OL : Fekir, les raisons d’un retour au premier plan

Le meneur de jeu et capitaine de l’OL, Nabil Fekir (24 ans), est de nouveau en haut de l’affiche. Décryptage.

"Ma saison, elle est moyenne, je ne suis pas satisfait." À l’heure de dresser son bilan de la saison dernière*, Nabil Fekir avait fait preuve d’une certaine franchise. Après sa grave blessure au genou (rupture des ligaments croisés, en septembre 2015), le joueur de l’OL avait lucidement estimé qu’il était capable de faire mieux. Beaucoup mieux. En coulisses, le gone originaire du quartier Jacques-Monod à Villeurbanne a tout mis en œuvre pour recouvrer son meilleur niveau. "Il a pris des vacances un peu plus courtes, c’étaient des vacances studieuses", confie son agent, Jean-Pierre Bernès. Effectivement, avant de retrouver les terrains de Ligue 1 pour l’exercice 2017-2018, le numéro 18 de l’OL s’est attaché les services d’un préparateur physique personnel. "Dès la reprise, je l’ai senti concerné par le projet de l’équipe, la récupération. On a beaucoup parlé, échangé", confie son entraîneur, Bruno Genesio. Délesté de quelques kilos superflus, Nabil Fekir est redevenu un joueur irrésistible. "Il est affûté, on sent qu’il a fait une préparation poussée, souffle le meilleur buteur de l’histoire de l’OL, Fleury Di Nallo. Il va encore monter en puissance." Un avis partagé par le sélectionneur de l’équipe de France, qui apprécie le profil du joueur : "Il a eu cette grave blessure, plus cette petite intervention, et il a eu une saison dernière compliquée, rappelle Didier Deschamps. Il a fait un travail conséquent pour se remettre à niveau, c’est vrai que physiquement il est affûté. Il a retrouvé toute sa vitesse, sa percussion."

Capitaine Fekir

Sa nomination comme capitaine de la formation lyonnaise a, semble-t-il, provoqué une sorte de déclic, voire une remise en question. "Je ne sais pas si c’est ça, nuance Bruno Genesio. Je pense que c’est un ensemble. Si je lui ai confié le brassard, c’est que je l’ai vu être exemplaire depuis la reprise. Je pensais le voir assumer le rôle de leader technique sur le terrain, mais je pensais aussi qu’il était capable d’avoir une influence sur les autres." Assurément, ce rôle de leader du vestiaire est une aubaine pour Nabil Fekir. "Le fait qu’il ait plus de responsabilités à Lyon n’est pas une mauvaise chose, ça lui permet d’assumer ça, de s’ouvrir un peu plus aussi, assure Didier Deschamps. Sur ce que je vois depuis le début de saison, c’est le Nabil d’avant sa blessure." Son agent, Jean-Pierre Bernès, abonde dans le sens du sélectionneur tricolore : "J’ai senti que c’était quelque chose qui lui plaisait. Pour lui, c’est une fierté et un honneur d’être le capitaine de son club formateur. Quand il me l’a annoncé, il était très fier. C’est une responsabilité qu’il est prêt à endosser." En apparence réservé, voire peu bavard, l’international français présente de nombreuses qualités pour exercer cette nouvelle fonction. "Vu de l’extérieur, Nabil manque peut-être un peu de communication, mais c’est quelqu’un qui sait bien gérer les émotions, il ne disjoncte pas pour un rien et lui donner cette responsabilité ça va aussi lui permettre d’aider les jeunes et les nouveaux joueurs", glisse Gérard Bonneau, qui le connaît très bien puisqu’il était responsable du recrutement chez les jeunes à l’Olympique lyonnais au début des années 2000 et travaille désormais avec Florian Maurice (responsable de la cellule de recrutement des professionnels). "Il est formé au club et je pense qu’il est aimé de tout le monde, poursuit-il. Il n’y a pas de problème avec lui. Je ne vois pas de joueur qui soit en contradiction avec le fait que Nabil soit nommé capitaine." Moins mis en avant la saison dernière en raison de sa blessure et de la réussite insolente d’Alexandre Lacazette, l’international français est désormais le maillot fort du club rhodanien. "Il sent qu’on lui fait confiance, donc ça le met aussi automatiquement en confiance. Ça va le doper", pense Fleury Di Nallo.

Un positionnement en débat

Les relations entre Nabil Fekir et son entraîneur n’ont pas toujours été au beau fixe. Alors qu’il a parfois aligné son équipe en 4-3-3 la saison dernière, quelquefois avec Nabil Fekir sur le côté droit, Bruno Genesio a installé pour ce nouvel exercice son joueur à son poste préféré : en soutien de l’attaquant de pointe. "On a fait chacun notre mea culpa, admet le coach de l’OL. Moi, mon erreur a été de le faire jouer sur un côté. On a reconnu les choses. Lui aussi l’a fait. C’est comme ça qu’on avance. Il y a une relation humaine entre nous qui est importante. C’est une chose qui a influencé ses performances, ses prestations." Un choix gagnant-gagnant. "Bruno, comme tous les entraîneurs, a des convictions. Il pensait vraiment que, dans l’équipe qu’il menait, Nabil allait peut-être amener plus en jouant à droite, murmure Gérard Bonneau. On a l’impression qu’il y a des relations qui ne sont pas bonnes, mais ce n’est pas une histoire de relations. Chacun dit ce qu’il ressent et Nabil a toujours eu beaucoup de correction dans ses propos et Bruno a toujours dit que Nabil était un grand joueur." Pour Jean-Pierre Bernès, la question du positionnement de Nabil Fekir n’a jamais été sujet d’un quelconque débat. "On sait qu’il a un poste préférentiel, ce n’est pas un débat. Il n’y a jamais eu de tension, simplement des discussions entre un entraîneur et un joueur. Il a de très bonnes relations avec Bruno Genesio", lance l’agent. Bien dans sa tête et ses crampons, à un poste qu’il affectionne, l’international français est désormais lancé. "Il a totalement récupéré son football, assure son coéquipier Anthony Lopes. C’est extraordinaire d’avoir un joueur comme ça dans son équipe." Avec la Coupe du monde 2018 dans le viseur et une première saison comme capitaine de son club formateur à réussir, Nabil Fekir a une belle carte à jouer. Un défi à la hauteur de son immense talent.

* Lyon Capitale n° 765 (avril 2017).