OL : Lacazette, une histoire à écrire en Bleu

Encore double buteur dimanche soir contre l’OM (3-1), Alexandre Lacazette marche sur l’eau depuis quelques semaines. Ses performances exceptionnelles lui donnent le droit de rêver à nouveau à l’équipe de France. Mais Didier Deschamps compte-t-il réellement sur lui ?

C’est une histoire qui tarde à prendre son envol. Celle entre Alexandre Lacazette et l’équipe de France. Époustouflant, ces dernières semaines avec l’Olympique lyonnais, l’attaquant, qui s’appuie sur des statistiques exceptionnelles peut à nous rêver à un avenir en Bleu. Buteur à cinq reprises depuis le début de l’année 2017 (en trois matches), le numéro dix de l’OL écrase tout sur son passage. Sa récente démonstration de force face à Marseille (3-1), contre qui il a inscrit un doublé, ne peut qu’en témoigner. En Europe, aucun attaquant français ne fait mieux que lui. Avec dix-sept buts en Ligue 1 cette saison, il est tout simplement le deuxième meilleur buteur du Vieux Continent en championnat (derrière Cavani, 20 buts). Mieux, depuis la saison 2013-2014 et son passage dans l’axe, il scoré à quatre-vingt reprises en L1. Ce qui lui confère le statut de meilleur buteur français en championnat sur cette période, devant Antoine Griezmann (68 buts) et Karim Benzema (61 buts). Les chiffres parlent en faveur du Lyonnais. Pourtant Didier Deschamps ne lui accorde que très peu, si ce n’est pas du tout, de crédit en équipe de France. Le sélectionneur français n’a plus convoqué, le Guadeloupéen depuis mai 2016. A cette époque, Lacazette (10 sélections, un but), faisait partie de la liste des huit réservistes pour l’Euro. Pour revoir le Rhodanien sous le maillot Bleu, il faut remonter à novembre 2015 et un match contre le Danemark à Copenhague, durant lequel il avait remplacé Olivier Giroud.  

Quatrième dans la hiérarchie des attaquants de pointe

Questionné dimanche soir, sur l’équipe de France, après son doublé contre Marseille, Alexandre Lacazette a soufflé. « C'est encore un peu loin... On pense d'abord à l'Olympique lyonnais. Après, on verra si ça tape dans l'œil du sélectionneur, ou pas. Ce n'est pas à ça que je pense ce soir. » L’attaquant ne se voile pas la face, il sait qu’en pointe, il est loin d’être le choix numéro un de Didier Deschamps. Ce privilège revient à Olivier Giroud, titulaire à l’Euro et indéboulonnable. C’est le Gunner qui occupait l’axe de l’attaque française en novembre dans un match capital contre la Suède, alors qu’il se contentait du banc à Arsenal. Écarté l’hypothèse d’un retour de Karim Benzema en Bleu, l’ancien Montpelliérain bénéficie d’un statut, qui sera difficile à lui retirer. Derrière lui, Kévin Gameiro, a retrouvé du crédit au sein de la sélection. Son doublé contre la Bulgarie début octobre, l’a bien aidé. Il semble s’être installé dans le groupe France, et sa complicité avec Antoine Griezmann représente un atout supplémentaire. André-Pierre Gignac, présent durant le championnat d’Europe, mais moins performant cette année avec les Tigres de Monterrey, a perdu sa place de remplaçant au dépend du joueur de l’Atletico Madrid. Le sélectionneur ne l’oublie pas pour autant, et le convoque en cas de blessure d’un de ses deux numéros neuf. Ce fut le cas, en octobre dernier. La hiérarchie semble donc bien établie. Lacazette apparaît comme le quatrième choix dans l’esprit de Deschamps. Et ce, malgré de meilleures statistiques que ses concurrents directs. Même si cela reste envisageable, le champion du monde 1998 ne sélectionnera pas non plus le Lyonnais pour jouer sur une aile. Lors du dernier rassemblement, Nabil Fekir, dans ce rôle, avait été préféré à son partenaire en club.

Suivre l’exemple Samuel Umtiti ?

C’est un constat difficile pour les joueurs évoluant dans le championnat de France : Didier Deschamps ne confère que très peu de crédit à la Ligue 1. Des ving-trois premiers sélectionnés pour l’Euro 2016, seuls cinq évoluaient dans l’hexagone (Mandanda, Costil, Jallet, Diarra et Matuidi). Le sélectionneur, contraint et forcé par la blessure de Jérémy Mathieu (il avait déjà remplacé Varane par Rami qui ne faisait pas partie de la liste des réservistes), a dû intégrer le Lyonnais Samuel Umtiti. Transféré à Barcelone fin juin, le défenseur central ne quitte plus le groupe France depuis. Ses bonnes prestations à l’Euro lui ont permis de s’installer. Son transfert l’a également bien aidé.  « Il a fait un très bon début de saison (...) C’est une très bonne chose pour lui. Le faire au Barça, ça donne encore plus d’ampleur et de valeur à ses performances », déclarait l'ancien entraîneur de l'OM, en novembre à propos du joueur formé à l’OL.

Alexandre Lacazette se questionne donc. « Je me demande si de nombreux sélectionneurs ne prendraient pas ce joueur (lui-même), si avec mes stats, je changeais de nom et de club. Je vais continuer à travailler pour convaincre Didier Deschamps. Je ne lâche rien. On me demande de marquer des buts. J'ai marqué des buts et ça n'a pas suffi. Je ne sais pas aussi si c'est le Championnat qui n'est pas assez relevé », confiait-il début décembre. Si les non-convocations du meilleur buteur lyonnais s’expliquent peut-être par le niveau de la Ligue 1, il gagnerait en crédibilité en étant décisif en Coupe d’Europe. Le capitaine de France 98 va en ce sens. « Il y a une concurrence à ce poste d’attaquant. Il est déjà venu et potentiellement, il a beaucoup de qualités. Ce n’est pas pour dénigrer la Ligue 1, mais sincèrement, je m’appuie plus sur un match de Ligue des champions que sur un match de L1 » a avoué le sélectionneur, le mois dernier, à propos du numéro dix lyonnais. Avec seulement cinq buts en 22 matches de C1, les statiques ne parlent pas, et c’est bien rare, en faveur du buteur rhodanien. Pour écrire son histoire en Bleu, Alexandre Lacazette semble donc contraint de quitter son club formateur. Reste à savoir si sur ses bases actuelles, il fera changer d’avis le pourtant pragmatique, Didier Deschamps.