Projet pour l'avenir, vision de Michele Kang, éventuel déménagement... Directrice de l'académie féminine de l'OL, Laurie Dacquigny est revenue pour Olympique-et-Lyonnais sur les interrogations qui entourent le centre de formation rhodanien.
Mardi, nous vous révélions que l'incertitude régnait au sein de l'académie féminine de l'OL. Entre un organigramme encore incomplet, l'arrêt d'une équipe et globalement des interrogations au sujet du projet porté par Michele Kang, on se questionnait en interne et chez les observateurs. Laurie Dacquigny, directrice du centre de formation de l'Olympique lyonnais depuis trois ans (juillet 2021), a répondu à ces questions pour Olympique-et-lyonnais.
Olympique-et-Lyonnais : quelle est votre réponse suite à nos révélations d'une inquiétude grandissante sur l'avenir de l'académie féminine ?
Laurie Dacquigny : Je souhaite prouver à ceux qui n'y croient pas, car je suis convaincue, tout comme Vincent Ponsot (directeur général) et madame Kang (propriétaire) également. Maintenant, il y a toujours des questions lorsqu'on parle d'un nouveau projet, d'investisseurs, de délocalisation, c'est naturel. De mon côté, je me dois de rassurer les personnes. Certes, nous allons peut-être repartir avec des collaborateurs qui ont d'autres ambitions, car j'ai bien lu que les organigrammes n'étaient pas faits... Certains ont décidé de partir, nous sommes en cours de recrutement pour quelques postes, donc nous sommes dans les temps là-dessus. Il n'y a pas de sujet. Faites-nous confiance, on est sur le bon chemin.
Début du cursus en U10
Quelles sont les orientations pour l'avenir du côté de la formation ?
L'idée est d'avoir une continuité par rapport à notre projet actuel, c'est-à-dire s'appuyer nécessairement sur la formation lyonnaise. La stratégie porte ses fruits depuis plusieurs années, à l'image des six nouveaux contrats professionnels signés en juillet 2023 pour des 2005 et 2006, avec en plus des filles issues de la région. C'est une fierté pour l'Olympique lyonnais de pouvoir former des footballeuses de ce niveau. En plus, certaines ont du temps de jeu chez les grandes, ont porté le maillot dans les équipes de France jeunes et représentent au mieux notre formation.
Pour le futur, nous voulons rester dans la même lignée. Nous aurons une D3, des U19, U15, U13 et jusqu'à U10. Je compte m'appuyer énormément sur les clubs partenaires, qui font un bon boulot. Ils se structurent, sont labellisés... Je pense que c'est une juste revalorisation de leur travail. Nous allons prendre un virage coloré à 100% foot féminin, ce qui est une aubaine pour nous. Ça veut dire qu'on est considérés.
Une équipe ne sera plus en vigueur la saison prochaine, laquelle et pourquoi ce choix ?
Nous allons commencer le cursus en U10. Nous ne supprimons pas une catégorie sans une explication. J'estime qu'on peut laisser les U9 dans nos clubs partenaires (36 membres) pour qu'elles continuent de jouer avec et contre des garçons afin de prendre en maturité. Nous avons des équipes qui travaillent très bien, ce que je loue régulièrement. C'est la raison de ce choix. On conserve tout de même de la stabilité.
Un budget pratiquement identique
Quelle vision de la formation a Michele Kang ?
Il faut prendre conscience que nous n'avons pas la même culture sur le sujet entre l'Europe et les États-Unis. Forcément, et j'ai envie de dire heureusement, que l'on doit prouver. C'est un super défi. On doit montrer que l'on peut être compétitif dans toutes les tranches d'âge. Il fallait s'y attendre. Jean-Michel Aulas a fait beaucoup de choses lorsqu'il était à la tête de l'OL. Il a misé sur la formation, et je pense que c'est une suite logique lorsque de nouveaux investisseurs arrivent, notamment étrangers. On reste tout de même sur un budget pratiquement identique et nous aurons la volonté de lui montrer qu'il y a un intérêt à poursuivre, mais comme cela a pu être le cas avant avec messieurs Aulas et Textor.
Il n'y a donc pas de crainte à avoir selon vous pour les jeunes féminines de l'OL ?
Je ne pense pas qu'il y ait lieu de s'affoler. Au contraire, ça nous permet de rester en mouvement, d'innover. Certains concurrents commencent à bien avancer aussi, donc à nous de tout faire rester tout en haut. Nous avons les reins solides. Je n'ai pas de doute quant à la continuité du projet, même s'il est peut-être amené à évoluer, mais ça sera pour s'améliorer. C'est aussi ce qui est plaisant, essayer d'anticiper l'avenir, mieux accompagner les joueuses qui signent de plus en plus tôt. Ce qui est mis en place va porter ses fruits lorsqu'on aura trouvé une stabilité d'ensemble.
"Michele Kang veut mettre les moyens pour développer l'OL"
La structure va connaître des changements, quels sont-ils ?
On s'est rapproché du responsable performance des pros pour plancher sur un projet qui soit spécifique au football féminin. Il y aura une prise en compte des cycles menstruels et de beaucoup d'autres choses comme les datas de manière plus précise. Nous avons des réunions avec lui afin de mettre en place une programmation pour avoir des repères d'apprentissage pour les jeunes. J'y vois une opportunité. Michele Kang a souhaité renforcer les staffs pour amener plus d'expertise dans différents domaines : la haute performance, l'analyse des statistiques, l'aspect mental... Elle veut mettre les moyens pour se développer.
Le départ de Sonia Bompastor, qui a occupé votre place durant huit ans avant de prendre le poste d'entraîneure, est-il un motif d'inquiétude pour vous ?
Forcément, Sonia était à l'académie avant, donc c'était normal qu'elle garde un regard et une proximité là-dessus. J'ai eu de la chance de lui succéder et d'hériter de son travail. On veut le faire perdurer dans le temps. En tant que formatrice, j'ai envie de pouvoir me reposer sur quelqu'un qui a une vision sur la formation pour donner du temps de jeu aux jeunes. Mais je fais confiance à mes dirigeants pour le choix du recrutement. Lorsqu'on a un projet comme l'Olympique lyonnais, ce n'est pas quelque chose qui se focalise seulement sur le groupe professionnel, c'est un ensemble. Nous restons un club formateur, alors j'ose espérer qu'il y aura cette volonté de continuer à s'appuyer sur les jeunes et à leur faire confiance.
En cas de déménagement de l'OL féminin, un possible rapprochement avec les pros
Justement, pouvez-vous nous dire un mot sur les deux derniers matchs de D1 avant les play-offs, face à Guingamp et Bordeaux, durant lesquels l'OL a évolué avec une grande partie de sa réserve ?
C'est une belle opportunité et un beau clin d'œil. Ça prouve que nous avons la confiance de la direction et du staff. Les filles ont affiché un beau visage. Il ne faut pas oublier qu'elles restent jeunes, certaines ne sont pas majeures et pas matures dans le jeu. L'objectif, c'est de petit à petit les intégrer dans l'effectif à l'entraînement puis lors des rencontres.
On peut aussi parler d'Inès Benyahia, qui n'avait pas beaucoup de temps de jeu et qui est partie en prêt à l'extérieur (au Havre) et a été élue révélation de l'année. C'est aussi une valorisation du centre de formation. Dans le groupe pro actuellement, 16 joueuses ont passé au moins un an à l'académie.
Que changerait pour vous un éventuel déménagement de la section féminine ?
Tout dépendra de l'endroit choisi. Ce qu'on nous a dit, c'est que si le site le permet, on pourrait bénéficier des installations pour avoir un rapprochement entre les professionnelles et le centre. Mais pour le moment, nous sommes à Meyzieu et on verra ce qui se passera à l'avenir.
Merci pour l'interview, c'est très intéressant.
Laurie veut rester positive et combattive, c'est louable et j'apprécie.
Il faudrait déjà qu'elle utilise le verbe "prouver" à bon escient ! Prouver quoi ?
Sinon c'est un discours très diplomatique.
Exemple ["On reste tout de même sur un budget pratiquement identique...]
Ce qui signifie qu'il est en baisse...!