Laurent Delamontagne : « L’OL a changé de statut à partir de 1995 »

Natif de Rennes et formé au Stade Rennais, Laurent Delamontagne a rallié l’Olympique lyonnais à l’été 1992 à la suite de la descente du club breton en Ligue 2. Titulaire régulier au sein du club rhodanien, il a porté à 92 reprises le maillot de l’OL en trois saisons. Après avoir terminé sa carrière professionnelle  à l’ASOA Valence, celui qui est désormais âgé de 52 ans est à la tête d’Horizon Communication, une agence spécialisée dans la communication qu’il a créé en 2005. Entretien.

Olympique-et-Lyonnais.com : Après avoir été formé au Stade Rennais, vous devenez rapidement un joueur majeur du club breton qui oscille entre la Ligue 1 et la Ligue 2. En 1992, vous décidez de quitter votre Bretagne natale pour Lyon. Qu’est-ce qui a motivé votre choix ?

Laurent Delamontagne : L’OL était remonté trois ans auparavant et avait une progression croissante. A l’inverse, avec Rennes, nous connaissons une relégation lors de la saison 1991-1992. De ce fait, passer du Stade Rennais à l’Olympique lyonnais était un vrai pas en avant pour moi. Après, les choses ont mis un peu de temps à se faire car j’étais encore sous contrat avec Rennes et j’avais une clause stipulant que je pourrais partir libre en cas de descente. Or, nous étions descendus mais seulement après les barrages. Je pense que si l’on avait obtenu le maintien avec le Stade Rennais, je ne serais pas venu à Lyon. Mais là, le club m’avait manifesté son intérêt par l’intermédiaire de Bernard Lacombe, avec qui j’ai été en contact régulier et pour moi, l’OL était le club parfait pour progresser. J’ai ensuite rencontré Marino Faccioli sur Paris puis Raymond Domenech, le coach de l’époque, lorsque je suis venu passer mes tests médicaux. J’ai donc repoussé une offre de Valenciennes ainsi qu'une offre de Sochaux, qui me proposait un peu mieux que Lyon (durée, conditions salariales...). Je voulais vraiment rallier la capitale des Gaules. L’environnement, avec la beauté de la ville et du stade a également eu un impact sur ma décision.

Quelle vision avez-vous de l’OL à cette période ?

Pour moi, l’OL était un club à potentiel. J’en avais parlé avec mon frère, Patrick (également joueur professionnel, ndlr) et on était unanimes sur le fait que Lyon était un bon club pour franchir un cap. Il y avait beaucoup de joueurs issus du centre de formation à l’image de Rémi Garde, Pascal Fugier, Bruno Genesio, Sylvain Deplace ou Florian Maurice. La volonté du club était de prendre quelques joueurs un peu plus expérimentés, comme ce fut le cas avec moi, pour un peu encadrer et montrer l’exemple. J’ai senti un club avec beaucoup d’ambition. Alors certes, ça ne jouait pas encore les premières places mais j’ai rapidement compris que le projet du président Aulas était de faire de l’OL un grand club. Cela s’est fait étape par étape. A cette période, l’objectif était de construire autour d’une base qu’était les joueurs formés au club pour progresser dans la hiérarchie nationale.

Vous quittez votre club formateur pour un nouveau challenge et une ville presque trois fois supérieure à Rennes, comment vivez-vous votre intégration ?

Sincèrement, au début, j’ai du mal à m’acclimater. Je vivais à l’hôtel et j’avais vraiment du mal à m’y faire. De plus, Lyon est une grande ville donc j’éprouvais quelques difficultés à me repérer (rires). Puis, arriver dans un groupe composé pour la plupart de joueurs formés au club, ce n’est pas forcément l’idéal pour s’intégrer. De plus, les coutumes au sein du vestiaire lyonnais n’étaient pas les mêmes qu’à Rennes. Par exemple, au Stade Rennais, on mangeait tous ensemble à la fin des matchs, ce qui n’était pas le cas quand je suis arrivé à l’OL. Cela a changé par la suite. Il y avait beaucoup de jeunes donc il a fallu un peu de temps pour créer cet état d’esprit familial qui a fait ensuite notre force. Au fil des mois, on est devenu un vrai groupe.

« Pratiquer du beau jeu a toujours fait partie de l’ADN de l’OL »

Sur le plan du jeu, qu’est-ce qui a changé pour vous ?

Je ne dirais pas tout mais presque (rires). L’OL a toujours eu cette volonté de pratiquer du beau football, je pense que cela fait partie de l’ADN du club. Après, on possédait aussi les joueurs qui avaient cette qualité technique pour pratiquer du jeu court et pour relancer proprement donc forcément c’était plus simple. A Rennes, on misait davantage sur du jeu direct. Mon positionnement a également évolué puisque je suis passé d’attaquant de pointe en Bretagne à attaquant de côté à Lyon. Il a fallu que je m’adapte au jeu et à mes coéquipiers. Je touchais aussi un peu moins le ballon. J’avais un rôle différent.

Seulement quelques semaines après votre arrivée, vous disputez votre premier derby Saint-Etienne/OL à Geoffroy Guichard (0-0, le 3 octobre 1992). Comment abordez-vous ce rendez-vous unique ?

J’ai été conditionné à l’avance. Quand j’ai signé à Lyon, le derby était l’un des premiers sujets de conversation (rires). J’ai été prévenu qu’avec l’ambiance dans le stade, on ne pourrait pas trop s’entendre sur le terrain. Forcément ce sont des matchs spéciaux. J’ai connu le derby entre Rennes et Nantes mais là ce n’était pas comparable. Il y avait 20 000 spectateurs de plus. Je me rappelle qu’à l’époque, il n’y avait pas autant de normes de sécurité qu’aujourd’hui. Du coup, il y avait bien plus de supporters que le stade ne pouvait en contenir. On avait parfois l’impression qu’ils allaient venir sur la pelouse. Puis les supporters des deux camps se déplaçaient, ce qui apportait une ferveur supplémentaire. Ce n’est plus trop le cas aujourd’hui et c’est bien dommage. Ces derbys restent de grands souvenirs même si ce match-là n’a pas marqué l’Histoire. Il y avait beaucoup de tensions, beaucoup de fautes. Un vrai derby à l’ancienne en somme (rires). Maintenant, étant ni né à Lyon, ni né à Saint-Etienne, je pense que j’ai vécu les choses différemment.

Quel style d’entraîneur était Raymond Domenech ?

Raymond Domenech était très proche des joueurs mais aussi très rigoureux. Sa porte était toujours ouverte pour ses joueurs. Personnellement, j’ai adoré ses entraînements, puis c’était un coach qui nous laissait beaucoup de liberté dans le jeu. Il savait très bien gérer une équipe de jeunes joueurs. Le club a eu raison de miser sur lui pour remonter. Après, c’était déjà le Raymond que l’on connait. Je me souviens d’une causerie et l’on était un peu dissipé et où on ne l’écoutait pas des masses. Il a posé la craie et il nous a poliment dit de nous débrouiller (rires).

« Raymond Domenech restera à jamais l’entraîneur qui a permis à l’OL de retrouver la Ligue 1 »

Comment qualifiez-vous votre première saison sous le maillot lyonnais alors que l’OL termine cet exercice 1992-1993 à la 14e place de Ligue 1 ?

Je dirais que c’était une saison assez difficile mais utile en termes d’expérience engrangée pour l’équipe mais aussi concernant la création d’un vrai groupe. Nous avons mal débuté le championnat, on ne faisait quasiment que des matchs nuls. On n’était pas forcément mauvais mais on ne gagnait pas. Pour autant, on sentait que l’on était sur la bonne voie et petit à petit, on allait mieux. On a réalisé une bien meilleure seconde partie de saison malgré notre piteuse élimination en coupe de France contre Pont-Saint-Esprit

Raymond Domenech ne résiste pas à cette saison un peu compliquée…

Oui, il y eu en fin de saison, une volonté du club d’amener un peu de sang neuf. Raymond Domenech était en fin de contrat et il n’a pas été prolongé. Il restera, tout de même, l’entraîneur qui a permis à l’OL de retrouver l’élite.

Jean-Michel Aulas décide alors de nommer Jean Tigana à la tête de l’équipe. Qu’est ce qui a changé ?

Les joueurs déjà (rires). Jean Tigana était un manager à l’anglaise, il ne s’occupait pas des séances d’entraînement qui étaient dirigées par Guy Stéphan. Son arrivée a permis à l’OL d’attirer des joueurs d’un certain standing comme Pascal Olmeta, Manuel Amoros, Abedi Pelé ou Éric Roy. Il faut dire que Lyon a bien profité de la rétrogradation de Marseille à la suite de l’affaire VA-OM pour se renforcer. Certains joueurs du cru ont quitté le navire comme Rémi Garde ou Bruno Genesio. En soit, l’effectif n’avait pas trop changé mais il s’était considérablement renforcé. En termes de jeu, Abedi Pelé jouait en position de meneur. Avec les recrues, on était devenu une équipe encore davantage joueuse dotée d'un potentiel beaucoup plus important.

« En 1993-1994, on s’est peut-être pris pour d’autres »

Malgré ce potentiel, l’OL ne termine que 7e lors de cette saison 1993-1994 ? Peut-on parler de déception ?

Je pense que l’on aurait pu terminer plus haut oui. A l’instar de la saison précédente, nous avons mal débuté le championnat. Je pense qu’avec de telles recrues, on était davantage attendu. On s’est peut-être pris pour d’autres à ce moment-là. On était sans doute un peu trop dispersés puis quand les résultats ne viennent pas, chacun fait le geste de trop. Puis, on a eu un déclic. On s’est dit qu’on y arriverait ensemble. La deuxième partie de saison a été très bonne et comme par hasard, la chance nous souriait. On a vraiment construit quelque chose à partir de début 1994. On était devenu une équipe. Forcément quand on est davantage soudé, ça fonctionne mieux. Puis l’ambiance est toujours au beau fixe quand les victoires s’enchaînent.

Sur le plan personnel, comment vivez-vous cette saison au milieu de joueurs réputés ?

J’ai pris énormément de plaisir. Puis franchement Manu Amoros et Pascal Olmeta étaient vraiment des exemples. Manu était toujours le premier arrivé à l’entraînement et Pascal restait souvent après les séances pour faire des arrêts. Personnellement, j’ai eu un début de saison assez délicat, à l’image de l’équipe. Je ne débutais pas les matchs. Au fil des semaines, à force de travail, Jean Tigana me faisait de plus en plus confiance. Son schéma en 4-4-2 ne me favorisait pas vraiment. De ce fait, il m’a replacé à un poste de milieu droit. On avait un côté gauche très offensif avec Manuel Amoros et Franck Gava. J’avais pour consigne de compenser pour ne pas déséquilibrer l’équipe en ayant les deux côtés trop offensifs. C’était un nouveau poste pour moi. J’ai dû m’adapter aux différentes contraintes. J’ai eu une longue discussion avec Jean Tigana lors du stage hivernal avant la reprise en janvier. Il m’a dit précisément ce qu’il attendait de moi. J’ai joué de façon plus libéré par la suite. Cela m’a permis de réaliser de bonnes performances et d’être régulièrement titulaire.

Dans la continuité d’une seconde partie de saison 1993-1994 encourageante, l’OL réalise un exercice 1994-1995 d’anthologie, conclut par une 2e place en Ligue 1.Un classement inédit pour le club à cette époque. Qu’est-ce qui peut expliquer une telle performance ?

L’effectif n’a pas énormément bougé, du coup, le groupe a conservé sa solidité et son état d’esprit. Les jeunes qui sont arrivés comme Cédric Bardon et Ludovic Giuly se sont très bien intégrés et ont amené une vraie valeur ajoutée. Lors du stage de pré-saison à Font Romeu, on a vraiment senti une forte cohésion. Cela s’est confirmé sur le terrain dès le début de la saison car on a enchaîné trois victoires et un match nul en quatre rencontres. Cela nous a permis de nous positionner rapidement dans le haut du classement. Franchement, c’était une super saison, sans doute la plus aboutie de l’histoire du club à cette époque.

« Notre seconde place en 1994-1995 n’était absolument pas une surprise »

Cette seconde place était-elle perçue comme une surprise selon vous ?

Absolument pas. En début de saison, on savait que l’on pouvait avoir des ambitions. Dire que l’on souhaitait terminer second aurait été un peu prétentieux mais on avait pleinement conscience que finir dans les cinq premiers était largement jouable. On était sur la même dynamique que la deuxième partie de saison 1993-1994. Dans le jeu, on était vraiment performants. Il faut dire que l’on avait les joueurs pour l’être. A domicile, comme à l’extérieur, on jouait pour gagner. D’ailleurs, même lorsque l’on perdait, on était souvent séduisants. On a quand même pris quelques volées que ce soit à Cannes (1-5), à Lens (0-4) ou à Paris (1-4) mais on ne reniait jamais nos principes de jeu. On n’avait pas une équipe pour défendre. Puis les résultats nous ont donné confiance. Je pense que l’on faisait peur alors qu’à l’inverse, on ne craignait personne. A mes yeux, l’OL a changé de statut à partir de 1995. Le club a régulièrement joué les premiers rôles et par conséquent était souvent présent sur la scène européenne. L’OL a progressé de saison en saison jusqu’à gagner la coupe de la Ligue puis le titre de champion de France.

En tant que joueur, terminer deuxième représentait une fierté ou avez-vous eu quelques regrets de ne pas avoir pu aller chercher ce titre de champion de France ?

On était très fiers de la saison que l’on a réalisé. Franchement, Nantes était intouchable cette année-là avec les Loko, Karembeu, N’Doram, Ouédec et consorts. En plus, ils n’ont concédé qu’une seule défaite donc ça en dit long sur leurs performances. De notre côté, on a toujours été à quatre, cinq, six points des Nantais. Si petit regret il y a, il est sur le match disputé à Metz (le 8 janvier 1995, ndlr). Il y avait de la neige ce jour-là. On gagnait 2-1 à la mi-temps grâce à des buts de Manuel Amoros et Florian Maurice. A cet instant, les dirigeants messins s'empressent de ranger les soufflettes pour provoquer l’arrêt du match. Ce dernier sera arrêté autour de l’heure de jeu et donné entièrement à rejouer quelques semaines plus tard. Résultat, on s’incline 1-2. Je ne dis pas que ça aurait changé la face du championnat mais on aurait eu trois points de plus (rires).  Au moins, on a la fierté de ne pas avoir perdu contre Nantes au cours de la saison. D’ailleurs, le dernier match de la saison était un OL-Nantes à Gerland. Cela aura pu être une finale exceptionnelle à l’image du match OL-Lens de 2002 (rires). Au final, on a terminé la saison avec dix points de retard.

Vous évoquiez cet exercice 1994-1995 comme la saison la plus aboutie du club à cette période, était-ce également la saison la plus aboutie de votre carrière sur le plan personnel ?

Oui, je pense. Paradoxalement, j’ai moins joué que les années précédentes, la faute à une blessure à la cheville que j’ai contracté contre Paris mi-septembre. J’ai voulu revenir un peu vite et j’ai rechuté lors de mon match de reprise à Strasbourg mi-novembre. Du coup, je suis resté sur le flanc jusqu’à janvier. Au-delà de ça, je peux dire que j’ai apporté ma petite pierre à l’édifice car j’ai joué assez régulièrement. J’avais la confiance de Jean Tigana et j’avais parfaitement assimilé ce rôle de milieu de terrain de côté. Alors certes je n’ai pas marqué beaucoup de buts mais ce n’était pas vraiment mon rôle. Cette dernière année sous les couleurs lyonnaises reste pour moi un très bon souvenir. J’ai pris beaucoup de plaisir.

« Je regrette la manière dont s’est réalisé mon départ de l’OL »

Malgré un statut de titulaire régulier (92 matchs disputés en trois saisons), vous quittez l’Olympique lyonnais. Pour quelles raisons ?

J’étais en fin de contrat donc forcément l’issue était incertaine. Il y a eu des discussions avec l’OL mais rien de très avancé. Le club avait manifesté son intérêt pour me prolonger d’un an alors que moi j’en souhaitais deux. Après coup, je pense que l’OL ne souhaitait pas me garder. J’avais 30 ans à cette période et l’âge était une donnée très importante. J’avais discuté avec Jean Tigana à propos d’une éventuelle prolongation et il m’avait dit qu’il ne pouvait pas faire grand-chose car il allait s’en aller. Je regrette un peu la manière dont s’est réalisé mon départ. Je n’ai pas eu d’explication de la part du club. Je ne suis pas fâché mais j’aurais aimé davantage de franchise.

Vous passez finalement de l’OL, deuxième de Ligue 1 à Angers, relégué en Ligue 2, avant de terminer votre carrière professionnelles du côté de l’ASOA Valence. Vous pouviez aspirer à mieux après votre passage à Lyon, non ?

J’ai eu quelques contacts avec des clubs de Ligue 1 comme Bastia ou Saint-Etienne mais rien de très abouti. Je pensais que je trouverais un bon club. Finalement, rien n’est venu et j’ai fait le choix de m’engager à Angers, fraîchement relégué en Ligue 2. Le projet était beau, sur trois ans, avec la volonté de remonter. Je me suis vite aperçu que j’avais fait une erreur en signant là-bas. L’effectif n’était pas à la hauteur et il y a eu pas mal de blessés. C’était vraiment une année galère même si j’ai beaucoup joué. Puis Angers, ce n’était pas Lyon, que ce soit au niveau du club ou de la ville. J’ai vraiment été déçu. Du coup, quand Valence m’a contacté la saison suivante, j’ai accepté de relever le challenge. Les ambitions n’étaient pas très élevées mais j’étais en fin de carrière donc c’était un bon club pour terminer dignement. Puis après avoir vécu à Lyon, j’ai beaucoup aimé la région Rhône-Alpes. Du coup, au niveau du confort de vie, c’était plutôt bien de signer à Valence.

Vous avez passé trois ans à l’Olympique lyonnais, vous sentez vous toujours proche du club ?

Oui car l’OL œuvre beaucoup pour les anciens joueurs par l’intermédiaire de l’association OL Légendes. C’est toujours un plaisir de revoir les anciens. Je trouve que ce qui est mis en place est vraiment intéressant. Il y a les matchs organisés plusieurs fois dans l’année contre des anciens des autres clubs. Puis il y a également les réceptions au Groupama Stadium pour les matchs à domicile de l’OL. C’était compliqué de faire ça à Gerland mais maintenant il y a davantage de places. Cela montre l’importance des anciens pour le club. Sincèrement, c’est assez touchant parce que c’est loin d’être tous les clubs qui traitent aussi bien leurs anciens. Personnellement, je vais voir deux ou trois matchs par an.

« Je ne vois pas l’OL au summum de son potentiel cette saison »

Quand vous regardez un Stade Rennais - Olympique lyonnais, vous supportez quelle équipe ?

Lyon sans l’ombre d’une hésitation. Je n’ai pas forcément un regard de fan avec l’OL mais je sais qu’il va souvent se passer des choses dans les matchs des Lyonnais. Les rencontres sont rarement ennuyeuses et je prends du plaisir à regarder. A l’inverse, je suis déçu quand je vois Rennes jouer. Je trouve que compte tenu des moyens du club, le Stade Rennais est un véritable gâchis. A mon époque, nous avions l’un des plus petits budgets de Ligue 1 mais on avait un vrai groupe et une âme. Tout cela a disparu aujourd’hui.

Que pensez-vous de cet OL, actuellement 8e de Ligue 1 et reparti sur une nouvelle ère avec les départs de joueurs clés du cru comme Alexandre Lacazette, Corentin Tolisso ou Maxime Gonalons ?

Je n’ai pas eu la chance de voir tous les matchs de Lyon, j’essaye toutefois d’en regarder un maximum. Il y a eu du très bon et il y a des moments où le club retombe dans ses travers de la saison passée notamment sur le plan défensif ou concernant la gestion d’un résultat. Typiquement à Angers, le jeu proposé en première mi-temps était assez cohérent et à partir du moment où il y a eu l’expulsion de Marcelo, l’OL s’est littéralement effondré et a perdu deux points. Maintenant, il y a des motifs de satisfactions comme le retour au premier plan de Nabil Fekir. J’aime bien également le duo Kenny Tete/Bertrand Traoré puis pour le moment, Mariano Diaz marque régulièrement donc c’est plutôt positif.

Quelles sont les pistes d’amélioration de l’OL selon vous ?

A mes yeux, le principal problème des Lyonnais se situent au niveau défensif. On sent que peu importe l’adversaire, il n’y a que très peu de sécurité. C’est un peu moins flagrant que la saison dernière mais le souci est toujours présent. Dans un 4-3-3, les ailiers sont dans l’obligation de défendre car derrière, même s’il y a les meilleurs défenseurs du monde, ils seront pris à défaut si les autres joueurs ne font pas les efforts défensifs en amont. Maintenant, reste à savoir si les ailiers ne défendent pas correctement par volonté ou par manque de capacité. Pour Bruno Genesio, il faut trouver un bon équilibre entre la défense et l’attaque. Après, je pense que l’OL va progresser au fil de la saison. Il y a eu pas mal de recrues et il faut leur laisser le temps de s’acclimater à la Ligue 1 qui est un championnat très tactique. L’équipe est assez jeune. Même si ces jeunes semblent avoir de la maturité, je pense que l’OL a fait un pari sur l’avenir. Je ne les vois pas au summum de leur potentiel cette saison. Mais tôt ou tard, l’OL titillera de nouveau le haut niveau européen.

« Terminer troisième de Ligue 1 serait déjà une belle performance pour l’OL »

Selon vous, quelles doivent être les ambitions lyonnaises cette saison ?

Compte tenu de ce que j’ai évoqué précédemment, Lyon me semble un ton en dessous du PSG et de l’AS Monaco. Terminer à la troisième place serait déjà une belle performance. Les Lyonnais seront sûrement à la lutte avec des équipes comme Marseille, Bordeaux ou Saint-Etienne. Sur le plan européen, il est difficile de faire un pronostic. Si l’OL passe les poules, tout dépendra du tirage au sort. Or, il n’y a rien de plus aléatoire d’autant plus que l’on ne connaît pas encore quels clubs seront reversés de la Ligue des champions. J’ai peur qu’en Europa League, l’OL ait raté une chance inespérée la saison dernière avec cette élimination aux dépens de l’Ajax. L’opportunité était vraiment belle de disputer la finale…

Vous qui avez joué avec Bruno Genesio, le reconnaissez-vous dans ce rôle d’entraîneur ?

Oui, je reconnais bien son caractère. C’est un homme qui connaît très bien le club. Pour moi, l’OL a fait le bon choix en lui faisant confiance. Alors certes, il est souvent remis en cause mais l’entraîneur ne fait pas tout. Les supporters font preuve d’impatience et quand ça ne va pas, il faut absolument trouver un coupable. A titre de comparaison, il y avait le feu à Marseille il y a deux ou trois semaines et maintenant, le club phocéen est sur le podium ! Il faut donc être patient et ne pas avoir la mémoire courte. Bruno Genesio a fait un exploit lorsqu’il a amené cette équipe à la deuxième place du classement, il y a deux ans. On ne passe pas de héros à zéro du jour au lendemain. Je pense qu’il faut attendre la trêve et d’avoir affronter tout le monde pour tirer des conclusions. Maintenant, a-t-il un effectif suffisant pour remplir les objectifs fixés par le club ? J’ai des doutes.

Lorsque vous portiez les couleurs rhodaniennes, Jean-Michel Aulas était déjà en place. Quand vous quittez le club en 1995, pensiez-vous qu’il serait toujours en place plus de 20 ans plus tard ?

Sincèrement, je savais qu’il allait rester longtemps mais de là à penser qu’il serait encore présent aujourd’hui, non. Par rapport à la période où je jouais, je n’ai pas l’impression que Jean-Michel Aulas ait beaucoup changé. C’est un personnage ambitieux qui aime profondément son club. C’est la raison pour laquelle, je savais qu’il resterait longtemps, au moins jusqu’au moment où l’OL serait champion de France. Cela a toujours été son premier objectif. Après, il y a eu le projet du stade. Il en a surement d’autres en tête. Il ne s’arrêtera que lorsqu’il n’aura plus de projets et qu’il ne prendra plus de plaisir. Si cela arrive un jour (rires). En tout cas, cela sera très compliqué de lui succéder.

« J’ai très mal vécu l’arrêt de ma carrière car je ne m’y attendais pas du tout »

Évoquons désormais votre reconversion. Comment avez-vous vécu l’arrêt de votre carrière professionnelle à 34 ans alors que vous étiez capitaine de l’ASOA Valence ?

Je ne l’ai pas très bien vécu. Cela m’a fait très mal car je ne m’y attendais pas du tout. J’étais en fin de contrat avec Valence mais les dirigeants m’avaient donné leur parole qu’ils prolongeraient mon bail d’un an. Je n’en ai jamais vu la couleur. Je venais d’acheter une maison aux alentours de Valence, du coup je souhaitais poursuivre ma carrière à distance raisonnable de la Drôme. J’ai eu une opportunité à Beauvais mais c’était trop loin. J’avais eu une touche à Gueugnon, cela aurait pu m’intéresser mais il n’y a pas eu la conclusion espérée. J’ai également failli signer de nouveau avec Valence mais cela ne s’est pas fait. Dans le football, temps que rien n’est paraphé, il n’y a rien de définitif. Je pense que j’aurais pu jouer encore deux ans au niveau professionnel. En vain. A un moment, quand on ne trouve pas de club, il ne faut pas se voiler la face et accepter qu’une carrière s’arrête. C’est la raison pour laquelle, il est important de bien gérer ses revenus au cours d’une carrière car tout peut s’arrêter du jour au lendemain. J’ai dû changer mon fusil d’épaule. Je suis retourné à l’école où j'ai suivi une formation durant deux ans et j’ai obtenu mon bac pro commerce à 36 ans.

Cette formation était une sorte de bouée de sauvetage pour vous ?

Disons que cette formation m’a beaucoup aidé à passer à autre chose. Il faut bien avoir conscience que les footballeurs sont des privilégiés. Je suis revenu à la réalité. D’autant plus que j’étais en alternance, ce qui me permettait d’être en immersion totale en entreprise. Je m’occupais de la gestion informatique d’une entreprise de bricolage. Dans le même temps, je continuais à jouer en CFA 2 du côté de Montélimar. Cela me permettait de ne pas m’éloigner définitivement des terrains.

Qu’avez-vous fait après votre diplôme ?

Je suis revenu du côté de l’ASOA Valence mais cette fois-ci en tant que salarié. Malheureusement, le club a déposé le bilan en août 2005 après le refus de la DNCG de nous accorder l’accession en Ligue 2. De ce fait, j’ai décidé de monter ma propre structure, à savoir une agence de communication, baptisée Horizon Communication. J’avais déjà eu l’occasion de travailler en lien avec une agence et cela m’avait beaucoup plu. C’est important de faire un métier que l’on aime. J’ai donc crée mon entreprise fin 2005. Dans le même temps, avec quelques anciens, on n’a pas lâché le club et on a décidé de tout faire pour recréer une nouvelle entité dans le but de conserver les équipes de jeunes. Ainsi est née l’AS Valence. Pour l’anecdote, j’ai même joué quelques matchs de DH en début de saison 2005-2006 le temps que l’équipe première se reconstruise. Je suis resté administrateur du club jusqu’en 2011. Mais, je ne m’entendais plus avec la direction. D’ailleurs, je n’ai pas été étonné que le club dépose une nouvelle fois le bilan en 2014. L’AS Valence était alors en CFA.

« Je n’ai plus envie de m’investir dans le football »

L’AS Valence s’appelle désormais l’Olympique de Valence et évolue désormais en Régional 2 (ex DHR). N’avez-vous pas envie de vous investir de nouveau ?

Absolument pas. Je n’ai plus envie de m’investir dans le football. Puis je suis déjà assez occupé avec mon entreprise.

Justement, quelles sont les spécialités d’Horizon Communication ?

Nous avons souhaité miser sur la communication papier à travers du print pour tout ce qui est création de documents notamment. Cela peut concerner des cartes de visite et tout autre type de document dont une entreprise peut avoir besoin à son effigie. Nous avons également souhaité nous diversifier à travers deux autres activités que sont l’événementiel et la régie publicitaire. Il y a donc une part importante liée au commercial dont je m’occupe. Je fais du démarchage, je suis attentif aux appels d’offres notamment des municipalités autour de Valence. Nous sommes implantés dans ce secteur et nous avons vraiment une portée locale.

Pourquoi ne pas miser sur le volet digital de la communication qui semble représenter l’avenir de ce secteur ?

Tout simplement car nous n’avons pas les compétences pour cibler ce segment précis de la communication. Nous ne sommes que trois personnes au sein de la société et nous sommes très occupés par nos clients actuels. Il était question à un moment de former notre graphiste au digital mais nous n’en avons pas eu le temps. Peut-être à l’avenir car le métier change sans cesse, du coup il faut s’adapter. Lorsqu’Internet a connu un véritable essor en tant que support de communication dans la fin des années 2000, nous avons perdu 60% de notre chiffre d’affaires car nous commercialisions des publicités dans les journaux gratuits. Ceux-ci ont quasiment disparu. Pour autant, on a fait le dos rond et on est toujours là aujourd’hui.

« Pour réussir dans la communication, il faut avoir de bonnes idées, être honnête et être réactif »

Le secteur de la communication étant très concurrentiel, pour quelles raisons vos clients vous font-ils confiance ?

Je pense que pour réussir dans ce milieu, il faut trois choses : avoir des bonnes idées, être honnête avec nos clients et être réactif. Nous faisons le maximum pour garantir ces trois choses. Il ne faut pas hésiter à dire que l’on ne sait pas faire telle ou telle chose. Nous, on ne fait pas de sites Internet mais on l’assume. C’est important car un client satisfait est un client que l’on peut plus facilement fidéliser. Il peut également être un prescripteur auprès de son réseau et ainsi nous apporter des prospects. Par ailleurs, nous avons une très bonne connaissance du bassin valentinois où nous exerçons. Nous n’avons pas la prétention d’être meilleur que les autres, nous cherchons juste à faire le maximum pour satisfaire nos clients avec nos idées et en mettant à profit nos compétences.

Quelle est votre typologie de clientèle ?

Nous avons beaucoup de PME (Petites et moyennes entreprises). Après, notre panel de clients s’étend aussi bien des artisans à des grosses structures comme la ville de Valence, des concessions ou un groupement de mutuelles. Comme je l’ai évoqué, nous cherchons à fidéliser au maximum nos clients. Dans un secteur très concurrentiel comme le nôtre, il est délicat de perdurer sans un noyau de clients fidèles. Nous voyons d’ailleurs pas mal d’agences qui ont malheureusement une durée de vie assez courte.

Est-ce que votre nom et votre passé de footballeur professionnel vous ouvrent des portes notamment dans le démarchage de nouveaux clients ?

Je ne vais pas dire non car cela peut jouer pour décrocher un rendez-vous mais c’est tout. Après, c’est à moi de faire le travail pour conclure une affaire. Et là, je m’appuie essentiellement sur mes compétences. Pas sur mon nom. Maintenant, les personnes qui me reconnaissent commencent à prendre de l’âge. Dans la nouvelle génération, je doute que « Laurent Delamontagne » soit très évocateur (rires).

Crédit photo: Monfoot69/effa-foot.fr

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