Arrivé à l'OL en 2019, Eric Hély va quitter le club lyonnais à la fin de la saison. Une décision personnelle et familiale plus que sportive pour l'entraîneur des U19. Pour Olympique-et-Lyonnais, le formateur à la réputation d'homme dur est revenu sur ces quatre saisons entre Rhône et Saône.
Olympique-et-Lyonnais : Pourquoi avoir attendu autant pour officialiser ce départ dans les tuyaux depuis des mois ?
Eric Hély : Je pense que c’était le bon moment. Avant, il y avait une saison à jouer, la Gambardella. Je ne voyais pas l’intérêt de l’annoncer en début de saison. Quand j’ai résigné pour deux ans en 2021, la direction était au courant que c'étaient certainement mes deux dernières années. Avec ma famille, on avait pris des décisions. Tout le monde a fait des concessions parce que ça fait quatre ans que je suis loin de ma famille et j’ai envie et besoin de retourner auprès d’eux. C’est ma priorité.
Quels sont vos objectifs personnels pour la rentrée ?
C’est la dernière équipe que j’entraîne et dans le même temps, j’ai envie d’être plus dans un rôle de conseiller technique auprès des éducateurs d’une quarantaine d’années ou de structures avec des clubs partenaires pour apporter mon expérience. Ma famille est à Montbéliard et je veux rester une grande majorité de mon temps là-bas. Je suis à la recherche de projets pour partager mon expérience, mais en restant le plus souvent possible en Franche-Comté.
Que retenir de ces quatre saisons à l’OL ?
Si c’était à refaire, je le referais. L’éloignement familial a été un peu dur, mais je le referai. J’ai fait des concessions financières, de mon plein gré, mais pour quelqu’un qui avait 56 ans, je l’ai fait. Mon épouse ne comprenait pas et disait "il n’y a que toi pour faire ça, on a tout ce qu’il faut, on gagne bien notre vie, qu’est-ce que tu vas faire là-bas ?". Mais elle sait que c’est ma passion, que j’ai toujours aimé aller plus haut. Je savais que c’était mon dernier challenge. J’avais signé deux ans au départ, mais j’espérais que ça allait durer un peu plus. Ça a été le cas.
"El Arouch nous a portés la saison dernière"
Quel a été votre plus beau souvenir dans cette catégorie U19 ?
Au niveau sportif, la Youth League la première année. Grâce à la compétition, sa qualité, la qualité de notre équipe, l’état d’esprit des joueurs. On a été un peu frustré par le résultat final parce qu’en quarts, joués après six mois sans jouer à cause du Covid, il y en avait certains qui n’étaient plus là. C’était une belle aventure et on avait une sacrée équipe (Cherki, P.Kalulu, Lukeba, etc). Ils s’entraînaient tous seuls. On était là pour les accompagner, mais ils étaient matures. On avait des super leaders et c’est comme si j’entraînais une équipe professionnelle avec cette équipe de Youth League.
Il doit forcément y avoir la victoire en Gambardella la saison dernière aussi ?
Oui, parce que c’était un objectif. On ne me l’avait pas fixé de façon directe, mais ça faisait partie des ambitions au moment de ma venue. Les deux premières années à cause du Covid, il n’y a pas eu de Gambardella et on va dire que sur ma première tentative, on gagne. Mais là aussi, on en revient toujours à la même chose. Les joueurs étaient dans l’auto-gestion, on parlait à des jeunes hommes pour des gamins qui avaient 17-18 ans. Il y avait un objectif, une âme d’équipe. Il n’y a pas de hasard, ceux qui réussissent sont ceux qui fondamentalement sont des hommes bien et avec qui tu n’as pas de problèmes.
C'est-à-dire ?
Castello (Lukeba), je ne l’ai eu qu’un petit peu, mais il n’y a jamais eu de problème avec lui. Malo Gusto, pareil. Je l’ai eu pendant un an et il y avait zéro problème. Il était poli, à l’école, il n’y avait pas de problème. Tous les jours, il avait envie de s’entraîner. Je ne lui fais pas une statue parce qu’il n’a pas que des qualités (sourires). Il a encore des choses où il doit progresser. On a beau dire "nouvelle génération" etc, ceux qui réussissent sont programmés pour ça. J’espère que Mamadou Sarr va aller encore plus haut, car, pour moi, il est programmé pour ça. Il faut de la personnalité aussi parce que les gens vont dire qu’on ne veut que des joueurs lisses, mais ce n’est pas vrai. Il faut de la personnalité et il faut qu'ils sachent ce qu’ils veulent et avoir l’attitude d’un champion.
"Je n'ai toujours pas fait le deuil de l'élimination en Gambardella"
En quatre ans, vous avez vu passer des nombreux jeunes. Quel est celui qui vous a le plus impressionné ou le plus surpris ?
Ce n’est pas surpris sur le long terme, mais plus sur l’ascension express, c’est Malo (Gusto). Je ne pensais pas que ça irait aussi vite. Il sait ce que je pense de lui. Son ascension est superbe pour lui, mais après, il manque encore des petites étapes. Les petites lacunes qu’il a aujourd’hui, elles viennent du fait qu’à un moment, c’est allé vite pour lui. Il n’a presque pas joué avec la réserve et il est allé direct en pros. Il lui manque peut-être une année de post-formation, mais tant mieux pour lui qu’il soit arrivé si vite.
Cette saison, il y a cette élimination en Gambardella contre Pau… Comment l’expliquer ?
C’est mon plus grand regret en quatre ans. Même aujourd’hui, j’ai du mal à faire mon deuil. On n’avait pas le droit. C’est probablement un déficit mental, mais aussi un déficit de talent. L’année dernière, on avait Momo El Arouch. Il nous l’aurait fait gagner ce match. La preuve, l’année dernière, quand ça a été difficile, il nous a portés. Ce n’est pas un hasard. C’est pour ça qu’ils sont différents des autres. Il ne faut pas se cacher. Quand à Linas, que je respecte, mais qui a ses limites, et qu’il a fallu se battre comme "des chiens" pour gagner 2-1, c’est qu’il y a peut-être un déficit de talent.
Le parcours jusqu’en quarts est donc trompeur avec beaucoup d’équipes de R1 ?
Pour nous, c’était plus compliqué de jouer contre une équipe où on était dominateur que dans le rôle d’outsider. Il n’y a qu’à regarder le match à Metz en 8e ou les équipes de haut de tableau en championnat. Tous ceux qui sont en haut comme Bobigny, Auxerre, on a fait des bons résultats parce qu’on est dans une configuration qui nous convient plus.
Sans Gambardella, sans play-offs en championnat, quels sont les objectifs de cette fin de saison en U19 ?
Gagner le plus de matchs possibles pour terminer le plus haut possible. Continuer le travail pour la progression des joueurs. Quand il y aura des week-ends sans matchs avec la N2, il y aura des amicaux organisés par Gueïda (Fofana). Après, c'est au mérite de voir si certains vont monter. S’il y en a qui montrent des belles choses, on n’hésitera pas à les faire monter d’un cran. Mais c’est à eux d’aller chercher les choses parce qu’aujourd’hui, on a l’impression que c'est nous qui leur devons quelque chose. Montre et après, tu auras les choses.
Merci pour cette interview très intéressante.
Hâte de connaître son successeur. Un peu inquiet concernant le "déficit de talent dont il parle".
Oui il y a un déficit de talent offensif en ce moment à l’académie.
On arrive encore à sortir des joueurs mais de moins en moins d’attaquants.
Depuis Martial ou Geubbels il n’y a plus de 9 qui met tout le monde d’accord. Si on pouvait aller chercher un nouveau N’Jié aux brasseries du Cameroun ce serait pas mal^^
Pour revenir à Hély c’est dommage qu’il ne soit pas un peu plus expansif, plus communiquant car ce serait un meilleur formateur encore.