Après un nul et une défaite, l’Algérie est au bord du gouffre dans cette CAN 2022. Les champions d’Afrique en titre n’ont pas le choix. Pour les coéquipiers d’Islam Slimani, il faudra un succès contre la Côte d’Ivoire ce jeudi pour se qualifier en 8es de finale.
Le peuple algérien retient son souffle. Ce jeudi à 17 heures, son équipe nationale joue tout simplement sa survie dans la Coupe d’Afrique des Nations. Après un nul contre le Sierra Leone (0-0) et une défaite très embarrassante face à la Guinée Equatoriale (0-1), les Fennecs n’ont plus le choix. Sans une victoire dans le choc avec la Côte d’Ivoire, ils rentreront à la maison la tête basse et surtout au-dessus d’eux, l’ombre d’une impensable déroute.
Champions en titre et précédemment sur une série de 35 matches consécutifs sans défaite, les Verts ont une pression immense sur leurs épaules. Invraisemblable avant le début du tournoi, une élimination n’est plus à exclure. “Personnellement, je crois à la qualification, après, j’ai aussi envie d’y croire. J’aime à penser que l’Algérie va remettre le bleu de chauffe et repartir sur un nouveau cycle qui était attendu et espéré au vu du caractère morose des dernières prestations. Pourtant, je n’en suis pas convaincu, doute Marwan Belkacem, journaliste pour le média DZ Foot. On a du mal à imaginer une formation libérée de toutes ses tares en seulement quelques jours et l’impression visuelle, dans le jeu ou dans le comportement des acteurs, était franchement inquiétante. Ce qui est rassurant, c’est que la Côte d’Ivoire inquiète dans le contenu. Ils ont été accrochés par la Sierra Leone (2-2) dans les derniers instants et c’est extrêmement poussif dans le jeu. Il faudra en tirer parti. Pour autant, ça ne sera pas facile et pour la première fois sous le mandat Djamel Belmadi, le sélectionneur, ils sont dos au mur et ils doivent lutter pour leur peau. Il faut espérer que cette prise de conscience soit partagée par l’ensemble du groupe.”
Belmadi a délivré un message d'espoir
Au sein de l’effectif, on semble tout de même croire en ses chances de battre les Ivoiriens rapporte Nacime Rahoui, également rédacteur à DZ Foot. “Je ne suis évidemment pas dans la tête des joueurs ni du staff, mais en conférence de presse d’après-match suite au revers surprise face à la Guinée équatoriale, même s’il est apparu forcément touché à chaud, Djamel Belmadi a tenu malgré tout un message d’espoir, relate-t-il. La donne est plutôt simple pour cette dernière rencontre de poule : une victoire et l’Algérie sera qualifiée pour les 8es de finale. C’est totalement dans les cordes de cette équipe, championne d’Afrique, qui reçoit depuis mardi de nombreux messages de soutien de ses supporteurs.”
Pour obtenir leur billet pour le tour suivant, les Fennecs devront se sublimer et afficher un tout autre visage que lors des deux premières journées. “A mon sens, ce n’est que la concrétisation de beaucoup de maux que le groupe traîne depuis des mois. Alors, effectivement, on a tous pointé la qualité du stade de Japoma (Cameroun) qui ne favorise pas forcément le jeu algérien. Les joueurs évoluent pour beaucoup en Europe ou au MENA, là où on a l’habitude de jouer sur des billards. Il y a aussi cette préparation tronquée par les revendications des clubs qui ont retardé la mise à disposition des joueurs en sélection. Une fois qu’on a dit cela, ça n’excuse pas l’impression collective assez médiocre que l’on voit depuis longtemps, constate Marwan Belkacem. Déjà, face au Burkina Faso (en éliminatoires de Coupe du monde), l’Algérie a éprouvé toutes les peines du monde à se qualifier et on voyait déjà qu’elle rencontrait des difficultés à gérer ses temps faibles. Un bloc coupé en deux, des fautes liées à un excès d’émotivité, un manque d’efficacité… autant de choses qui caractérisent la production algérienne et qui ne sont pas résolues aujourd’hui.”
0 but pour l'Algérie dans cette CAN
Surtout, il faudra bien que les hommes de Belmadi trouvent le chemin des filets, chose qu’ils n’ont pas encore faite durant la compétition. Une hérésie pour un groupe aussi fourni en attaque. “Pour le coup, c’est un manque de réussite et d’efficacité que j’ai du mal à expliquer. Ce n’est évidemment pas un problème de qualité, quand on voit nos armes offensives (Mahrez, Belaïli, Slimani, Bounedjah, Benrahma, Brahimi, Feghouli...). Sur les deux premières rencontres, les statistiques offensives sont même bonnes (possession, tirs...), sauf la plus importante de toutes : le nombre de buts marqués, regrette Nacime Rahoui. Il manque juste un déclic, je pense. Espérons que ce soit pour ce jeudi.”
Afin de régler ce problème, les Verts pourraient compter sur Islam Slimani, buteur particulièrement efficace sur le continent africain. “C’est un cadre de la sélection à n’en pas douter. Sur le plan sportif, il a récemment battu le record de buts en sélection et ç'a été célébré par tous les observateurs du football algérien. Il n’a jamais triché et a souvent été l’un de ceux à être là quand d’autres ne l’étaient pas. Comme à Lyon, je pense que c’est très difficile d’en vouloir à Slimani pour un hypothétique manque d’implication. Il apporte cette rage de vaincre à une équipe qui manque parfois de révolte collective, détaille Marwan Belkacem. Je suis persuadé qu’il est l’un de ceux qui prendra la parole avant la Côte d’Ivoire et qu’il l’a sans doute déjà fait après la déroute face à la Guinée Equatoriale. Il est aujourd’hui en concurrence avec Baghdad Bounedjah qui possède une longueur d’avance sur lui. Sans remettre en question les qualités d’Islam, Bounedjah est préféré sans doute parce qu’il s’entend particulièrement bien sur le terrain avec Youcef Belaïli, l’un des leaders techniques de l’Algérie.”
Slimani l'homme providentiel ?
Contre la Côte d’Ivoire, l’avant-centre lyonnais sera certainement encore une fois primordial pour l’Algérie. “Sa loyauté, son investissement et sa régularité en équipe nationale font de lui l’un des chouchous des supporteurs. Paradoxalement, malgré cela, ce n’est plus aujourd’hui un titulaire indiscutable aux yeux de Belmadi, qui alterne régulièrement à la pointe de l’attaque entre lui et Bounedjah. D’ailleurs, depuis le début de la CAN, chacun a commencé une partie. Il apporte par son jeu dos au but, son jeu de tête et, surtout, ses réalisations, énumère Nacime Rahoui. Je le vois bien débuter comme titulaire jeudi et nous offrir la qualification. Ce serait un beau symbole.”
Remplaçant face à la Guinée Equatoriale, l’attaquant de l’OL aura certainement envie de briller pour son pays, même s’il ne rentre qu’en fin de match. Au bord du précipice, les champions d'Afrique en titre comptent donc sur un grand Islam Slimani, mais également sur un groupe conquérant, pour battre la Côte d’Ivoire, déjà qualifiée, et filer en 8es de finale.