OL : Bertrand Traoré, le prodige Burkinabé devenu grand

Bertrand Traoré est la recrue phare de l’Olympique lyonnais. Repéré en 2011 par Rachid Aloui , il aurait pu rejoindre Valenciennes et connaître un tout autre destin. Pour le recruteur, c'était une évidence, il toucherait un jour le haut niveau. 

Le dénouement est intervenu lundi soir. Après des semaines de discussions et des mois de travail, l’Olympique lyonnais est parvenu à faire signer Bertrand Traoré (en photo, capture d'écran OL TV). Le Burkinabé s’est engagé jusqu’en 2022, l’OL a versé 10 millions d’euros à Chelsea. 15% d’une éventuelle plus-value pourraient s’ajouter à ce montant lors de son prochain transfert. « Lyon ne s’est pas trompé », estime Rachid Aloui, scout passé par plusieurs clubs professionnels. En poste à Valenciennes pendant 5 ans et demi, il avait proposé le joueur après l’avoir observé sur vidéo. « J’ai un ami agent qui m’avait parlé de deux joueurs dont lui (le second était Abdoul Aziz Kaboré, arrivé en 2011 à Valenciennes, passé pro en 2014 et récemment transféré à Boulogne). Lorsque je l’ai vu en 2009, il m’a de suite interpellé. Je voulais le faire venir à l’essai mais les dirigeants n’ont pas voulu, il y avait une indemnité de formation à lever », raconte-t-il. Sur le coup, celui qui s’occupait du recrutement des jeunes et de la post-formation est bluffé par les qualités du garçon : « J’avais repéré son potentiel et sa capacité à se développer. On n’est jamais sûr mais on a toujours une intuition qui nous aiguille. Là j’ai eu raison quand on voit aujourd’hui le montant et surtout la qualité du joueur. A 14-15 ans, il était déjà capable d’éliminer, de dribbler, de changer de rythme. En un contre un c’était très fort. Dans la finition il faisait preuve de sang froid, savait aussi bien faire la dernière passe que mettre le but ».

« Ce qui lui arrive ne m’étonne pas »

Avec les U17 du Burkina Faso, Bertrand Traoré remporte la Coupe d’Afrique des Nations 2011. Dans cette compétition au Rwanda, il inscrit trois buts. Une belle performance pour un jeune surclassé. « Quand vous faites la différence avec des joueurs plus âgés, ça ne vient que renforcer l’envie de l’observer encore plus. On se dit que c’est un bon joueur, qui a de l’avenir et des qualités pour éventuellement faire carrière », estime celui qui a également officié auprès de Nantes dans les mêmes fonctions. Mais pour y parvenir, encore faut-il réussir à s’adapter lorsque l’on vient d’un autre continent, en étant encore mineur. Finalement arrivé à Auxerre puis Chelsea, Bertrand Traoré a réussi. « Ce n’est pas évident pour un Africain de venir s’installer ici. C’est dur d’affirmer ses qualités qui sont tout autres que celles d’un Européen. Pareil pour l’intégration, c’est encore moins simple, lance Rachid Aloui. Mais il n’a jamais rien lâché, aujourd’hui il le prouve. Partout où il a été prêté, ou plutôt malheureusement envoyé, à Vitesse Arnhem, à l’Ajax Amsterdam, il a quand même réussi. Il a fait profil bas et a montré ses qualités qui sont indéniables ». C’est grâce à celles-ci qu'il a fait mal à l’Olympique lyonnais en demi-finale de Ligue Europa. De la percussion, de la vitesse et de l’efficacité qui ont contribué à la qualification de son équipe, avec deux buts et une passe décisive au match aller. « Ce qui lui arrive ne m’étonne pas. Quand vous avez des points forts et que vous capitalisez dessus en les travaillant, vous pouvez faire une carrière de haut niveau ».

"Un profil similaire à Ghezzal", avec plus de qualités

Rachid Aloui a également travaillé 2 ans et demi à Arles-Avignon. Il s’occupait du recrutement des professionnels. A l’époque, il était déjà trop tard pour faire venir le Burkinabé. Mais cela ne l’a pas empêché de garder un oeil sur sa carrière. « Je l’ai vu progresser ensuite. Chaque année il a passé un palier et là il ne vient pas à Lyon pour avoir un statut, assure-t-il. Il vient s’inscrire dans un projet fort qui est de concurrencer une ou deux équipes qui commencent à se démarquer. Lyon a toujours été un grand club en France, très bien structuré. Bertrand Traoré vient se positionner dans une équipe joueuse, dans laquelle il va se trouver ». Recruté pour occuper le poste d’ailier droit, il pourra également jouer dans l’axe comme l’a affirmé Bruno Genesio. Sa polyvalence est un atout, mais il vient numériquement remplacer Rachid Ghezzal, non prolongé. D’après le scout, la nouvelle recrue rhodanienne présente des ressemblances avec l’Algérien. Mais il lui est supérieur dans plusieurs domaines. « C’est un profil similaire à un Ghezzal, avec beaucoup plus de puissance. Il a plus de détermination dans sa capacité à éliminer et voit mieux le jeu. Plutôt que d’essayer d’atteindre ses objectifs, Bertrand Traoré est déterminé à y arriver ». Recruté pour 10 millions d’euros, l’ex-Ajacide a tout de la bonne affaire. Une impression partagée par Rachid Aloui : « Je trouve le prix très accessible par rapport à la valeur du joueur, sachant qu’aujourd’hui les sommes sont disproportionnés. Sur le plan comptable l’OL fera sans aucun doute une plus-value s’il n’y a pas d’aléas (graves blessures ou autre évènement hors foot) ».

Actuellement libre, Rachid Aloui est en discussions avec quatre clubs (deux de L1 et deux de L2) pour retrouver un poste. Il est à la recherche d’un projet à la hauteur de ses ambitions qui sont de « développer une formation grâce à mes qualités d’observation et mon relationnel. Je souhaite faire passer le côté humain avant les gros projets financiers ». Dénicheur de nouveaux talents, il faudra la prochaine fois lui faire confiance et ne pas passer à côté d’un futur Bertrand Traoré. Mais, si les dirigeants valenciennois l’avaient suivi à l’époque, peut-être que le Burkinabé ne serait pas Lyonnais aujourd’hui...