OL - Bleues : Henry allume Diacre qui n'a pas fait "un choix sportif"

Non-sélectionnée lors du dernier rassemblement, Amandine Henry a choisi de faire bouger les choses en équipe de France. La capitaine des Bleues a eu des mots forts au sujet de Corinne Diacre et de son management.

Amandine Henry est la capitaine de l'équipe de France féminine. Non-sélectionnée par Corinne Diacre lors du dernier rassemblement en octobre, la milieu de terrain a choisi de s'exprimer à ce sujet. "C'est toujours bien de ne pas parler à chaud. J'étais un peu choquée également. Il fallait que je me remette en question personnellement. Je me suis dis, il y a une qualification pour l'Euro, Amandine ne soit pas égoïste, a-t-elle déclaré au Canal Football Club. Le groupe compte encore sur toi, tu es la capitaine, tu dois montrer l'exemple. Le plus important c'est l'équipe de France. Il y a beaucoup de problèmes, il ne faut pas se le cacher." 

"Il fallait faire quelque chose"

Elle raconte tout d'abord comment la sélectionneuse lui a annoncé la nouvelle. "Lorsqu'elle m'a appelé, cela a duré 15 secondes, je m'en souviendrai toute ma vie. Sur le coup, j'étais choquée. Elle m'a dit, "Amandine, la liste sort demain et tu n'y seras pas par rapport à tes performances actuelles." Je suis choquée, je réponds "ok, bon match, au revoir", a-t-elle révélé. Si c'est un choix sportif, tu essayes de remobiliser ta joueuse, mais là, cette discussion m'a fait mal. J'ai été touchée. Sportivement, je me sentais super bien. Mes coachs m'ont dit la même chose, donc tu te dis qu'il y a un souci. Je pense que c'est au-delà du sportif."

Selon la Lyonnaise, cela remonte à la visite du président de la Fédération française de Football à Lyon suite à la Ligue des champions remportée par les Fenottes cet été. "Je pense que ça s'est passé la semaine où Noël Le Graët est venu nous remettre une médaille, a-t-elle estimé. Depuis un moment, avec toutes les filles de l'OL et d'autres clubs, j'avais des retours assez pesants et négatifs en disant que ça n'était plus possible, qu'il fallait faire quelque chose. On voulait se parler entre quatre yeux et dire les choses qui n'allaient pas. Je pense que la sélectionneuse en a eu écho. Elle a peut-être mal digéré ça. Je pense que j'ai été sanctionnée pour ça."

Mais il y a eu d'autres moments difficiles entre Corinne Diacre et Amandine Henry. "Après la Coupe du monde, elle a voulu faire des entretiens individuels. A ce moment-là, je lui ai dit, "depuis que j'ai des crampons, je veux être en équipe de France, jouer une Coupe du monde, en plus dans mon pays." C'était mon rêve et je ne peux pas dire que je l'ai vécu à 100%, a-t-elle admis. C'était dur car sportivement, tu t'arrêtes lors des quarts de finale. Dans ton pays, tu dois faire mieux que ça. Humainement, je voyais des filles pleurer dans leur chambre. Ça m'est arrivé aussi car j'avais envie de vivre cette Coupe du monde et ça a été un chaos total, à cause de l'atmosphère, du management et de l'ambiance générale."

"La relation de confiance est rompue avec elle"

Elle poursuit, "à tout moment, tu peux partir, donc tu te tais. Quand la sélection approche et que tu vois ton nom sur la liste, il y a deux sentiments en toi, la joie et la crainte." Leader des Bleues, la Rhodanienne souhaitait s'exprimer sur les soucis rencontrés par l'équipe de France. "Quand j'ai vu les filles réagir comme ça autour de moi, je me suis dit que le message qu'elle a envoyé était fort. Je sais que certaines n'osent pas parler car il y a de la crainte. Maintenant, moi je me sens obligée de le faire. Si je ne parle pas, qui va le faire, a-t-elle clamé. Ce n'est pas que moi, c'est le ressenti de la majorité de l'équipe. La relation confiance est rompue avec elle." 

Elle propose que tous les acteurs de la sélection féminine échangent pour remédier à cette situation. "On aurait dû essayer d'encore plus lui parler, même si on lui a souvent parlé. Je me remets en question aussi. En quelques années, on a un Euro, un mondial et des JO, il ne faut pas laisser passer ça, a-t-elle affirmé. Il faut régler les problèmes maintenant. On doit se dire franchement les choses, tout mettre à plat. J'aimerais qu'on se réunisse tous, président, staff, tout le monde et qu'on parle foot, des objectifs, de nos ambitions..." Malgré tout, elle est consciente des risques qu'elle prend en sortant du silence. "Si je ne le fait pas, qui va le faire. Je ne pourrais pas me regarder dans un miroir. La France se doit de gagner un titre, a-t-elle annoncé. On a une génération en or, il faut aller au bout. Le danger s'est de ne rien faire, de stagner et de voir les autres gagner. J'en ai marre de ça."