Alors qu'on l'imaginait plutôt comme un suiveur, Jérémy Toulalan a expliqué dans le JDD qu'il avait été l'un des meneurs et l'un des instigateurs de la lettre justifiant la grève de l'entraînement des Bleus durant le Mondial. Des révélations qui ont déçu Bixente Lizarazu.
«C'est pire que ce que je pensais finalement, a déclaré l'ancien défenseur dans Téléfoot. Je me rappelle aussi d'une de ses déclarations où il avait dit «les joueurs de France 98 nous font ch***». A cette époque-là, on avait vanté son tempérament, son caractère et son courage. Le courage, ce n'est pas exactement ça. A un moment donné, quand tu parles, il faut l'assumer derrière. Quand tu te retrouves dans un bus et que tes copains font n'importe quoi, il faut avoir là le courage de sortir ou de leur dire «vous faites n'importe quoi les gars, je me casse. Si vous ne voulez pas venir, je me casse.» C'est une grande déception parce que je pensais que, lui, aurait eu la lucidité à un moment donné, et ce n'est pas le cas.»
Dans un entretien publié ce dimanche 11 juillet dans le Journal du Dimanche, le milieu de terrain de l'équipe de France, Jérémy Toulalan, reconnaît avoir joué un rôle direct dans la mutinerie des Bleus pendant la Coupe du Monde, assume mais regrette le fiasco.
Le joueur de l'Olympique Lyonnais, admet que le communiqué des joueurs lu par Raymond Domenech le jour de la grève avait été rédigé par son attaché de presse personnel. Ce texte, dans lequel les Bleus ont assuré leur soutien à Nicolas Anelka, exclu de l'équipe pour avoir insulté le sélectionneur, était jusqu'alors attribué à l'avocat du capitaine Patrice Evra.
"Avec quelques joueurs, on a couché des idées pour expliquer notre démarche. Puis avec nos conseillers, on a essayé de mettre ça en forme pour être bien compris. On a essayé de maîtriser les choses, même si c'était peut-être indéfendable", affirme Jérémy Toulalan. "On n'a pas cautionné ce qu'avait dit Nicolas Anelka. Mais c'est le genre d'événement qui arrive parfois dans un groupe. C'est mal, mais ça existe", précise-t-il.
"Personne n'a été menacé"
Et d'expliquer : "Quand c'est sorti (dans l'Equipe, ndlr) tout s'est précipité. On a vite appris qu'Anelka allait être renvoyé. On a essayé d'organiser une réunion pour qu'il aille s'expliquer avec le coach. Elle n'a jamais eu lieu car la décision de son exclusion avait été prise".
Le joueur, qui compte 36 sélections, ajoute également qu'il n'y a jamais eu au sein de l'équipe des France des "meneurs et des suiveurs", "des gentils et des méchants". "On est tous responsables à partir du moment où personne n'a rien dit", estime-t-il.
Jérémy Toulalan souligne aussi que "personne n'a été menacé", démentant l'existence de clans et les menaces sur Yoann Gourcuff. "C'est complètement faux ! J'ai même entendu que j'avais séparé Franck (Ribéry) et Yo (Gourcuff). Du grand n'importe quoi, il n'y a eu aucune altercation entre eux."
Plusieurs regrets
Le milieu de terrain fait part de ses regrets sur le dérapage des Bleus, qui selon le JDD, le fait "nager en plein cauchemar". Jérémy Toulalan regrette non seulement la forme de la protestation, mais également le fait que le texte des joueurs ait été lu par Raymond Domenech, brouillant ainsi le message. "Je l'avais dit : c'était au capitaine d'aller la lire".
Regrets sur les conséquences de cette décision : "On n'a juste pas mesuré l'impact que ça allait avoir. On ne s'en est rendu compte qu'en rentrant à l'hôtel (...) Le président (de l'Olympique Lyonnais, Jean-Michel) Aulas (...) m'a conseillé de faire des excuses au plus vite. C'est ce qu'on comptait faire. On n'a pas pu", rappelle-t-il en allusion au refus du sélectionneur de laisser ses joueurs s'exprimer en conférence de presse.
Jérémy Toulalan critique également l'attitude générale des joueurs pendant le Mondial. Selon lui, "il aurait peut-être d'abord fallu se parler sur le terrain. Cet esprit de corps qu'on a eu autour d'Anelka, il aurait fallu l'avoir en match".
Au sujet de son comportement personnel, le joueur indique avoir "du mal à digérer de ne pas avoir eu le courage de me lever pour m'exprimer".
"C'est une tache dans ma carrière"
Interrogé sur d'éventuelles sanctions, Jérémy Toulalan répond : "On n'a pas le choix. On a tellement fait n'importe quoi qu'on accepterait. En tout cas, les sanctions doivent être collectives."
Sur son avenir en équipe de France, il estime qu'il "faut retrouver les valeurs qu'on a zappées : respect, fierté du maillot, du pays". "Aujourd'hui je me demande comment on a pu faire ça... C'est une tache dans ma carrière. Elle va être difficile à effacer."
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