Les interviews de l’été – Après Sergi Darder, Jordan Ferri, c'est le défenseur Jérémy Morel qui s’était confessé il y a quelques mois…
C’est un footballeur atypique, qui apprécie de passer du temps à la campagne, en compagnie de ses chiens de race terre-neuve, très loin des établissements de nuit à la mode. Malgré une certaine timidité au premier abord, Jérémy Morel, 32 ans, a joué le jeu de l’interview-confession.
Lors de votre départ de l’OM, en juin 2015, vous avez rédigé un message sur votre page Facebook. Vous expliquiez votre choix de rejoindre Lyon en évoquant notamment les soucis de santé de votre fils*…
Jérémy Morel : J’ai voulu expliquer le pourquoi du comment, être sincère et honnête avec tout le monde. Quand cela vous arrive, vous prenez conscience des choses. Lorsque j’ai eu cette difficulté avec mon petit, j’ai essayé au quotidien de ne rien montrer. Personne ne le savait. C’est pas que cela ne me touchait pas, mais j’ai essayé de me protéger au maximum.
Vous avez toujours voulu être footballeur professionnel ?
Non. Je n’y pensais pas du tout. Même si mon père est très branché foot, je jouais juste avec mes copains pour m’amuser. Après, j’ai eu les possibilités de le devenir, mais sincèrement ce n’était pas un objectif au départ. J’ai commencé à m’entraîner avec les pros [à Lorient, NdlR] et je me suis dit que j’allais pouvoir jouer à un haut niveau. C’est vraiment venu crescendo.
Parlez-nous de votre enfance…
(Un brin gêné par la question.) Je suis originaire de Bretagne. Nous étions cinq dans la famille, j’ai une petite sœur et un grand frère et voilà…. J’avoue que je n’ai pas grand-chose à vous raconter à ce sujet (sourire).
Vous êtes d’origine réunionnaise… Pour les Lyonnais qui ne connaissent pas, la Réunion, c’est vraiment un paradis terrestre ?
À la Réunion, on trouve de tout. Tous les gens qui y vont ont envie d’y retourner, car il y a un panel tellement large de choses à faire : la plage, la montagne, la plongée, du rafting…
Vous aimez bien aussi la campagne, les animaux… C’est plutôt surprenant pour un footballeur.
Il y a beaucoup de joueurs qui aiment sortir en boîte, mais personnellement ça n’a jamais été mon truc. Chacun a ses loisirs. Pour ma part, j’ai besoin de la nature pour être bien.
“C’est vrai qu’on n’est pas aidé par certains (footballeurs) par moments”
Cela vous permet de sortir du star-system du foot ?
C’est exactement ça. Cela me permet de me mettre hors contexte du football. On pense à notre sport tous les jours, lors des entraînements, les week-ends pour les matchs… donc, lorsqu’on a un moment à nous, c’est bien de pouvoir s’évader, voir autre chose. J’avoue que, depuis mon arrivée, je n’ai pas trop bougé. Avec mon fils, on nous a conseillé d’éviter d’être trop au contact du monde. Les deux premières années, il faut vraiment faire attention. Du coup, on se calfeutre – peut-être trop – à la maison. On préfère fonctionner ainsi que de repasser par la case hôpital. Mais c’est vrai que j’aime bien aller me balader, découvrir des coins de la région. Les beaux jours vont arriver, on va essayer d’un peu en profiter.
Cela vous permet de prendre du recul par rapport à ce milieu du football qui est très codifié ?
Vous avez raison, c’est très codifié. C’est vrai qu’on n’est pas aidé par certains [footballeurs] par moments, il y a toujours de mauvais exemples, mais il ne faut pas oublier qu’on reste de jeunes joueurs pour la plupart qui touchent beaucoup d’argent. Si une personne lambda gagne du jour au lendemain une grosse somme, je ne serais pas surpris de la voir commencer à vriller. Attention, ça n’excuse pas tout, mais on peut comprendre certains faits et gestes.
Cela vous est déjà arrivé de perdre la tête ?
J’ai toujours pris beaucoup de recul avec tout ça. J’ai toujours fonctionné ainsi, car je suis d’une nature très posée. Cela m’a sûrement aidé. Mais, une nouvelle fois, je peux comprendre que certains puissent être débordés en terme de ligne de conduite. C’est pour cela que nous, en tant qu’anciens, nous sommes là pour guider les plus jeunes. Aujourd’hui, on le sait, les moindres faits et gestes d’un footballeur sont scrutés et prennent une grosse ampleur avec les réseaux sociaux. Ça prend vite des proportions impressionnantes…
Vous roulez en Berlingo. Décidément, vous ne faites rien comme les autres. Vous êtes sûr d’être footballeur professionnel ?
(Rires.) Oui, mais c’est pour un côté pratique. J’ai deux gros chiens : ça serait compliqué de les mettre dans une Ferrari. Et puis, on est vraiment bien dans ma Berlingo (sourire).
Vous avez joué à l’OM, maintenant à Lyon. Quelles sont les différences entre les deux villes ? On dit souvent que les Marseillais sont extravagants et certains osent dire que les Lyonnais sont froids…
Disons que Marseille est une ville où il y a une grosse ferveur. C’est un club à part en France au niveau de cet aspect. Après, ici à Lyon, il y a une grosse sérénité, un confort de vie qui n’est pas négligeable. Ce qui ne veut pas dire que les Lyonnais ne sont pas concernés par leur équipe de foot mais, dans la vie de tous les jours, c’est plus calme. Après, ça reste deux gros clubs et il y a toujours la pression du résultat.
Il y a un côté structuré à Lyon qui est rassurant pour un joueur, ou alors le côté folie est également appréciable ?
Il faut un côté folie, mais cadré, sinon ce n’est pas possible, ça ne peut pas marcher dans la durée.
Vous avez joué dans ces deux gros clubs et pourtant vous n’avez pas le statut d’un joueur star, vous n’êtes pas très médiatique… Cela vous chagrine ?
Ah non, ça me va très bien. Moins on parle de moi, mieux c’est. Ce n’est pas du tout une priorité qu’on parle de moi. Quand on parle de mes performances, je suis content mais je n’en fais pas une fixette.
“Moins on parle de moi, mieux c’est”
Vous évoluez en défense centrale ou en tant que latéral gauche, mais vous êtes bien plus performant au sein de la charnière centrale. À quel poste vous épanouissez-vous le plus ?
J’ai joué pas mal de fois dans l’axe, j’y prends beaucoup de plaisir, mais j’ai été formé en tant que latéral donc je connais très bien le poste. Tant que le coach me fait jouer, c’est plaisant, car comme tous les joueurs, quand je ne joue pas, il y a une certaine frustration.
Avez-vous un plan de carrière ?
Non, ce n’est pas dans mon tempérament. Je vis un peu au jour le jour, selon les opportunités. J’ai signé pour trois ans, je peux très bien les faire, prolonger ou alors ne pas aller au bout pour telle ou telle raison… Je ne me fixe pas d’objectif précis, car aujourd’hui ça se passe très bien, mais demain ça peut changer. Ça va très vite dans le foot. Dans un sens comme dans l’autre.
Comment est Jérémy Morel dans un vestiaire ?
Je ne suis pas quelqu’un de très bavard. Par contre, j’aime bien chambrer, déconner.
On peut le voir régulièrement sur votre compte Twitter…
On essaye de faire attention, parce que ça peut être mal interprété, surtout que j’ai un humour un peu décalé et les gens ne savent pas s’il faut le prendre au premier ou au second degré (sourire). J’ai beau dire que c’est toujours du premier degré, les gens se demandent toujours si je suis sérieux ou pas dans mes tweets. J’en joue un peu, c’est rigolo.
“L’équipe de France ? On laisse la place aux autres (rires)”
Quel est votre rapport à l’argent ? Êtes-vous dépensier ou économe ?
J’essaie de faire attention, tout en me faisant plaisir. Il ne faut pas oublier qu’on a la chance de faire ce qu’on aime et de toucher beaucoup d’argent. Généralement, j’en profite surtout pendant mes vacances, c’est à ce moment-là que je me lâche plus. Après le football, il y a une autre vie, il faut y penser et mettre de côté. Maintenant que j’ai un fils, on ne pense plus pareil, on ne pense plus à soi. Tout à l’heure, on parlait de ma voiture. Si je pouvais m’acheter une Ferrari ou une Aston Martin, ça serait avec grand plaisir mais, pour moi, ce n’est pas des choses prioritaires. On regarde, ça fait rêver et c’est très bien comme ça.
Pensez-vous déjà à l’après-football ?
Je n’ai pas encore de choses vraiment précises. Comme je vous l’ai dit, avec moi, c’est au jour le jour, donc j’ai des idées puis ça peut changer (sourire). Ça dépendra du moment, il y a tellement de paramètres à prendre en compte que je peux difficilement répondre.
L’équipe de France, est-ce le grand regret de votre carrière ?
Non, du tout ! Je suis déjà très content de faire une carrière comme j’ai fait. À mes débuts, si on m’avait dit que j’allais évoluer à l’OM et l’OL, je pense que pas beaucoup l’auraient cru. C’est déjà bien d’avoir pu jouer à un tel niveau. L’équipe de France, c’est la cerise sur le gâteau. Être sélectionné, c’est le rêve de tout Français. Si cela devait arriver, tant mieux, sinon ce n’est pas grave. On laisse la place aux autres (rires).
Pour finir, même si vous êtes encore en activité, qu’aimeriez-vous qu’on dise à votre sujet dans quelques années ?
Que j’étais une personne respectueuse et un joueur qui sur le terrain a toujours donné. Qui n’a jamais triché, c’était toujours donné à 100 %.
* En fin de contrat à l’OM, il a préféré rester en France pour des raisons familiales car son fils Paco est né grand prématuré.
Bonjour,
Personnellement j'aime beaucoup ce garçon, humainement il est un peu comme Jordan Ferri, des gens humbles les pieds sur terre.
Des gros travailleurs avec leurs défauts et qualités, on ne peut pas leur reprocher leur investissement. Des personnes qui font du bien au vestiaire je pense. Gardez cet état d'esprit !
Je dirais même des personnes qui font du bien au FOOT .
…et Jallet aussi ! Ça fait du bien d'avoir des gars comme ça, qui ont su rester « normaux » et avec une telle mentalité. 🙂
Dommage qu'on ne le fasse pas jouer à son poste, dommage pour nous et pour lui.
quel poste ? arrière gauche ??
peut etre que cette saison il fera les 2
Pour l'instant il joue arrière gauche. On a laissé partir Bedimo mais on a visiblement pas les moyens de trouver un joueur équivalent. Je ne dis pas meilleur, mais juste équivalent.
Moi aussi je suis fan et je vote Morel - Mbiwa pour la charnière centrale cette saison !
Nkoulou - Mbiwa ira treees bien pour moi en charniere centrale cette saison .