Ancien entraîneur de Lyon-La Duchère et plus récemment de Bourg-Péronnas, Karim Mokkedem a accepté de répondre à nos questions au sujet de l'OL, Peter Bosz mais également sur son propre avenir.
Olympique-et-lyonnais.com : Comment jugez-vous le premier mois de compétition de l’OL ?
Karim Mokkedem : C'est toujours pareil à l'Olympique lyonnais. C'est compliqué de juger le premier mois de compétition lorsque le mercato n'est pas terminé. En plus, cette année, c'est une année particulière puisque ils y avaient certains garçons qui étaient aux Jeux olympiques, d'autres qui sont rentrés tardivement parce qu'ils ont fait des compétitions internationales. Le coach a surtout bossé avec des jeunes durant la préparation et quelques pros. On voit aujourd'hui avec le onze qui démarre qu'Anthony Lopes a rattaqué après tout le monde, Jason Denayer a très peu joué encore, les Brésiliens sont rentrés tard tout comme Léo Dubois. À cela, si on ajoute les recrues qui sont arrivées. On peut se dire que sur l'équipe qui a fait la préparation de juillet, notamment les deux premiers matches amicaux et l'équipe qui va être alignée face à Strasbourg, il n'y aura pas beaucoup de joueurs qui auront joué ces matches de préparation. Malgré tout, au vu du standing de l'OL, on aurait été en droit d'attendre 3 à 4 points supplémentaires.
Du point de vue de l’entraîneur que vous-êtes, comme analysez-vous le jeu lyonnais sous Peter Bosz ?
C'est un jeu opportuniste on va dire. Il est sur l'aspect de la possession du ballon et à la perte de balle, d'être dans le pressing immédiat, le contre pressing. C'est positif car il a envie d'être acteur du jeu et ne veut pas spécialement d'une équipe qui attend, qui contre. Face à un bloc bas, il veut vraiment être acteur. Mais il faut du temps, tout simplement. On voit déjà qu'il y a de grandes idées de jeu. Il y a de nombreuses choses intéressantes dans ce qu'il propose. Maintenant, il va falloir qu'il prenne la mesure de la mentalité française et lyonnaise. Petit à petit, il va réajuster 2-3 petites choses et à terme, on aura une équipe, je l'espère, qui va produire de très belles choses.
"Il faut peut-être que l'OL accepte de terminer 7e ou 8e"
L’entraîneur néerlandais est-il celui qui peut permettre à l’OL de regagner à nouveau des titres ?
C'est trop tôt pour le dire. On sait que le dernier trophée, c'est 2012 avec Rémi Garde. Ça on le connait mais personne ne peut dire de ce que sera fait demain, notamment dans le football. Comme je le dis souvent, l'entraîneur, il est à 5-6 matches de son avenir. Je pense qu'il faut laisser du temps à Peter Bosz, le laisser travailler. Peut-être qu'après, être entraîneur à Brest ou à Lyon, ce n'est pas tout à fait le même métier. Sur le plan médiatique surtout tandis que la pression des résultats n'est pas la même. Lyon, c'est à minima l'Europe. Cette année, le président Aulas a annoncé vouloir gagner la Ligue Europa. L'objectif est clair. Après en championnat, le but sera de finir le mieux possible. Dans une année de transition, c'est dur à dire, mais il faut peut-être que l'OL accepte de terminer 7e ou 8e.
Si le PSG semble un cran plus haut que ses adversaires, que peut espérer l’OL cette saison en Ligue 1 ?
Derrière le PSG, il doit y avoir Lyon. Marseille est en totale reconstruction, Nice aussi. Lille, ça met du temps à démarrer. Après, il y aura toujours une ou deux équipes surprises. Faut voir ce que Lens va faire dans sa deuxième année de Ligue 1 même si c'est intéressant ce que les Lensois proposent, notamment dans le jeu. Quand on est à Lyon, l'objectif est toujours de finir le plus haut possible. Le match contre le PSG (le 19 septembre au Parc des Princes), va être intéressant pour voir si les joueurs présents sont capables d'élever leur niveau de jeu. Je pense qu'ils le sont pour le coup.
"On essaye de rester proche des terrains"
Que vous inspire l'arrivée de Jérôme Boateng à l'OL ?
Un joueur comme Jérôme Boateng, de sa carrure, de son standing, il en fallait un derrière puisqu'il n'y avait pas assez de certitude. Il est quand même passé par le Bayern avec une exigence d'entraînement supérieure à ce qui pouvait se faire à Lyon jusqu'à maintenant. En Allemagne, ils s'entraînent tous les jours, il n'y a pas de jour off ou de séances plus légères. Tous les jours, ils sont au taquet et à chaque séance. Quand on voit ce que Lille a été capable de faire l'année dernière en allant chercher un mec de 35 ans qui a mis plus de 20 buts, je ne crois pas qu'il y ait beaucoup de clubs qui soient partis sur lui. Lille l'a fait et ça a été un choix payant puisqu'il a répondu présent. Aujourd'hui, j'espère que Boateng va faire de même.
D’un point de vue personnel, c’est votre première véritable pause dans votre carrière, comment vivez-vous cette période ?
On essaye de rester proche des terrains. Il y a deux semaines, j'ai passé quelques jours avec Pascal Gastien, l'entraîneur de Clermont. La semaine dernière, j'étais à Rodez avec mon ami Laurent Peyrelade. On essaye de rester le plus possible au contact du terrain. Après, un jeune entraîneur comme moi qui n'a jamais connu ça en vingt ans et lorsque l'on connait ça la première fois après aussi longtemps sans s'arrêter, ça démange. On a envie d'être sur le terrain, d'être avec un groupe, de travailler avec, d'être à l'entraînement, dans un projet. C'est cette dimension humaine. J'aime beaucoup le terrain, cette réflexion sur le jeu. C'est vrai que c'est cela qui me manque. Le fait de se poser des questions sur comment on va jouer, sur l'adversaire, sur l'aspect de la réflexion. Qu'est-ce que j'aurai fait ? Qu'est-ce que je pourrai faire ? Je suis impatient de retrouver quelque chose.
"Le terrain me manque beaucoup trop"
Avez-vous des pistes pour votre avenir ?
Pour le moment, c'est calme. Comme je vous dis, on souhaite le mal à personne mais dans notre métier, on sait qu'à un certain moment si cela se passe mal ailleurs, on peut être appelé. Aujourd'hui, mentalement je me suis même ouvert d'être à la tête d'une réserve d'un club pro, d'être dans un staff, par exemple, cela me botterait aussi.
Après Bourg-Péronnas, ambitionnez-vous d’entraîner un cran plus haut à l’avenir ?
On a tous cette ambition-là mais c'est le côté limitant de la France. On rentre souvent dans des cases. Les entraîneurs de Ligue 1 sont des entraîneurs de Ligue 1, les entraîneurs de Ligue 2 sont des entraîneurs de Ligue 2 et pareil pour les entraîneurs de National. Généralement, ces coachs font la bascule lorsqu'ils montent avec leur équipe. Cela a été le cas pour Olivier Dall'Oglio lorsqu'il est monté avec Dijon et une fois qu'il était installé, il a pu aller à droite, à gauche. Cela a aussi été le cas avec Thierry Laurey quand il est monté avec le Gazélec Ajaccio. Il a entraîné Strasbourg ensuite mais là il est redescendu entraîner le Paris FC en Ligue 2. La promotion interne dans le football se fait souvent par la promotion avec son équipe. J'ai fait un certain nombre de très bonnes saisons. Ma première saison à Bourg était excellente et trois saisons à La Duchère qui étaient très bonnes. Pourtant, j'ai eu des approches mais aucune proposition concrète venant de Ligue 2. Pour moi, aujourd'hui, je suis assez conscient que ce sera de la National 1 ou éventuellement, si ça se passe moins bien pour certains, intégrer un staff en cours de saison, je peux répondre présent.
Une année sabbatique peut-elle être une option ?
Je pense que le terrain me manque beaucoup trop. Je ne reprendrai pas n'importe quoi. C'est souvent la question que l'on me pose aujourd'hui, si je serais prêt à retourner en National 2. Premièrement, il ne faut jamais dire jamais mais il faut vraiment que ce soit un projet vraiment très ambitieux.