Après trente années passées à diriger les jeunes de l'Olympique lyonnais, Armand Garrido s'en est allé l'été dernier. Avec le départ de cette icône de la formation, une page s'est tournée à l'OL. Dans notre émission « Tant qu'il y aura des Gones », l'éducateur a évoqué ses souvenirs, son avenir et dressé son regard sur la génération actuelle.
Son départ a suscité une vague d'hommages sur les réseaux sociaux. De Karim Benzema à Samuel Umtiti en passant par Alexandre Lacazette ou Houssem Aouar, tous ont tenu à saluer Armand Garrido. Véritable icône de la formation lyonnaise, l'éducateur s'en est allé l'été dernier après trente années de bons et loyaux services. D'un commun accord, le sexagénaire a décidé ne pas renouveler son contrat avec l'Olympique lyonnais. Une page s'est tournée. Restent les souvenirs de cette Coupe Gambardella remportée en 1997, des ces nombreux U17 passées sous son aile ou de la juste dureté de son management.
« Avez-vous été surpris de voir tous ces joueurs vous témoigner de la sympathie, vous rendre hommage à l'annonce de votre départ de l'OL ?
Devant le nombre de réactions, qu’il y a eu, j’étais très touché. J’ai vécu des moments difficiles devant le téléphone (rires). J’étais agréablement surpris, je ne m’attendais pas à ça. Mais c’est un petit peu injuste, parce que la formation ce n’est pas seulement Armand Garrido, c’est toute une équipe qui travaille avant et après les U16-U17. Les joueurs parlent beaucoup de ce passage avec moi parce que je ne leur ai pas fait de cadeaux et peut-être que ça les a marqués. C’est comme quand on allait à l’armée, c’est une période qu’on n’oublie pas.
Quel est le joueur le plus doué que vous avez eu à diriger ?
Ce n'est pas le plus doué, le joueur le plus étonnant, c’est Hatem Ben Arfa. Quand je l’ai vu la première fois, je me suis dit : « C’est quoi ? Ce n’est pas possible, il va tout exploser, tout casser ! ». En termes de qualité technique, c’était un truc de fou. A 15 ans, ce qu’il était capable de faire, à la vitesse où le faisait…on n’était jamais dans le bon sens avec lui. Ça allait trop vite, on ne savait jamais où il allait
On pense aussi à Karim Benzema...
Karim Benzema était aussi un joueur très étonnant. Samuel Umtiti m’a impressionné pour autre chose. Mais on trouve toujours quelque chose à tous les joueurs. Dans la génération 1987, on avait Hatem Ben Arfa, Karim Benzema, Anthony Mounier, Loïc Rémy, Julien Faussurier et Rémy Riou. Une génération exceptionnelle avec des joueurs exceptionnels. La qualité de ce groupe était étonnante. Je me souviens que je gardais Karim Benzema à la fin des entraînements pour lui faire faire du travail devant le but. Je gardais toujours un gardien de but et deux joueurs qui l’alimentaient en ballon. Quand on arrivait à la fin de la séance, je laissais partir ces deux joueurs et le gardien. Karim me regardait et me disait : « Coach, les ballons ? ». Je lui répondais : « Les ballons, c’est toi qui vas les ramener parce que tes coéquipiers ont travaillé pour toi. ». Et il rentrait avec les deux sacs de ballons. Il y avait cette marque de respect. Quand Karim en parle encore aujourd’hui, je n’ai pas l’impression que ça l’a choqué. Il y avait une égalité entre tous les joueurs dans le groupe. Même Hatem Ben Arfa, qui m’éblouissait, a fait du banc. Je peux vous dire qu’il piétinait. Parce que, lui, lui faire faire du banc, c’était une performance !
Vous souvenez-vous d'un joueur doué, mais qui n'a pas fait carrière ?
Je n'en ai pas, mais pour arriver au bout, il faut de tout. Il faut avoir de la chance, un état d’esprit, des qualités, être persévérant et travailleur. Il y a des garçons qui n’ont pas un talent exceptionnel mais qui arrivent au bout parce qu’ils compensent par une grosse volonté. Aujourd’hui, on a Xavier Chavalerin qui joue à Reims, Julien Faussurier qui a fait une carrière, Pierrick Valdivia… Des garçons qu’on connaît moins, mais qui font des carrières. Ils n’étaient pas excessivement doués, ils avaient de la qualité, mais ils avaient surtout un état d’esprit de combattant. D’autres, peut-être plus doués qu’eux, ne sont pas parvenus à faire carrière parce qu’ils leur manquaient de la détermination, ils n’avaient pas envie d’en faire plus. Quand on ne respecte pas tout, on ne peut pas y arriver.
Armand Garrido : « Un garçon de 16 ans a besoin d’être avec les garçons de son âge »
Quel regard portez-vous aujourd'hui sur la formation ?
En National 2, on joue de plus en plus jeune. Les clubs régionaux autour sont bien armés. Les jeunes rencontrent des garçons qui ont déjà un vécu, des équipes très solides. En début de saison, ça ne marche pas trop mal car les terrains sont des billards. Mais quand on commence à rentrer dans les mois de l’hiver et qu’on tombe sur des garçons qui ont 27-30 ans et que tu débarques avec tes gamins de 17-18 ans, qu’il faut jouer sur des terrains où il y a des bosses de partout, de la boue, de la neige, c’est le duel ! Ce n’est plus la technique. Là, ça devient difficile.
Lorsque l'on voit un joueur talentueux comme Rayan Cherki (16 ans), faut-il le faire jouer avec les professionnels ou faire preuve de patience ?
Avant, il fallait partir à la guerre pour obtenir un contrat. Aujourd’hui, on protège les joueurs parce qu’on peut se les faire piquer par d’autres clubs. Le contexte et l’environnement ont changé. Chaque joueur a maintenant son agent, ses conseillers, est bien entouré. Le joueur est mis dans des conditions assez confortables. Avant, tu avais une paire de pompes et il fallait faire l’année avec. Maintenant, ils ont une paire de pompes par semaine. Ils reçoivent des cartons sans arrêt, ils ont des sponsors… Tant mieux pour eux. Mais tout ça, c’est une gestion. Je veux bien qu’on mette un garçon de 16 ans dans un effectif professionnel, mais est-ce que c’est la place d’un garçon de 16 ans ? Est-ce que c’est la place d’un garçon de 16 ans de voir les autres partir avec des voitures pas possibles ? Est-ce que c’est la place d’un garçon de 16 ans d’entendre des conversations d’adultes ? Un garçon de 16 ans a besoin d’être avec les garçons de son âge, de continuer de jouer à la Playstation. Il faut faire attention de ne pas aller trop vite. Est-ce qu’un gamin de 15 ans et demi ou 16 ans a sa place dans un vestiaire de professionnels ? Est-ce qu’il n’a pas autre chose à voir, à entendre, à débattre, à discuter ? Cette précipitation me gêne. Il faut prendre le temps, patienter et travailler.
Quid de votre avenir ?
J’ai passé une phase tranquille, mais je vais certainement me relancer dans quelque chose. C’est en gestation. J'ai des idées d’accompagnement de joueurs dans le perfectionnement technique, des choses comme ça. On verra. J’ai envie de rester dans le circuit, pouvoir continuer à aider les jeunes. Mon but, ce n’est pas de faire de la compétition, c’est simplement d’apporter un petit peu de confort par la technique à certains garçons qui en ont besoin. Je n’ai pas encore la formule. »
Paroles de sagesses , en effet un gamin de 16 ans dans un vestiaire pro , ça va trop vite aujourd'hui , on brûle les étapes .
Est ce un bien pour le jeune ado , pour son équilibre ?
Pour revenir sur Hatem , c'était le plus doué de sa génération , quel gâchis , il était vraiment au dessus , et quand il fut au Psg , au placard , il régalait ses partenaires à l'entrainement , au point de susciter l'admiration de l'international allemand Julian Draxler .
Oui et une carrière, ça se bâtit.
Il faut un entourage et un agent compétent ...
Quand je lis les paroles d'Armand Garrido, je me dis que Houssem serait mieux avec des gamins de son âge. Comment ça il a 21 ans ?
Merci pour tout à Monsieur Garrido et toute son équipe pour tout ce qu'ils ont fait pour l'OL.
👏🏼👏🏼👏🏼
Ce qui me gêne un peu, c’est que je n’arrive pas a savoir s’il est parti de son propre chef ou si le club l’a poussé dehors. Parce que, si c’est le cas, c’est pour moi un gâchis monumental !
Sur son twitter il se présente comme "coach U17 O Lyonnais. De par ma position, dans l'intérêt du club et des joueurs, bien des questions resteront sans réponse.".
En tout cas, on ne sent aucune amertume dans ses paroles ici.