Bien intégré avec l'équipe réserve de l'Olympique lyonnais, Yann Kitala a trouvé le chemin des filets pour la première fois de la saison en National 2 le week-end dernier face à Annecy. S'il n'est pas autant exposé que les phénomènes Geubbels et Maolida, le natif de Montreuil est lui aussi promis à un bel avenir.
Olympique-et-lyonnais.com : Vous êtes originaire de la région parisienne et Lyon vous a davantage attiré que le PSG ?
Yann Kitala : J'ai commencé le foot à Montreuil, en région parisienne à l'âge de 5 ans. J'ai ensuite évolué au Paris FC puis j'ai intégré l'INF Clairefontaine à 13 ans. Là-bas, j'y suis resté jusqu'à mes 15-16 ans pour ensuite signer à l'OL. Lyon est la référence en France en terme de centre de formation. On parle d'un club qui a récemment formé Benzema, Lacazette, Fekir, Martial... Quand tu regardes les infrastructures, c'est juste incroyable ce qu'on a à notre disposition aujourd'hui. Le stade est exceptionnel. En ce qui concerne la ville en elle-même, ici ce n'est pas compliqué de s'intégrer et je me suis bien adapté. Je me sens bien à Lyon et je n'ai pas hésité une seule seconde au moment de faire mon choix.
Comment réagit-on lorsqu'on est un jeune footballeur et que l'on doit quitter sa famille, être loin de sa région ?
Lorsqu'on se forme loin de sa famille, il y a forcément des inconvénients comme le manque de ses proches. Depuis mes 13 ans, du temps ou je vivais à Clairefontaine, je m'étais déjà habitué à ne pas être avec ma famille au quotidien. Je profitais d'eux en fin de semaine, le temps d'un week-end. Il y a clairement un nouveau départ lorsque tu quittes ton cocon familial pour de bon et ce fut mon cas lors de ma signature à Lyon. Au début, ça fait un peu bizarre. De temps en temps, je monte sur Paris pour être avec ma famille et ils descendent ici pour me voir jouer.
"Dès le début de la préparation, on a pu sentir l'implication de tout un groupe"
Cette saison, on sent de l'extérieur qu'il règne une ambiance très conviviale dans le groupe, il y a de la joie, de la sérénité, du sérieux aux entraînements. C'est votre regard également ?
Oui, on le sent également de l'intérieur. Dès le début de la préparation, on a pu sentir l'implication de tout un groupe, la qualité aux entraînements. On joue tous le jeu, on écoute attentivement Cris et Armand Garrido au niveau des consignes. Le groupe a conservé son ossature de la saison dernière, les cadres comme Dylan Mboumbouni, Gédéon Kalulu et Elisha Owusu sont toujours là. Il y a une très bonne entente. Je suis aussi très proche de Bryan Ngwabijé et d'Anthony Racioppi. Je peux aussi citer Pierre Nouvel avec qui j'occupe le côté gauche cette année, on évoluait ensemble la saison précédente.
On vous sent particulièrement en forme depuis la reprise...
Il y a une grosse concurrence à mon poste donc cela pousse le groupe vers le haut. La saison dernière, on a connu des périodes compliquées en U19, on a pu apprendre de nos erreurs, gagner en maturité dans notre jeu ou tout simplement en tant qu'homme. Lorsque je suis arrivé à l'OL, j'ai été blessé durant un an et demi. Mes genoux ne tenaient pas durant ma croissance. Ma famille m'a soutenu, mon club m'a rassuré et personne ne m'a lâché. J'ai pu revenir plus sereinement, travailler et gagner ma place. Depuis je progresse et je me sens en pleine forme physiquement, je ne me blesse plus. J'ai attaqué la saison avec beaucoup d'ambition et je compte améliorer mes statistiques devant le but en U19 (9 buts en 2016-2017). Enfin, cette année devrait être l'aboutissement de ma formation puisque j'arrive à la fin de mon contrat stagiaire et bien évidemment je vise un contrat professionnel dans mon club formateur.
"Cris est très impliqué dans sa mission"
C'est votre seconde saison avec Cris comme entraîneur. Il semble avoir trouvé ses marques avec son nouveau groupe, avez-vous noté une évolution depuis l'année dernière ?
Il est très impliqué dans sa mission. Ici, c'est une légende donc c'est un réel bonheur de l'avoir comme entraîneur et ce plaisir est partagé par tout un groupe. Dans le vestiaire, il n'hésite pas à passer du temps avec ses joueurs, individuellement, pour peaufiner quelques détails dans notre jeu, corriger nos défauts. Sur le banc, il est moins expressif que certains entraineurs, il ne va pas crier pour crier. Pour le moment, tout se passe bien et on fera le maximum pour poursuivre dans cette dynamique.
Son style est différent de celui d'Armand Garrido ?
Armand Garrido a formé les meilleurs à Lyon. C'est quelqu'un d'incroyable, de très expérimenté et de très respecté. Humainement, tu grandis beaucoup avec lui et sur le terrain, tu souffres beaucoup, tu vas puiser au bout de tes réserves. Lorsque tu fais le bilan de l'ensemble de tes efforts quelques mois plus tard, tu te rends compte de ta progression, des paliers que tu as pu franchir. Il arrive à mobiliser ses joueurs très facilement. Avec Cris, ils sont complémentaires.
La saison dernière a été très compliquée pour Cris en U19, vous étiez dans son équipe. Comment jugez-vous votre année ?
Pour nous ça a été une saison très compliquée... (il réfléchit.) Et pourtant à aucun moment le groupe a pu se sentir dans un confort. C'est rare qu'une équipe du centre de formation à Lyon soit autant en difficulté durant une saison. On a appris à rester solidaires. Malgré les mauvais résultats après la trêve, l'élimination en coupe de France, la Youth League, personne n'a baissé les bras. On s'est réfugié dans le travail. C'est ce que je retiens le plus.
Quelles sont vos inspirations au poste d'attaquant ?
Si je dois citer un modèle, bien évidemment il y a Thierry Henry. Il n'a pas exactement le même registre que moi mais je m'inspire de lui, c'est quelqu'un de très serein et j'aime bien l'écouter en interview. Depuis tout petit il me fait rêver. C'est ce genre de joueur qui me donne envie de gagner des titres et soulever le plus de trophées possible. En exemple plus récent il y a Anthony Martial qui est capable d'évoluer à gauche et dans l'axe. Même si c'est pas toujours simple à Manchester pour lui, il ne lâche pas et j'apprécie cet état d'esprit.
On note une réelle progression dans votre jeu depuis deux ans. Vous progressez techniquement tout en améliorant vos aptitudes athlétiques.
J'ai un profil athlétique qui mélange rapidité et puissance. Pour la technique, j'ai pu l'acquérir avec les années. À Montreuil, on passait tout notre temps à jouer au foot, que ce soit à l'école, dehors, au city stade, au club et même chez moi, on jouait partout. D'ailleurs, je cassais souvent des trucs chez mes parents, des lumières... ma soeur n'arrêtait pas de me crier dessus (rires.) Elle me disait d'arrêter de jouer au foot. Avec mon grand-frère, on allait au city stade pour répéter les gammes, il a su m'apporter toutes les bases nécessaires pour mes débuts au football. En région parisienne, tu joues en club mais je dois avouer que tu progresses énormément avec le football de rue car tu évolues dans des petits espaces et donc tu améliores ta qualité technique. C'est un autre état d'esprit également. En arrivant à Clairefontaine, j'ai beaucoup progressé sur le plan technique, la vision du jeu, j'ai pu poursuivre cette progression à Lyon. Ici, les entraîneurs et éducateurs observent et nous font travailler nos points faibles en priorité. J'ai su devenir un joueur plus complet au fil des années.
Cette saison, vous êtes quatre à vous relayer comme titulaires en attaque. Amine Gouiri n'est pas loin d'avoir une place dans le groupe professionnel, Willem Geubbels explose depuis la préparation estivale. Myziane Maolida a du temps de jeu en pro, Alan Dzabana a terminé meilleur buteur de l'équipe réserve l'an dernier. Comme quoi, la concurrence ne bloque pas votre temps de jeu...
Je ne me préoccupe pas trop de ça. Je pense avant tout à travailler. Je donne le maximum pour me faire remarquer. En tant qu'attaquant, il faut savoir faire ses statistiques, marquer et faire marquer afin de faire gagner son équipe. Et constamment améliorer sa finition devant la cage.
"On se donne des nouvelles avec Mbappé"
Durant vos années à Clairefontaine, un certain Kylian Mbappé était avec vous. Vous avez gardé des liens avec lui ?
On se donne toujours des nouvelles oui. On est de la génération "INF 98", on a connu Clairefontaine ensemble. Lors de sa signature au Paris Saint-Germain, je lui ai envoyé un sms pour le féliciter. C'est un bosseur, le genre de mec qui a un objectif en tête et qui met tout en oeuvre pour l'atteindre. On en a parlé dernièrement, derrière tout ce qu'on peut dire sur lui, que ce soit les supporters ou les médias, il ne faut pas oublier qu'il y a un jeune joueur qui a soif de progression et qui est performant parce qu'il donne le maximum.
Vous êtes sur un sans faute depuis le début de saison, est-ce que vos objectifs ont évolué ?
Pour moi, je ne pense pas. Faire un podium serait une belle saison, on a un groupe de qualité, avec une ossature proche de celle de la saison précédente donc on espère faire aussi bien. Face à Saint-Priest, on vise une cinquième victoire en cinq matches. Même en National 2, on doit montrer qu'on est l'OL. On a eu la chance d'évoluer avec des joueurs comme Clément Grenier ou Mapou Yanga-Mbiwa depuis le début de saison, ils apportent leur maturité, ils encouragent l'équipe et veulent gagner les matches. Ils ont touché à l'équipe de France, forcément c'est une source de motivation supplémentaire de les côtoyer.
Joueur à suivre assurément ! Son activité lors du dernier match contre Annecy donne envie de le voir un peu plus.
Merci à O&L pour cet article. C'est sympa de donner la parole aux jeunes de notre equipe pour nous les faire découvrir. Bonne chance à Yann, en espèrant qu'il signe pro à la fin de l'année!
Il semble avoir un bon mental aussi çà peut être utile.Sinon jamais vu jouer