L'Olympique lyonnais est réputé pour la qualité de son centre de formation. Mais comment travaillent les recruteurs qui dénichent chaque année des pépites ? Olympique-et-lyonnais.com a contacté Gérard Francescon qui occupe ce poste au sein de la cellule de préformation. Il nous livre sa vision du métier.
Une mission déterminante dans un club comme Lyon qui s'appuie grandement sur son centre de formation, d'ailleurs réputé pour être l'un des meilleurs d'Europe. Mais d'ailleurs, comment cela se passe-t-il pour en arriver là ? Comment l'OL a déniché des joueurs comme Alexandre Lacazette, Corentin Tolisso ou encore Samuel Umtiti ? Qui sont ces travailleurs de l'ombre qui participent à la grandeur du club de Jean-Michel Aulas ? Gérard Francescon, est l'un deux. Recruteur à l'OL depuis septembre 2011, il connaît tous les rouages du recrutement au sein de la cellule régionale. En effet, il s'occupe de faire venir des jeunes allant de 13 ans jusqu'à 19 ans au niveau de la région Auvergne-Rhône-Alpes, voire national.
Un système bien huilé
Il nous explique ce fonctionnement : "Le rôle du recruteur c'est prospecter, identifier, observer et rendre compte. A partir du moment où je suis convaincu qu'un joueur a un profil et un potentiel suffisant, je le signale dans un rapport en déclinant ses qualités, ses lacunes, ses points forts et ses points faibles, détaille-t-il. Ensuite je le transmets à la cellule de recrutement qui étudie et qui fait des choix." Un système plutôt simple et bien huilé entre la petite quinzaine de recruteurs de la cellule recrutement du club rhodanien : "Au quotidien, je planifie mes déplacements sur un agenda visible et accessible à tous les membres de la cellule. Ce qui nous évite de faire des doublons." Par ailleurs, il nous affirme avoir suffisamment de liberté pour faire ses choix de matchs et de catégories à observer : "L'essentiel est de trouver le très bon joueur et lorsque je l'ai trouvé je l'indique." Une liberté importante dans une activité qui nécessite cependant beaucoup d'implication. Suivant la politique, les objectifs du club et les besoins. Des priorités par catégories et postes sont parfois imposées et conseillées.
Une différence entre recruteur et observateur
Il s'agit d'un métier prenant qui oblige Gérard Francescon à scruter les pelouses aux quatre coins de la région : "Je travaille les week-ends, la semaine. Tout dépend des manifestations, des rassemblements organisés par la Ligue, le District ou la Fédération. Il y a les tournois, les entraînements, les matchs donc oui ça prend du temps", concède-t-il. Gérard Francescon tient à faire la distinction entre l'observateur et le recruteur : "Pour moi tout le monde peut être observateur mais pas recruteur. Ce n'est pas la même façon d'observer, assure-t-il. Il faut récolter les informations tout en ayant une qualité d'écoute, des relations de proximité, il est nécessaire de toujours être au contact des gens et de développer son réseau. Celui-ci se compose des éducateurs des clubs qui font un travail phénoménal, les dirigeants et les responsables des instances départementales, régionales et nationales, les gens de la DTN, du District ou de la Ligue par exemple. C'est essentiel de garder l'éthique et de ne pas aller taper sur l'épaule du gamin en lui disant : "Donne-moi ton numéro !" On doit respecter le travail des autres."
Une approche humaine du recruteur qui privilégie l'aspect relationnel avec tous les acteurs du football : "Le côté humain est important pour moi. Une fois que j'ai identifié le joueur il y a le suivi. Il faut le voir jouer un maximum de fois, s'informer sur son parcours ce qui permet d'anticiper d'éventuels problèmes et s'intéresser à l'entourage familial. C'est important de déterminer son profil." Et de poursuivre : "Il y a les points forts, les qualités techniques, les qualités psychologiques et athlétiques. Que ce soit son endurance, son agressivité, sa compétitivité, son intelligence, sa motivation ce sont les genres d'éléments que l'on doit aller chercher quand on est recruteur. Notre rôle, c'est de trouver ces données parce qu'elles sont hyper-importantes. On doit également faire attention à la scolarité, si les bulletins sont bons, s'il y a des problèmes de comportements."
"J'ai emmené Tolisso à Sochaux"
Un engagement total donc qui n'est pas souvent reconnu : "Des joueurs que j’avais identifié et présenté aux clubs qui sont aujourd’hui professionnels et mêmes internationaux ne savent même pas que j'ai participé à leur réussite, mais je m'en fiche. L'essentiel c'est la réussite du gamin, qu'il signe à Lyon ou dans un grand club peu importe, déclare-t-il. J'ai des parents qui m'appellent même de Saint-Etienne parce que j'ai découvert leurs enfants qui me disent : "Gérard merci beaucoup pour ce que vous avez fait pour mon fils". Je leur réponds que c'est son talent qui a fait la différence et que je ne suis qu'un maillon de la chaîne." En effet, pour le recruteur qui entamera une nouvelle saison à l'OL en septembre, la modestie est importante dans cette profession : "Il faut avoir beaucoup d'humilité et être honnête. Personnellement, je n'ai pas besoin de reconnaissance, l'important c'est que le joueur réussisse." Une reconnaissance dont il aurait pourtant pu bénéficier puisqu'avant de travailler pour l'Olympique lyonnais, Gérard Francescon s'activait en Rhône-Alpes (désormais Auvergne-Rhône-Alpes) pour le FC Sochaux-Montbéliard.
Une collaboration longue de sept années qui avait pris fin en 2011 avec son arrivée à l'OL. Pour Sochaux qui évolue en Ligue 2 actuellement, il a quelques bons coups à mettre à son actif : "Par exemple, il y a Kurt Zouma qui maintenant est à Chelsea, raconte-t-il. Je l'avais proposé à Sochaux, il a rejoint le pôle espoir et il devait signer en professionnel. Son contrat était prêt, son frère Lionel a signé mais pour Kurt des propositions d'autres clubs ont fait capoter la transaction." Mais le recruteur aurait également pu modifier le destin d'un des actuels tauliers de Lyon : "Quand j'étais à Sochaux, j'avais repéré Corentin Tolisso que j'ai emmené dans le Doubs, mais sa maman m'a dit : "C'est super, mais c'est trop loin de Lyon". Quoi qu'il en soit, l'important est ailleurs pour lui : "Je considère cela comme une activité, souffle Gérard Francescon. Pour certains cela leur permet de bien gagner leur vie mais pour moi c'est avant tout une passion." Une passion qui permettra peut-être à l'OL d'enrôler de nouvelles "pépites".
Article intéressant sur la profession de recruteur chez les jeunes. Néanmoins j'aurais aimé en savoir un peu plus sur la cellule de recrutement de l'Académie, comme, qui la dirige, est-ce que l'on prospecte dans toutes les régions et si l'OL essaie de développer son réseau dans les régions où il n'est pas présent, est-ce qu'on prospecte à l'étranger comme le fait l'Ajax par exemple...
article interessant comme souvent,est il possible comme le suggére pantagruel d'en savoir plus sur l'organisation du club au niveau de l'académie?
Qu'est-ce que j'aurais aimé faire ce job! D'autant que l'expérience a prouvé que je savais recruter dans un autre domaine professionnel.
Qui serais-je allé chercher? En premier, Luis. Je sais qu'on ne l'apprécie guère ici. Peu m'importe, je ne le regarde pas avec les mêmes yoeux que vous.
En second, Didier Tora. Didier et non pas Guillaume. Mais ça n'aurait été pas été facile, il courait bien trop vite pour moi.
En trois, un petit turc, un buteur né. Toujours présent où on ne l'attendait pas. Mais une vraie tête de Turc. Je me demande même si Guy Roux aurait pu le dresser !
Moi aussi, j'aurais aimé en savoir plus sur l'académie. Il y a des profonds changements initiés par Houiller sans qu'on sache pourquoi alors qu'on a des bons résultats (je veux dire en terme de jeunes qui deviennent pro).
J'aime aussi ce genre de métier mais moi j'aurais été incapable de le faire.