresser un plan de jeu un peu plus audacieux face à 10 Marseillais ... ou plutôt 11 si on considère le public bouillant du Vélodrome. La tâche était tout de même ardue.