(Photo by JOEL SAGET / AFP)

Maxime Vachier-Lagrave : "Ma passion pour l'OL ? Elle est venue un peu par hasard"

Le 30 décembre 2021, Maxime Vachier-Lagrave est devenu champion du monde d'échecs en blitz (en parties ultra-rapides). Le trentenaire né en région parisienne est également un amoureux de l'Olympique lyonnais. Pour Olympique-et-Lyonnais, "MLV" raconte sa passion pour l'OL, club qu'il suit depuis plus de 20 ans.

Olympique-et-Lyonnais : Quel est votre rapport au football ? 

Maxime Vachier-Lagrave : J’en ai fait un an lorsque j’étais gamin, mais ce n’a pas été une expérience concluante. Par contre, je regarde beaucoup de matches de foot, même si la quantité a baissé au fil des années. A un moment donné, c’était presque tous les jours, désormais, c’est plutôt le week-end et en semaine pour la coupe d’Europe. Je suis énormément de rencontres de Lyon, quand je peux car je n’ai pas l’abonnement Amazon, mais aussi la Ligue des champions, des championnats étrangers. 

Lorsque j’étais en tournoi, je me réveillais parfois à 3 heures du matin pour regarder des affiches de C1 de l’OL car j’étais en Chine. Maintenant, l’âge aidant, je suis un peu plus raisonnable (il rigole). A une époque, je ne ratais pas une partie. Je me souviens que j’étais dans les aéroports à chercher le premier site de streaming venu pour voir les matches. J’aime bien suivre les équipes des joueurs lyonnais lorsqu’ils partent à l’étranger. 

D’où vous vient cette passion pour l’OL ? 

C’est venu un peu par hasard. Je ne sais plus exactement comment cela s’est construit, mais dans ma famille, personne n’est fan de football. On ne m’a pas dit quel club je devais soutenir. Vers 7 ou 8 ans, c’était un peu la guerre dans la cour de récréation entre les supporteurs de Marseille et de Paris. Moi, je ne voulais pas entrer dans ces discussions, même si maintenant, je le fais plus facilement, sans partir dans le n’importe quoi non plus. A 10 ans, je me suis mis à suivre Lyon, qui était déjà l’autre grosse équipe.

Avez-vous l’opportunité d’aller quelques fois au stade ?

Je vais très peu aux matches. Déjà, je n’ai pas trop le temps, je suis très souvent en déplacement et en plus, je préfère vivre les rencontres de manière confortable. L’expérience au stade est sympa, c’est clair, mais je ne suis pas un hardcore du stade non plus. Quand je suis chez moi, j’aime autant y rester, mais c’est sûr que si je vivais à Lyon, j’irais certainement plus souvent. Par exemple, je n’ai jamais été au Parc des Princes pour voir un PSG - OL.


"L'OL a toujours les mêmes travers"


Comment jugez-vous cette première partie de saison de l’Olympique lyonnais ?

C’est compliqué évidemment, surtout en Ligue 1 où il n’y a pas de cohérence dans les résultats. On a toujours les mêmes travers avec beaucoup de points donnés et une défense qui n’est pas en place. Mais ce que je trouve le plus dommageable, ce sont les problèmes internes qui forcément se cristallisent en période de crise. J’ai également une équipe autour de moi et chacun doit tirer dans le même sens pour que les choses avancent collectivement, ce qui n’est pas le cas actuellement à l’OL apparemment. Il faut espérer que le climat s'apaise au plus vite. 

L’avantage, c’est qu’il y a quand même des bases très solides avec le stade et le centre de formation, qui apporte tous les ans de nouveaux noms et qui permet d’avoir une équipe relativement compétitive. Je sais bien qu'on n'a pas les moyens d’investir autant que les autres grands clubs européens, mais il n’y a pas de raison que ça se passe comme ça s’est passé sur la première partie de saison, surtout qu’on est déjà à la mi-parcours et qu’il n’y a plus beaucoup de temps pour redresser la pente. 

Etes-vous plutôt optimiste ou pessimiste pour la suite de l’exercice ? 

Pour la coupe d’Europe, je suis plutôt optimiste car visiblement, les joueurs sont motivés. Je peux comprendre, même si évidemment ça ne devrait pas être le cas, qu’ils soient plus motivés pour jouer la Ligue Europa que de retrouver tout le temps les mêmes têtes et les mêmes stades en Ligue 1. Par contre, pour le championnat je suis assez pessimiste pour la 2e partie de saison. Je reste malgré tout confiant sur le choix de l’entraîneur, Peter Bosz. Tout n’est pas parfait, il fait des fautes, mais son discours et certaines de ses actions me laissent entrevoir qu’il peut être l’homme de la situation. A Lyon, on aime bien laisser du temps aux coachs, ce qui est plutôt une bonne nouvelle selon moi, après, on verra comment se déroule la suite de la compétition. Mais je ne pense pas que le résultat sera top. Si on termine 5e, ce sera déjà très bien vu le début de saison, mais je pense que ça sera en dessous.   


"J’ai une affection particulière pour Lacazette"


Avez-vous un joueur lyonnais encore au club ou passé par l’OL que vous appréciez particulièrement ? 

C’est dur de ne pas citer Juninho. Il incarne le club et l’amour pour ce blason. Ensuite, j’ai une affection particulière pour Alexandre Lacazette (aujourd'hui à Arsenal). S’il pouvait revenir au bercail ça serait cool. Après, j’ai toujours apprécié les joueurs qui sortent du centre de formation. Lucas Paquetá et Bruno Guimarães m'ont aussi fait forte impression, même s’il y a cette forme d’irrégularité qui m’embête toujours un peu car le très haut niveau demande de la constance. 

Est-il possible selon vous de faire un parallèle entre les échecs et le football ? 

Je sais qu’il y a quelques parallèles oui, par exemple au niveau des stratégies d’équipe qui sont mises en place au foot, par rapport à moi en tant que joueur, je dispose mes pièces pour que le jeu soit fluide et qu’elles puissent s'entraider pour faire un maximum de dégâts. C’est similaire avec la volonté de placer des joueurs le mieux possible pour qu’ils limitent leurs touches de balle pour accélérer le jeu et créer des décalages. On peut également évoquer l’utilisation de la technologie et des datas qui arrivent dans le sport. Dans notre discipline, on vit depuis plusieurs années avec des logiciels et des bases de données.  

Au football, plusieurs parcours sont possibles pour accéder au haut niveau, qu’en est-il pour devenir champion du monde d’échecs ? 

Il y a également plusieurs manières. Déjà, il y a une différence entre les joueurs qui choisissent de s'affranchir du parcours scolaire et ceux qui restent dans ce cadre de l’école, ça change le temps accordé pour jouer aux échecs. Maintenant, les ordinateurs sont indispensables, mais certains sont encore contents d’avoir un apport humain, des entraîneurs qui permettent de les guider. D’autres utilisent uniquement l’ordinateur, jouent en ligne face à des adversaires. Ce sont les deux principales possibilités pour progresser. C'est quasiment impossible aujourd’hui d’être autodidacte, donc c’est bien d’avoir des personnes pour aider. 


"J’ai une équipe de 6 ou 7 personnes autour de moi"


A l'instar des joueurs de football, vous disposez d’une équipe autour de vous pour vous aider au quotidien ? 

Oui, j’ai un manager, un coach sportif, une préparatrice mentale... J’ai un entraîneur principal et des adjoints, même si ce n’est pas exactement comme cela que ça se passe, mais j’ai tout de même une équipe de 6 ou 7 personnes autour de moi. 

A l’image d’un footballeur, vous entraînez-vous tous les jours pour répéter des gammes et apprendre de nouvelles tactiques ? 

L’entraînement est presque quotidien bien sûr. J’ai en plus l’avantage, par rapport au foot, de ne pas être sujet aux blessures. Je peux avoir des petites périodes d'indisponibilité, mais pas pendant 3 ou 6 mois comme cela est possible dans le monde du ballon rond. Les séances sont plus ou moins intenses. C’est la pratique du sport à très haut niveau donc c’est forcément assez similaire sur ce point.

Quelle est votre journée-type lorsque vous êtes en compétition 

Si on part sur les bases d’un match à 15 heures, je me réveille vers 9h et je vais prendre mon petit déjeuner. Généralement, je vais vérifier les fichiers sur la partie de l’après-midi que j’ai reçus de mon entraîneur. Cela me prend 30 minutes, histoire de tout mettre en place pour savoir ce que je dois revoir avant d’aller jouer. Après, c’est plus tranquille, je vaque à mes occupations. Par exemple, je m’informe des résultats sportifs de la veille. Une heure avant le duel, je consulte mes fichiers d’ouvertures, là, c’est généralement une dizaine de fiches et il y a pas mal d’informations à revoir, même si ce sont des positions que j’ai déjà vues par le passé. 

Ensuite, je vais à mon match. S’il n’est pas trop long, c’est-à-dire moins de 4 heures, j’essaye de faire une séance de sport, sauf si j’en ai eu une le matin, pour souffler de la rencontre. Le soir, je regarde qui sera mon adversaire le lendemain, je donne les pointeurs à mon coach pour qu’il puisse regarder les positions critiques pour ma prochaine partie afin de vérifier que tout va bien. Dans le même temps, je prépare ma base de révision pour le jour suivant Et puis souvent, à partir de 23h-minuit, c’est quartier libre avant que je m’endorme vers 2 heures du matin.

3 commentaires
  1. Avatar
    Doudski69 - mar 4 Jan 22 à 9 h 21

    Rafraîchissant. Merci.

  2. Avatar
    valentin-joly - mar 4 Jan 22 à 13 h 22

    Tres interressant. bel article

  3. Avatar
    Ugo69100 - jeu 6 Jan 22 à 15 h 26

    Excellente idée d'interviewer Maxime, il n'a jamais caché son amour pour l'OL : son pseudo sur les sites d'échecs en ligne c'est LyonBeast ou Nabilon Fekir... quel homme 😀 !

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