Mercato : Saïd Benrahma est finalement bien un joueur de l’OL

Voici l'article de l'équipe de Hugo Guillemet

Saïd Benrahma à l'OL, le récit d'un transfert à rebondissements
L'international algérien a fini par signer à Lyon au lendemain de la clôture du mercato, après d'incroyables rebondissements entre West Ham, l'OL et la FIFA. Récit d'un jour et d'une nuit de péripéties.

Puisque tout le monde connaît la fin de l'histoire, un happy end digne des meilleures sitcoms américaines, il faut bien commencer par là : la maman de Saïd Benrahma tombe dans les bras de John Textor, qui l'enlace et écoute ses mots de remerciement, en faisant mine d'y comprendre quelque chose.

À côté, l'international algérien laisse éclater son soulagement dans ceux du directeur sportif David Friio, puis du directeur général Laurent Prud'homme. Les yeux brillent, les accolades sont franches et, évidemment, la caméra du club saisit ces instants d'émotion qui serviront, deux heures plus tard, à officialiser le transfert du joueur à l'OL. « Ç'a vraiment été les montagnes russes », souffle Benrahma.

Textor abasourdi, Friio et Prud'homme livides
L'ailier de 28 ans venait à peine de descendre du manège. La veille, presque à la même heure, il avait passé sa visite médicale sans encombre, signé son contrat, posé avec son maillot floqué du numéro 17 et il attendait simplement que son prêt jusqu'en fin de saison (*) soit validé administrativement par son club de West Ham dans le logiciel de la FIFA. Il a patienté un peu, puis un peu trop, et la tension de tout le monde est montée, à l'approche de minuit, alors que le club anglais n'avait pas encore commencé sa saisie des informations.

À 0 h 15, tout le monde avait compris, et chacun s'est figé d'effroi en le réalisant : le transfert avait capoté. Textor restait vissé sur une chaise dans son hôtel à Paris, abasourdi, pendant que Friio et Prud'homme, à Lyon, devenaient livides et ruisselants. Benrahma, lui, explosait de rage, tandis que sa mère se mettait à pleurer. La nouvelle, révélée sur le site L'Équipe, quelques instants plus tard, faisait l'effet d'un coup de tonnerre et l'OL annonçait vers 1 heure du matin qu'il ne se laisserait pas faire, en publiant un communiqué.

« C'était un moment émotionnel très fort, expliquait Prud'homme vendredi en début d'après-midi, en conférence de presse. Le contrat de travail avait été signé par Saïd. La convention de transfert avait été signée entre l'OL et West Ham, la convention de rupture de contrat avait été signée par le joueur et West Ham, les conventions d'agents avaient également été signées. Tout était bon, et tout avait été envoyé à West Ham dans les temps... »

« Il y avait avec eux un dialogue constant et pourtant nous n'avons rien reçu avant 23 h 59 », pestait de son côté Friio. Les dirigeants lyonnais s'étaient assis au pupitre, de part et d'autre de leur patron américain, pour dire qu'ils avaient déposé un recours devant la FIFA, et assurer qu'ils resteraient combatifs afin d'obtenir le transfert.

« La situation est la même entre West Ham et le Betis Séville à propos d'un autre joueur (Pablo Fornals), précisait Textor. J'ai parlé avec Ramon (Alarcon), le CEO du Betis, et j'étais choqué de voir qu'ils avaient connu la même mauvaise expérience. Nous espérons avoir des bonnes nouvelles pour les deux clubs. »

Un mal pour un bien car un match de suspension a été purgé
Le propriétaire ne pensait probablement pas qu'elles arriveraient si vite. Quelques minutes plus tard, Prud'homme recevait un SMS, en prenait connaissance, avant de tendre son smartphone à l'Américain, dont le visage reprenait subitement des couleurs, dans une scène diffusée en direct sur OL Play. « Il semblerait que la FIFA ait accepté la validation du transfert, dévoilait avec prudence le DG face aux médias. Nos efforts sont en train de payer. » Il ne manquait à ce moment-là plus que les accords de la FFF et de la Fédération anglaise, qui n'ont pas tardé à tomber, plus tard dans la journée.

La FIFA a accepté le transfert (mais aussi celui de Fornals au Betis) car, dans les deux cas, le club acheteur a respecté la marche à suivre, tout comme les délais impartis. Pour les deux joueurs, c'est à chaque fois le vendeur, West Ham, qui a été négligent. Dans ce type de situation, l'instance internationale est prête à étudier le dossier et à éventuellement accepter que soit dépassée la date limite de clôture du mercato, ce qui arrive très rarement. Encore fallait-il apporter des preuves solides devant la commission.

Au-delà de Prud'homme, qui a très rapidement pris attache avec plusieurs personnes de son réseau à la FIFA, le travail d'un homme a été prépondérant à l'OL. Jean Sudres, promu directeur juridique du secteur sportif depuis le départ de Vincent Ponsot, a passé une nuit blanche afin de constituer un solide dossier, assisté de son bras droit Willy Niama, ce qui a permis de renverser la situation.

Et puisqu'une bonne nouvelle n'arrive jamais seule, ce retard aura permis à Benrahma, expulsé le 16 janvier en Cup à Bristol, de purger le deuxième de ses trois matches de suspension, jeudi soir, car il était toujours un joueur des Hammers pendant West Ham-Bournemouth (1-1). Il devrait donc pouvoir participer au déplacement à Montpellier, dans huit jours. Cela a le mérite de rappeler qu'il y a des matches, aussi, et que l'OL, 16e de Ligue 1, ferait mieux de gagner au Groupama Stadium, demain face à l'OM, dans sa perspective de maintien. L'animateur de cette fin de semaine ne jouera pas, mais on peut imaginer que même depuis la tribune, il sera déjà heureux d'être là.