OL : le mental lyonnais analysé par un spécialiste 

Une défaillance mentale et psychologique s’est clairement fait ressentir à l'OL, la saison dernière. Décryptage avec Jacques Hervet, coach mental labellisé « accompagnateur professionnel de la performance INSEP » (APPI).

Parti avec de grandes ambitions, l’Olympique lyonnais visait le podium en championnat la saison dernière. Un objectif qui n’a pas été réalisé par l’équipe de Bruno Genesio. En effet, les Gones ont terminé à une quatrième place bien triste. L’histoire est encore plus regrettable quand on constate que l’OL a perdu 16 points en championnat contre les équipes de deuxième moitié de tableau. Faute à la tactique mise en place, au jeu déployé mais aussi au mental. « Du point de vue collectif, le manque de constance dans les prestations mais aussi dans les résultats a pénalisé Lyon sur le plan mental et donc psychologique, juge le coach mental Jacques Hervet. Selon moi, il y aurait dû avoir au sein du club quelqu’un qui travaille sur l’individu. Si chaque joueur travaille sur sa propre personne grâce à l’aide d’un préparateur mental, alors le collectif évoluera. » Le spécialiste compare les performances du club rhodanien à celles de l’AS Monaco, du Paris Saint-Germain et également de l’OGC Nice. Selon lui, le mental a joué un rôle clé dans la réussites des trois équipes qui composent le podium. « La saison dernière, l’Olympique lyonnais a connu beaucoup trop de hauts et de bas et a manqué de régularité, note-t-il. En conférence de presse, l’entraîneur et les joueurs ne trouvaient jamais de réponse claire quand on leur demandait d’expliquer les prestations du week-end. On est donc en droit de se poser la question : «est-ce qu’ils ne laissent pas faire au final ?» A Monaco, à Nice et à Paris, il y avait énormément de mental. L’entraîneur et les joueurs jouaient ensemble vers un but commun. »

« Ce métier doit être institutionnalisé dans le football français. »

De nombreux clubs européens, essentiellement les grosses écuries, engagent des coachs mentaux pour optimiser la préparation des joueurs. Toutefois, le métier reste décrié en France. Jacques Hervet pense que certains clubs de Ligue 1 devraient y accorder davantage d’importance : « L’investissement financier d’un coach mental est faible pour un club professionnel comme l’OL donc cela pourrait être très intéressant. Néanmoins, cela ne sert à rien de recruter pour recruter. Il faut bien le faire, avoir des discussions pas seulement avec la direction mais aussi avec le staff et les joueurs cadres. Quand on regarde les organigrammes des clubs, on remarque qu’on trouve toutes les professions sauf le poste de préparateur mental. Ce métier doit être institutionnalisé dans le football français. » En revanche, il ne néglige pas le fait que le coach mental doit exercer sa profession de la meilleure des manières car il constitue le risque de bouleverser un effectif. « Le domaine d’intervention doit être précis. Parfois, c’est très difficile pour les personnes déjà en place au club car elles n’aiment pas être perturbées par tout le monde. Tout ce process permettra a posteriori de développer l’intelligence collective, explique-t-il. Engager un préparateur mental reste bénéfique. Le but étant de gérer les fortes personnalités et les personnes un peu plus en retrait dans l’objectif que la personne adhère au travail du préparateur. Ce dernier doit essayer de capter l’attention. »

« Engager un coach mental ? Lyon pourrait le faire »

Quel est l'apport d'un coach mental la veille d'un match ? « Le travail se fait en amont et en aval, explique Jacques Hervet. En veille de match, c’est un travail collectif entre les joueurs où le préparateur mental ne doit pas être là. Éventuellement en veille stratégique, il peut être parmi le groupe pour donner des conseils si nécessaire. L’objectif est que les joueurs sachent perfectionner leur préparation tout seul grâce au travail effectué avec le préparateur en amont pendant la semaine. C’est du cas par cas. Le métier requiert une grande adaptation, on pourrait même parler de sur-mesure. » Pour Jacques Hervet qui décrit sa profession comme « l’artisan qui va mettre son parcours au service d’un joueur ou d’une équipe », l’OL a tout intérêt à enrôler un préparateur mental pour la saison à venir. « Engager un coach mental permet de proposer quelque chose de créatif sans pour autant révolutionner le club. Lyon pourrait le faire, pense-t-il. Le seul risque réside dans la capacité à gérer une multitude de joueurs. Il faut trouver la bonne personne et qu’elle soit investie. » Reste à savoir si la direction et le staff de l’Olympique lyonnais sont prêts à franchir le pas.