OL : Jordan Ferri se raconte

Les interviews de l'été - Après Sergi Darder, place à Jordan Ferri qui s'était confessé il y a quelques mois...

Avec lui, c’est toujours la même histoire. Pas considéré, sur le papier, comme un joueur cadre mais qui parvient, à force de travail, à se rendre incontournable dans une équipe. Combatif sur un terrain, plutôt discret et très famille dans l’intimité, le milieu de terrain de l’OL Jordan Ferri, 24 ans, a accepté de se raconter.

Pour débuter cet entretien, nous vous proposons de vous replonger dans vos souvenirs. 
À 15 ans, vous débarquez au centre de formation de l’OL, et la première nuit vous vous dites que finalement ce n’est peut-être pas fait pour vous...

Jordan Ferri : Effectivement (sourire). Je suis issu d’une famille où l’on est tout le temps les uns chez les autres. Une vraie famille du Sud (sourire). Je n’avais jamais vécu sans mes parents. À la maison, il y avait toujours du monde, comme mes cousins... Donc se retrouver dans une grande ville dans laquelle on ne connaît personne, ce n’est vraiment pas facile. La première nuit au centre de formation, je n’ai pas fermé l’œil. Le lendemain, j’ai téléphoné à ma mère, je lui ai dit que je ne le sentais pas, que ce n’était pas fait pour moi. Elle m’a rassuré en me disant de me laisser un peu de temps et de décider plus tard. À la fin de la semaine, je l’ai rappelée pour lui dire que je ne voulais plus partir (rire). Je me suis lié d’amitié avec certains de mes coéquipiers. Ces trois années passées au centre, c’est sûr que je ne les oublierai jamais.

Racontez-nous votre parcours.
Vous avez toujours été passionné par le football ?

Mon père a joué à un petit niveau vers chez moi. Après, j’ai commencé le foot très tôt, vers l’âge de 4 ans. J’ai toujours joué au ballon, mais, étant petit, regarder le foot à la télé, ça ne m’intéressait pas trop. À part les grands grands matchs, comme les coupes du monde. Maintenant je prends goût à regarder les rencontres, je m’y intéresse beaucoup plus. Je regarde même mes matchs, j’essaie d’être de plus en plus professionnel.

Lors de l’arrivée de l’Espagnol Sergi Darder, vous étiez annoncé comme forcément remplaçant. Finalement vous avez joué. On a l’impression que vous devez toujours prouver plus que les autres, non ?

Ce n’est pas la première fois que je vis ça. On peut dire que ça a été comme ça tout au long de ma carrière. À chaque début de saison, peut-être qu’on ne comptait pas sur moi, mais au final je jouais beaucoup de matchs, voire toute la saison. C’est ce qui m’était arrivé en CFA (réserve), il y avait beaucoup de concurrence et j’ai fini par jouer tous les matchs. Donc c’est une situation que je connais et qui me va bien. Cela me permet de me foutre une petite claque en début de saison et de me dire : Voilà, tu as toute la saison pour travailler et aider le plus possible l’équipe. C’est vrai que ça correspond à ma mentalité (sourire).

Certes, mais comment expliquez-vous qu’on vous perçoive au départ comme un remplaçant ?

Je suis peut-être moins élégant que mes coéquipiers au milieu de terrain. Peut-être que je suis moins décisif ou moins en lumière. Mais c’est comme ça depuis le début de ma carrière et ça me permet d’avancer tranquillement. C’est ma troisième ou quatrième saison en tant que professionnel et j’arrive à chaque fois à jouer beaucoup de matchs et à être décisif. Je n’ai pas à me plaindre.

Est-ce qu’on a un sentiment de revanche dans ces cas-là ?

(Il sourit.) Un petit peu. Mais j’ai une grosse force mentale. Si j’en suis là aujourd’hui, c’est que j’ai beaucoup travaillé. À l’origine, j’ai peut-être moins de qualités que mes coéquipiers au milieu de terrain, mais j’ai travaillé dur pour en arriver là et ce que j’ai aujourd’hui, je ne l’ai pas volé.

Sur les réseaux sociaux, on lit parfois : “Ferri, le petit gros”. C’est blessant qu’on vous parle toujours de votre morphologie (1,72 m, 70 kg) ou cela ne vous touche pas plus que ça ?

Ça me fait plutôt sourire. Tant que je le vis bien et que ça n’atteint pas mes proches, ça me va. Je fais mon métier, je suis heureux. Je me lève le matin, je vis de ma passion. Je reste un privilégié. On voit que dans le foot moderne il y a des petits gabarits qui réussissent très bien. L’exemple le plus récent, c’est Marco Verratti au PSG. Plus jeune, c’était plus compliqué, car à une époque on privilégiait les grands gabarits, surtout au milieu de terrain. Encore une fois, ça ne me gêne pas plus que ça.

Vous faites attention à votre alimentation ?

C’est quelque chose que j’ai appris avec le métier de footballeur. C’est la chose sur laquelle je dois être le plus attentif, car j’ai une morphologie qui fait que je dois faire constamment attention. J’ai appris ça avec le docteur du club, les préparateurs physiques... Je sais que c’est quelque chose qui va me suivre tout au long de ma carrière.

À titre personnel, dans quel domaine devez-vous progresser ?

Dans le foot, on peut progresser à tous les niveaux. C’est ce qui fait la beauté de ce métier. Que ça soit techniquement, tactiquement, physiquement. Mais je pense que je peux travailler sur ma vivacité, essayer de diminuer le déchet de mes passes au maximum. C’est primordial. Je peux aussi travailler mon mauvais pied, mon jeu de tête. On peut vraiment tout améliorer.

Avez-vous un plan de carrière ?
 Par exemple, souhaitez-vous un jour évoluer à l’étranger ?

Je n’irais pas jusqu’à dire que j’ai un plan de carrière. Il y a un tel projet à Lyon que je ne pense pas qu’on puisse trouver mieux en France, mis à part Paris, mais ils sont dans une autre dimension. Je suis bien à l’Olympique lyonnais et j’ai tellement envie de rendre ce que le club m’a donné que j’ai pleinement ma tête et mon cœur ici. Après, dans le foot, tout peut aller très vite. Les clubs étrangers ont des arguments financiers pour attirer des joueurs, mais à l’heure actuelle, je suis pleinement à l’OL.

Que faites-vous en dehors des terrains, une fois les crampons rangés ?

Je reste un jeune de 24 ans. Je suis avec mes amis, je joue à la Playstation. Il y a une belle ville, donc j’en profite. J’aime bien aussi retrouver une vie calme à l’abri du monde. J’apprécie de prendre du recul. C’est pour ça que, dès que j’en ai l’occasion, je descends chez ma famille dans le Sud.

Visiblement, vous aimez bien les animaux. D’ailleurs, vous avez un très joli husky...

Oui (il se marre). C’est une passion depuis tout petit. Des animaux, j’en ai toujours eu.

Vous avez 24 ans, vous jouez dans un grand club, qu’est-ce qui est le plus dur à gérer lorsqu’on est footballeur ?

Le plus dur, c’est de bien s’entourer. Le plus important, c’est d’avoir autour de soi des personnes qu’on a connues avant de devenir joueur professionnel. En tout cas, c’est ce qui me permet d’avoir cet équilibre. Pour ma part, j’ai mon meilleur ami qui est à Lyon, que je connais depuis que je suis petit. Ma famille monte régulièrement me voir. Ma sœur vit également à Lyon. L’entourage fait l’environnement du joueur. Je n’ai pas encore de vie de famille ici, je n’ai pas d’enfants, donc l’entourage est très important.

L’entourage des joueurs est souvent à l’origine de sérieux soucis...

Bien sûr. On reste des gamins, on gagne très très bien notre vie. Ça peut faire tourner la tête de certains et attirer de mauvaises personnes qui promettent de belles choses. C’est compliqué à gérer. C’est vraiment ça, le premier danger pour un footballeur.

On constate ces dernières années que bien trop souvent les joueurs de football sont déconnectés de la réalité...

Pour ne pas se déconnecter de la réalité, il faut avoir des gens dans son entourage qui sont, entre guillemets, dans la vie réelle. On reste des privilégiés. J’ai la chance d’avoir gardé mes amis d’enfance. Je suis souvent au téléphone avec eux, j’essaie de les voir le plus possible. Ils me montrent la réalité des choses. Cela me confirme que j’ai une chance inouïe et je n’ai pas envie de la gâcher. Voir mes potes qui bossent dur et qui ont du mal à construire leur vie de famille... En voyant ça, je me dis que je n’ai pas le droit de faire n’importe quoi.

Le fait d’être un joueur moins médiatisé, mis en avant, au sein de l’effectif de l’OL, cela vous irrite-t-il ou au contraire vous arrange ?

Ça me va très bien. Je le vis bien, parce qu’être mis en lumière constamment met une pression supplémentaire. Après, je ne dis pas que je ne pourrais pas la gérer, mais je le vis bien. Je peux me balader en ville tranquillement, aller au cinéma. Mais ce qui est bien à Lyon c’est que les gens ne sont pas oppressants, il n’y a pas de clash comme il peut y avoir dans d’autres clubs. Je connais un peu Marseille et je sais que c’est une mentalité différente. Il y a une ferveur qui est beaucoup plus forte, mais à Lyon ce qui est fort appréciable, c’est que nos supporters savent respecter nos vies privées.

Pour finir, vous êtes comment dans le vestiaire : du genre à prendre la parole pour dire le fond de votre pensée ?

À l’heure actuelle, je ne me sens pas encore prêt à prendre la parole. Je suis plus quelqu'un qui va montrer sur le terrain par sa générosité, etc. Je parle plus sur le terrain que dans le vestiaire. Je n’aime pas parler avant, car pour moi on peut dire ce qu’on veut, mais au final, c’est toujours le terrain qui compte.

12 commentaires
  1. Avatar
    Pat Bour - lun 25 Juil 16 à 9 h 59

    A la grande époque de lyon dans les années 2000 Sydney Govou a connu le même problème chaque début de saison comme remplaçant pendant 7 à 10 ans , quand on voit sa carrière exceptionnelle à OL c'est pas un problème il était fin de saison le titulaire .

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    OLBeijing - lun 25 Juil 16 à 10 h 09

    Peut être mon joueur préféré à l'heure actuelle. Très bonne mentalité en dehors et sur le terrain.

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    Bamaki - lun 25 Juil 16 à 10 h 12

    Joueur sous coté, notamment en comparaison à Tolisso...Je préfère de loin l'équipe avec Ferri et Darder.

  4. poussin
    poussin - lun 25 Juil 16 à 10 h 36

    ça fait du bien de voir qu'il existe encore des joueurs de foot aussi humble à l'heure où l'argent fait tourner les têtes. Il n'ai peu être pas aussi bling bling que certains mais son activité incessante et sa générosité dans le travail porteront ses fruits. Sa complémentarité avec Darder en fin de saison dernière en est la preuve. Qu'il continue et franchisse un nouveau palier avec la LDC et accéssoirement un titre pour cette saison.

  5. NicoLG
    Pantagruel - lun 25 Juil 16 à 10 h 37

    Ce n'est pas le plus talentueux mais il est travailleur et pugnace. Il a certes du déchet dans son jeu mais il a beaucoup progressé dans ce domaine et il compense largement ses quelques défaillances technique par un pressing inlassable et des déplacements toujours intéressants.

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    Elyes WE Khan - lun 25 Juil 16 à 11 h 12

    POUR une fois je suis d'accord avec tout les commentaires. Autant dire que Jordan Ferri met tout le monde d'accord. Je ne peux rien rajouter tout est dit. J'espère juste que sa complémentarité avec Darder va se confirmer et atteindre l'excellence.

  7. SapeCommeJallet
    SapeCommeJallet - lun 25 Juil 16 à 11 h 22

    Certains ont un mental naturellement au dessus des autres de part leurs vécus, leurs personnalités ou leurs éducations et Jordan ferri en fait parti.
    En témoigne sa fantastique et mémorable reprise en main en début de saison passé alors que les autres peinaient à assumer leur prolongations.
    Faudrait qu'il travaille sa finition pour définitivement passer devant Tolisso. Son plat du pied non cadré face a valence à gerland à 3 mètres du but, omg j'ai hurlé.

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    Thericks - lun 25 Juil 16 à 11 h 30

    Ya que moi qui ai cru lire au début : "Jordan Ferri se LA raconte" ?
    😀

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    Slaimer - lun 25 Juil 16 à 11 h 54

    Oui je pense que l'on n'est tous d'accord sur le sujet Jordan est l'un des Lyonnais qui à le plus progresser c'est 2 dernières années à Lyon. Il à prouver l'année dernière qu'il à sa place dans une équipe Lyonnaise qui peut jouer la LDC, pour 3 places dans notre milieu on à besoin au minimum de 5 joueurs de bon niveaux, et il en fait partit.
    Comme Darder j'adore son caractère un peu anti starlette.

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    OL-38 - lun 25 Juil 16 à 14 h 05

    Bonjour à tous,
    Oui Jordan Ferri à beaucoup progresser, je me rappel de son but contre Paris. Cela à du le motiver encore plus, maintenant, il joue de plus en plus bien, il dois continuer comme ça. Après oui, Ferri peut jouer à la place de Darder pour faire souffler et laisse se reposer Dardar

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    OL-38 - lun 25 Juil 16 à 14 h 06

    C'est vrai, que Ferri et Darder, ont un profil similaire et ont à peu prés les mêmes qualités.

  12. FLEURY PPDG
    Monrne - lun 25 Juil 16 à 19 h 07

    J'ai toujours pris parti pour Lui car il a souvent été critiqué.Pour moi il est important dans notre dispositif et son entente avec Sergi me semble à moi aussi très intéressante.
    Continue ainsi Jordan et si ta marge de progression dans les domaines cités se concrétise du va passer du statut important à indispensable et sincèrement je te le souhaite.

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