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De la 4e division algérienne à l'OL : "Fier de mon parcours", confie Islam Slimani

L’attaquant international algérien Islam Slimani, recruté lors du mercato hivernal, a toujours gardé l’Olympique lyonnais dans un coin de sa tête. À 32 ans, après avoir pas mal bourlingué, il aspire à jouer et laisser une empreinte entre Rhône et Saône.

Il est des étiquettes qui collent à la peau et dont il est difficile de se défaire. Islam Slimani, arrivé à l’OL l’hiver dernier, n’échappe pas à cette règle. L’Algérien a débarqué en Europe à l’âge de 25 ans. Une éclosion jugée tardive de prime abord. “À l’époque, ce n’était pas facile de sortir d’Algérie pour jouer en Europe, c’était très dur, justifie-t-il. Les choses ont changé car avec les bons résultats de l’équipe nationale, les gens ont vu que le joueur algérien avait des qualités.” Et d’ajouter : “Certains ont tendance à oublier une chose à mon sujet : il y a 9 ans, je jouais en Algérie en 4e division et ce n’est pas le même niveau que la 4e division française, insiste-t-il. C’est énorme d’être arrivé là où j’en suis.” Un parcours qui n’a pas été de tout repos et qui, là aussi, laisse place à diverses interprétations.

"Il y a 9 ans, je jouais en Algérie en 4e division"

Pour lancer sa carrière en Europe, Islam Slimani était attendu du côté de Nantes mais l’affaire capote – il évoque “un manque de respect” de la direction nantaise – et il s’engage au Sporting Portugal. “C’était le meilleur choix que je pouvais faire”, explique-t-il aujourd’hui. Là-bas, il s’illustre durant quatre ans (45 buts marqués) et décide ensuite de rejoindre l’Angleterre.

Direction Leicester. Un passage contrasté qui demande quelques explications de la part d’Islam Slimani. “On se trompe à ce sujet. Quand je suis arrivé, je marquais, je jouais tous les matches. Je suis parti à la Coupe d’Afrique (CAN) et je suis revenu blessé… Et ce pendant deux mois et demi. L’entraîneur a changé et il s’est passé beaucoup de choses extra-sportives. Je suis un joueur qui n’aime pas sentir qu’on me fait du mal quand ce n’est pas justifié. Il faut être correct, j’ai des principes. J’avais besoin de jouer, de m’amuser, je voulais aider…” Avec du recul, Islam Slimani assure n’avoir aucun remords : “Je ne regrette rien, j’ai pu jouer pour le champion d’Angleterre à cette époque-là. J’ai pu évoluer dans l’un des meilleurs championnats au monde.”

Le sens du sacrifice et du collectif

S’ensuit un prêt à Newcastle (Angleterre), un autre en Turquie au Fenerbahçe, puis il débarque – toujours en prêt – en France à Monaco où il réalise une saison aboutie (9 buts et 7 passes décisives en 19 matches). Mais il quitte le club de la principauté pour retourner à Leicester. On se demande alors, au vu de ce qu’il a pu faire à Monaco, s’il n’est pas sous-coté. “Je ne sais pas, souffle-t-il. En tout cas, je suis fier de mon parcours. J’ai dû faire mes preuves, étape par étape.” Libéré par Leicester, il s’engage, l’hiver dernier, à l’OL. Lors des négociations avec les dirigeants lyonnais, Islam Slimani a une seule exigence : il veut un contrat de 18 mois. “Je n’allais pas venir juste six mois et repartir ailleurs, justifie-t-il. Je veux laisser mon empreinte.” Depuis sa venue à Lyon, Islam Slimani doit se contenter d’un statut de remplaçant. “Je viens d’arriver, l’équipe en place joue bien, assure-t-il. Mais je me donne à fond pour gagner ma place. Je me bats chaque minute, car je suis un compétiteur et je ne peux pas me contenter de ça.” Apprécié par son entraîneur (Rudi Garcia) et ses coéquipiers, Islam Slimani s’est vite acclimaté.

L’occasion une nouvelle fois de faire une mise au point. “J’ai pu entendre des gens dire : “‘Slimani n’est pas resté dans tel club car il crée des problèmes’… Ils jugent sans connaître. Mes coéquipiers, l’entraîneur, eux, peuvent se prononcer… Je suis quelqu’un qui aime rigoler, je ne me prends pas la tête, je me donne à fond pour mes partenaires… C’est ma façon de voir le football, c’est un sport d’équipe. Si on ne s’aide pas entre joueurs, on ne peut rien faire.” Le sens du sacrifice et du collectif même lorsqu’il s’agit de parler de son poste de prédilection. “Je peux jouer avec un deuxième attaquant ou seul en pointe, indique Islam Slimani. Faire un effort pour récupérer un ballon afin de le donner à un coéquipier, si cela nous permet de marquer, ça me va très bien. Quand tu es jeune, tu exprimes une envie de jouer à tel endroit, mais avec l’âge, tu connais tes forces, ce qu’il faut faire pour être performant et utile à ton équipe, tu peux jouer n’importe où… Il suffit de faire preuve d’intelligence de jeu.”

"On m'appelait Romario"

Le football et Islam Slimani, c’est une histoire passionnelle qui débute très tôt. “Quand j’étais petit, à 4-5 ans, je jouais dans mon quartier et j’attendais la fin du mois avec impatience : je partais avec ma mère à La Poste pour qu’elle puisse m’acheter mon ballon, raconte-t-il les yeux pétillants. Jouer au foot, ah oui, franchement j’aimais trop ça. Je sortais dans le quartier avec mon ballon, les plus grands me le prenaient et je courais derrière eux. À cette époque, j’avais déjà des qualités, on m’appelait Romario [ancien joueur brésilien, NdlR].”

“Comme tous les Algériens, à 10 ans, on va dans le club du quartier, poursuit-il. La première fois que j’y suis allé, ils ne m’ont pas accepté car j’ai joué au poste de défenseur central. Quelques jours plus tard, j’ai évolué ailier droit, j’ai participé à un tournoi régional où j’ai terminé meilleur joueur et meilleur buteur. L’entraîneur disait à tout le monde : ‘Mais comment c’est possible ? J’ai failli passer à côté de ce joueur.’” (sourire). Un an plus tard, Islam Slimani participe à un autre tournoi, mais cette fois-ci, en France, à Givors (Rhône). “Le club de Givors avait un partenariat avec le club de ma ville en Algérie. J’avais 11-12 ans et je suis venu deux ans de suite. J’ai terminé meilleur buteur et on me disait de tenter ma chance au centre de formation de l’OL mais j’étais petit, je ne pensais qu’à une seule chose, retrouver ma mère. Comme je le dis souvent, depuis, l’Olympique lyonnais est resté dans ma tête.” Son regard a-t-il changé sur l’OL ? “Si, c’est la question, je ne suis pas du tout déçu, rigole-t-il. L’OL est un club avec de belles infrastructures, une histoire, tout est bien organisé, c’est ça un grand club. Tous les joueurs en France aimeraient porter ce maillot.”

Islam Slimani, dont l’abnégation et le style sont salués sur les réseaux sociaux par les supporteurs lyonnais, n’a pas encore eu le loisir de jouer, crise sanitaire oblige, dans un Parc OL bondé. “On ne s’habitue pas à jouer sans public, le football c’est un spectacle. Sans supporteurs, ce n’est pas la même chose. On a besoin d’eux, de les voir heureux, qu’ils nous encouragent, c’est quelque chose d’important.” Et si cela peut permettre à Islam Slimani de se débarrasser définitivement de certaines étiquettes, personne ne s’en plaindra.

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L’Algérie

“En Algérie, c’est simple, le football c’est un truc de fou ! Les Algériens peuvent oublier tous leurs problèmes du quotidien grâce au football. Avec la sélection, on vise la qualification pour la prochaine Coupe du monde. On a gagné la CAN et, forcément, on veut gagner à nouveau... On doit toujours viser le plus haut possible."

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