L'OL officialise l'arrivée de Matthieu Louis-Jean

En passant très vite sur leur amnésie et/ou méconnaissance de l’histoire de l'OL, les anti-Aulas "primaires", toujours très nombreux sur les forums, ne tiennent pas ou peu souvent compte du fait que la crise COVID a particulièrement touché le club lyonnais.

Tout le plan business du Grand Stade et d'OL Vallée, déjà très retardé par les oppositions politiques locales (bien plus qu'écologiques, puisque c'était surtout un prétexte) était fondé sur la rentabilisation de tous ces équipements, avec bien sûr en pole position médiatique le taux élevé de remplissage du Grand Stade (pas seulement avec les matchs de foot).

Ce complexe entrait à peine de plain-pied dans sa phase "rentable", avec cependant toujours en cours le remboursement élevé des gros prêts souscrits pour sa construction.

Or, l'OL était le seul club français dans ce cas précis, les autres n'ayant ni les profits de la rentabilisation de leur stade et équipements divers, mais à l'inverse, ils n'avaient pas la charge élevée des remboursement des prêts divers étalés sur une longue période.

La crise a provoqué l'effondrement des bénéfices de rentabilisation sur deux ans au moins, mais elle n'a pas interrompu le remboursement élevé des prêts.

De plus l'OL comme beaucoup de club a bénéficié d'un prêt "spécial" pour pallier aux besoins urgents liés à la cessation d'activité. Et même si ce prêt était destiné à aider transitoirement les clubs, il faut bien le rembourser lui aussi.

Cela permet notamment de comprendre pourquoi Aulas s'est immédiatement élevé (et à juste titre) contre les décisions inadaptées prises à tous les échelons du pays: politique, Ligue Nationale et Fédération Française.

D'ailleurs, la vente du club est directement la conséquence de la gestion de cette crise: d'abord en affaiblissant singulièrement les finances d'OL Groupe, mais aussi en affaiblissant au moins autant celle du Groupe Pathé, deuxième actionnaire du club et a motivé la décision de Seydoux de vendre ses parts entrainant IDG troisième actionnaire avec lui. Décision annoncée sans préavis à un moment sportif important du club. C'est peut-être ce manque classe et de respect du club que j'ai le moins pardonné à Seydoux.

Après, on pourra toujours critiquer et à raison certains choix d'Aulas ces dernières années, mais pour ma part je n'oublie pas qu'il a fait le maximum pour "son" club, et qu'il a finalement été contraint de partir, poussé par des évènements extérieurs, indépendants de sa volonté et de ce qui était objectivement prévisible.

La situation financière du club est donc aujourd'hui tout aussi tendue qu'avant son départ, et Textor n'a à ce jour que distribué de belles paroles et pris des décisions surtout "spectaculaires", bien à l'américaine.

Quant à la mise en avant régulière de la fameuse "data", c'est destiné à faire plaisir aux plus jeunes sensibles à l'évocation de technologies à la mode. Mais en réalité, la "data", est utilisé (bien ou mal) depuis un moment déjà à l'OL. C'était même l'argument avancé par Aulas pour justifier le nombre très restreint de "scouts".

On avait d'ailleurs aussi glosé sur l'apparition d'un vidéaste professionnel "adjoint" (ou assimilé) du coach aux entrainements pour disséquer les performances des joueurs au moment de l'arrivée de Sylvinho, porteur lui aussi de nouvelles technologies. Et même si c'est là encore à priori un "plus", cela n'a malheureusement suffi en rien pour améliorer les performances sportives des joueurs.

Malgré son âge "canonique" (j'ironise sur les propos abusifs de certains de ses détracteurs) Aulas était quand même un professionnel de l'informatique, avant d'avoir été patron de l'OL. Et il connait bien les limites de la "data". Si c'est un excellent outil bien utilisé, il devait savoir que ça ne remplacera jamais un réseau d'observateurs professionnels compétents. C'était juste un argument pour justifier le fait de ne pas recruter davantage de scouts, qui coutent bien plus cher qu'on ne pense, surtout s'ils sont efficaces comme dans les grands clubs.

J'imagine que là ou la science peut encore le mieux servir le sport professionnel et le foot en particulier, c'est dans l'analyse médicale méthodique et très technologique des joueurs avant leur recrutement et pendant leur séjour au club. Mais pour ce qui est de la valeur technique et des caractéristiques générales des joueurs cela n'apporte qu'un plus. La connaissance comportementale à la fois psychologique et tactique des joueurs dans leur élément essentiel, ça relève d'abord de l’œil humain, des "informations officieuses de couloir" que la data ne peut révéler, et de l'expérience acquise par les scouts.

En tout cas, pour ce qui est du renflouement des caisses de l'OL, on est au point mort. Au contraire, la vente partielle d'OL Féminin (52 % des parts) et celle totale d'OL Reign, la franchise américaine, n'ont été initiées que pour ramener de l'argent, avec des arguments de bonimenteur, mais en affaiblissant cependant notoirement l'indépendance et l'autonomie de l'OL. Maintenant il faut seulement parler d'Eagle, consortium financier énorme mais très près de ses sous, et non plus d'OL Groupe.

A la différence d'OL Groupe, l'intérêt d'Eagle sera évidemment toujours prioritaire, et très largement, à celui de l'OL. Le seul réel espoir, c'est que comme le PSG pour le Qatar, l'OL soit un peu la vitrine principale de ce consortium. Mais il ne faut surtout pas louper la transition, sinon ce ne sera plus qu'un pion secondaire, que l'on peut sacrifier ou utiliser à loisir dans l'intérêt du "groupe".

Cette intersaison me parait déjà déterminante pour avoir une idée du rôle qui va être attribué à l'OL. Rôle principal (sportivement) ou quantité plus ou moins négligeable et sacrifiable au besoin.