OL : Anthony Lopes, une saison mouvementée pour continuer de grandir

Anthony Lopes a vécu un exercice 2016-2017 pour le moins animé. Champion d’Europe avec le Portugal, impliqué dans divers évènements au cours de cette longue saison avec l’OL, le portier ne s’est pas ennuyé. Trois connaisseurs du poste et du gardien décryptent son année.

De son titre à l’Euro 2016 en France au dernier match nul concédé au Parc OL contre Nice, Anthony Lopes n’aura pas vécu une saison de tout repos. « Il en termine très fatigué, il a énormément joué (54 rencontres toutes compétitions confondues), témoigne Xavier Bernain l’un de ses proches. Il a eu très peu de congés après l’Euro. Il a voulu reprendre très rapidement avec Lyon car il y avait le Trophée des champions. Puis il a passé le championnat d’Europe en France dans la peau du numéro 2. Il a travaillé beaucoup plus que le numéro 1 car celui-ci fait ses matches et se repose. Anto devait bosser tout le temps pour garder le rythme en vue d’un éventuel remplacement ». Du titre exceptionnel conquis contre les Bleus, le portier en a récupéré « une fatigue physique et mentale non négligeable, d’où son petit trou d’air au mois d’octobre », appuie-t-il. Outre ses performances sur le terrain, Anthony Lopes a traversé un exercice 2016-2017 mouvementé. Du pétard reçu contre Metz aux incidents surréalistes de Bastia et Besiktas en passant par « l’affaire du marqueur », rien ne lui a été épargné. Jérôme Guichard, manager de l’Olympique Saint-Genis Laval depuis plus de trente ans, l’a vu passer chez les jeunes et a entraîné son papa. « Tous ces évènements ne l’ont pas exposé sous un très bon angle alors que quand on connaît le garçon, il est tout sauf malsain », assure-t-il. Pour Nicolas Puydebois, ancien gardien de l’Olympique lyonnais, il doit se servir de tout cela pour progresser : « Avoir vécu une saison particulière en terme d’aléas va lui permettre de franchir un palier. Sa vision du foot est totalement différente maintenant. Il a dépensé beaucoup d’énergie dans ces affaires extra-sportives, alors que c’était rarement de sa faute », appuie Xavier Bernain. Parmi ces épisodes, un peut lui être personnellement reproché. En Coupe de France, il avait rayé le nom « ASSE » derrière son maillot. « Ce qu’il a fait contre Marseille, il ne le fera plus. Il apprend constamment et il apprend vite », ajoute ce dernier.

Des qualités et des axes de progression bien définis

En ancien gardien, Nicolas Puydebois connaît les caractéristiques du poste. Pour lui, Anthony Lopes « a alterné le bon et le moins bon cette année. Il a mis un peu de temps à digérer son titre et n’a pas dû avoir une bonne préparation. Mais il est ensuite revenu à un très bon niveau malgré quelques petites erreurs qu’on ne l’avait jamais vu faire. Il a progressé cette saison ». L’OL a encaissé 73 buts cette année, pourtant le Portugais n’est pas le principal responsable. A plusieurs reprises il a réalisé des parades décisives. En point d’orgue, la séance de tirs au but en Turquie face à Besiktas. Avec deux arrêts, il a clairement influé sur la qualification de son équipe. Il a des qualités indéniables, mais doit encore progresser sur certains aspects. « Il est bon sur sa ligne comme dans les sorties au sol. Sa belle vivacité lui permet d’être réactif, analyse Nicolas Puydebois. Il doit progresser dans les sorties aériennes. Il rentre dans l’âge où il maîtrise bien son sujet, sait gérer la pression et le stress donc il faut qu’il s'améliore dans les jugements de trajectoires pour soulager sa défense. Il sait qu’il a un bon jeu au pied mais parfois il en use et en abuse. Il faut qu’il garde sa concentration du début à la fin dans son jeu au pied ». Jérôme Guichard abonde dans ce sens : « Il a l’inconvénient de sa qualité, c’est quelqu’un de très fougueux très énergique, d’impulsif. Ça fait sa force dans le jeu quand on le voit jaillir dans les pieds ou mobiliser ses partenaires. Mais un peu plus de maîtrise lui éviterait par moments des petites erreurs techniques comme contre Montpellier où il passe au travers ». Aux côtés de Joël Bats et parfois de Grégory Coupet comme à Bastia, Anthony Lopes continue d’apprendre pour tenter de gommer ses défauts.

Une concurrence suffisamment forte ?

Formé à l’OL, Mathieu Gorgelin n’a disputé que huit rencontres avec les professionnels pour son club. Cantonné à un rôle de numéro deux qui semble lui convenir, il aide également aux bonnes performances du titulaire. Cependant, Lyon fait-il le bon choix en établissant cette stratégie ? « La hiérarchie est posée, ils s’entendent bien. A l’OL, les hiérarchies ont toujours été très établies. On ne peut pas dire qu’il y avait une réelle concurrence pour Greg (Coupet) ou pour Hugo Lloris, note Nicolas Puydebois. Après il peut se passer deux choses. Une concurrence trop forte peut faire perdre la confiance et la place de numéro un. Dans une hiérarchie précise, c’est au numéro un de faire le nécessaire pour être assez compétiteur. Anthony Lopes doit repousser ses limites au quotidien pour continuer à progresser. Je lui fais confiance, c’est un compétiteur et un vrai travailleur ». Quelle serait donc la meilleure tactique à mettre en place pour avoir des gardiens redoutables ? Au Paris Saint-Germain, Kevin Trapp et Alphonse Areola ont tour à tour pris possession de la place de titulaire cette saison. Les erreurs de l’un entraînant la promotion de l’autre et inversement. Au final le PSG serait à la recherche d’un nouveau portier pour l’an prochain. « A Paris c’est exacerbé. On n’a vraiment pas le droit à l’erreur et le numéro un est changé dès qu’il en commet une. Il faut avoir un second goal sur qui on peut compter et qui pousse le premier à être bon. Il y a un juste équilibre à trouver entre Lopes-Gorgelin et Areola-Trapp », juge l’ancien portier, triple champion de France avec l’OL.

Adoré des supporters mais encore en-dessous de Grégory Coupet dans l’histoire

Après avoir dépassé les 200 matches avec l’OL en cette fin de saison (202 actuellement), Anthony Lopes s’inscrit comme l’un des gardiens qui aura marqué l’Olympique lyonnais. Cependant, Grégory Coupet a toujours une longueur d’avance lorsque l'on évoque ce poste. « Anto a une vraie notoriété chez les plus jeunes. Quelque soit le résultat, il remercie les gens qui viennent au stade pour saluer l’ensemble des supporters », rappelle Xavier Bernain. En témoigne son tour de terrain qu’il avait réalisé suite à la valeureuse mais insuffisante victoire face à l’Ajax Amsterdam (3-1 au Parc OL). « Il le fait tout le temps, défaite comme victoire, souvent en offrant ses gants et son maillot », reprend-il. « Ce n’est pas un tricheur, son attachement au club, son investissement, son efficacité font qu’il est apprécié du public qui se reconnaît en lui », pense pour sa part Jérôme Guichard. Malgré tout, et c’est un débat qui revient souvent, les trophées font souvent la différence au moment d’évoquer l’histoire d’un club. Grégory Coupet était du début des succès lyonnais, il a entre autres conquis les sept titres de Ligue 1. Anthony Lopes attend lui d’ouvrir son compteur avec l’OL. « Il a une place particulière dans le coeur des supporters parce que c’est un supporter lui-même. C’est un très bon gardien mais c’est en gagnant des titres, pour moi, que l’on devient une légende du club », tranche Nicolas Puydebois. Jérôme Guichard a également son idée sur la question. « Je n’ai aucun doute sur le fait qu’il puisse atteindre le statut de Gregory Coupet s’il fait toute sa carrière à Lyon », estime-t-il.

Sous contrat jusqu’en 2020, Anthony Lopes a déjà déclaré qu’il se voyait faire toute sa carrière à Lyon. Au niveau dans les cages d’une équipe qui dispute chaque année la Coupe d’Europe, installé à Lyon et entouré de sa famille, il n’a aucune raison d’aller voir ailleurs. Seule une offre impossible à refuser qui arriverait sur le bureau de Jean-Michel Aulas pourrait faire bouger les choses, et encore. « Anthony Lopes est un pur lyonnais » conclut Xavier Bernain, comme pour affirmer l’attachement du portier à son club formateur.