France – Argentine : l’heure de Fekir ?

Malgré la méforme d’Antoine Griezmann, Nabil Fekir devrait encore être remplaçant contre l’Argentine, samedi en huitièmes de finale de la Coupe du monde (16h). Sorti du banc, le Lyonnais est quand même capable de faire basculer la rencontre.

Sa conduite de balle, son centre de gravité très bas, ainsi que son pied gauche lui ont souvent valu d’être comparé à Lionel Messi. Pour la première fois de sa carrière, samedi en huitièmes de finale de la Coupe du monde, Nabil Fekir va croiser la route du quintuple Ballon d’Or. Mais le Lyonnais devrait d’abord observer le génie argentin depuis le banc de touche. Cantonné à un rôle de remplaçant depuis le début du Mondial, l’international français (24 ans, 15 sélections) a pourtant tout fait pour donner des maux de tête à Didier Deschamps. Y compris marquer un doublé et délivrer quatre passes décisives lors du match des coiffeurs contre les U19 du Spartak Moscou (12-0). Mais le sélectionneur ne cesse de le répéter depuis le début de son mandat :  c’est un pragmatique. Pas question de chambouler son onze dans les grandes largeurs, au gré des performances des uns ou des autres. Dans le cas précis, ce sont les mauvaises performances d’Antoine Griezmann qui permettent de douter de sa capacité à renverser l’Argentine. Buteur sur un penalty qu’il avait lui-même obtenu lors du premier match de poule contre l’Australie (2-1), le joueur de l’Atletico Madrid (27 ans) n’a pas montré grand-chose d’autre que sa maîtrise dans l’exercice. A peine mieux face au Pérou (1-0), le Mâconnais était encore titulaire contre le Danemark (0-0), alors que six changements avaient été opérés par rapport à l’équipe victorieuse des Péruviens. Deschamps voulait donner une chance à son joueur de se relancer. Raté. Au lieu de ça, Fekir a encore profité de son entrée en jeu pour se mettre en évidence. Pour la troisième fois en trois rencontres, le capitaine rhodanien remplaçait Griezmann en cours de partie.

Dans ses entrées, Nabil Fekir dénote l’envie d’amener de la vitesse, de la percussion, mais surtout du danger. Ce qui manque cruellement à l’animation offensive des Bleus depuis le début de la compétition. Le Lyonnais, lui, monte en puissance. En vingt et une minutes contre le Danemark, le gaucher a fait autant qu’Antoine Griezmann en un peu plus d’une heure : deux frappes. Le côté presque décisif en plus. La première a fui la lucarne et terminé sa course dans le petit filet extérieur (70^e), la deuxième a obligé Kasper Schmeichel à se détendre (82^e). Peu à peu, le capitaine de l’OL parvient à régler la mire. Pas suffisant, pour l'instant, pour chambouler les plans de Didier Deschamps. « Il y a 15 jours, vous me demandiez pour Pogba. Avant la Coupe du Monde, c’était sur Lloris. Antoine aujourd’hui (mardi) a été plus mobile, il peut encore hisser son niveau de jeu, s’agaçait le sélectionneur après le nul face aux Danois. Je lui avais dit qu’il ferait une heure et j’avais préparé Nabil pour lui dire qu’il allait rentrer. Parfois c’est plus facile de rentrer aussi, ça dépend des matches, mais ne remettez pas en cause Griezmann. J’ai des solutions sur le banc. » Fekir en est une, quand Griezmann reste le facteur X.

Fekir-Griezmann : quatorze minutes en commun en bleu

Conscient d’être sous le feu des critiques, Antoine Griezmann affiche depuis le début du Mondial une sérénité à toute épreuve. L’attaquant français se veut même rassurant. A plusieurs reprises, le gaucher a assuré qu’il allait monter en puissance, se servant de l’Euro 2016 comme exemple. Meilleur joueur et buteur de la compétition, il avait marqué cinq de ses six réalisations lors des matches à élimination directe. La lourde préparation désormais digérée, le Mâconnais entame un nouveau tournoi. Reste à joindre la parole aux actes. Dans l’ombre, Nabil Fekir se tient prêt, au cas où son coéquipier aurait encore les jambes lourdes.

D’autant que le Lyonnais se sent parfaitement à l’aise dans le système de jeu mis en place par Didier Deschamps. En meneur de jeu, Nabil Fekir avait rassuré son sélectionneur dès la préparation, quant à sa capacité à s’intégrer dans le collectif français. Contre l’Irlande (2-0), le technicien avait apprécié sa complémentarité avec Kylian Mbappé et Olivier Giroud « J'ai vu un très bon Nabil, dans son registre, avec une bonne condition athlétique. Balle au pied, il sait faire, se satisfaisait-il. La complémentarité qu'il a pu avoir avec Olivier et Kylian était intéressante. » Qu’en est-il de celle avec Antoine Griezmann ? Au cours de ses quinze sélections, Fekir n’a joué que quatorze minutes avec l’attaquant de l’Atletico Madrid, en Albanie en juin 2015 (0-1). Sinon, le capitaine de l'OL a remplacé à dix reprises son partenaire. Il est arrivé deux fois l’inverse. Deschamps ne devrait donc pas changer ses habitudes en cours de Mondial. Dommage pour le Lyonnais qui, comme Lionnel Messi, est capable d’évoluer sur un côté.