Baisse des salaires : l’UNFP invite les joueurs à discuter rapidement avec leurs clubs

@Cavegone :

Ah voilà enfin des arguments et pas seulement invectiver ou toujours parler dans le vide avec comme seul logiciel "gauchiste", "extrémiste", etc rien que pour cela je te remercie 🙂

Alors, même si tu dis ne pas vouloir de débat, vu ton message fourni, je suis obligé, ne serait ce que par considération, de te répondre point par point à tes propos (dans l'ordre), avec courtoisie et clarté :

- sur Giraud ; eh bien déjà je te remercie de t'y être penché, selon moi c'est l'un des êtres les plus instruits et sages (surement le côté prêtre jésuite ^^) de notre époque. Rien que pour cela, je te remercie de ton attention et je suis heureux de pouvoir diffuser la parole d'une telle personne, et de l'Institut Rousseau qui va avec. Il a travaillé dans la finance, est un brillant économiste, a eu des hautes fonctions dans l'Agence de développement, donc clairement il mérite d'être écouté, ce n'est malheureusement pas sur les chaînes de Drahi ou Bolloré qu'il l'est. Heureusement youtube existe.

- sur le néolibéralisme et l'Europe : en fait, je ne comprends pas pourquoi tu critiques ce que je dis là dessus. Tu me sembles en accord sur le fait qu'à l'échelle de la France c'est l'Europe qui véhicule cette idéologie néolibérale. Le libéralisme consiste à abaisser le pouvoir des sphères publiques pour laisser la "main invisible du marché" tout dominer. Le néolibéralisme est une évolution néfaste en ce qu'il consiste à utiliser ce pouvoir public pour avantager le marché et les milieux financiers. Donc ce qui gangrène la planète est bien l'idéologie néolibérale développée dans le monde dans les années 70 (Reagan, Thatcher, Ecole de Chicago) et je rappelle d'ailleurs, pour ceux pensant que libéralisme=démocratie, que la première expérimentation néolibéralisme a eu lieu dans le Chili de Pinochet, pire dictature de l'après 2nde GM. L'UE (celle depuis Maastricht en tout cas, et je préfère le terme "UE" à "Europe" car "Europe" est un terme plus vaste) est une courroie de transmission de ce néolibéralisme, consistant à favoriser la course au profit et le moins disant social permanent, avec notamment austérité et privatisation, c'est un fait évident.
Je ne vois absolument pas où je fais des raccourcis, mais si tu préfères ce que dit Gael Giraud à ce que je dis, tu as bien raison, et je renvoie tout le monde à sa vidéo sur thinkerview plutôt qu'aux propos de tongariro sur o et l 🙂

- "je veux bien qu'en réalité c'est la dette privée qui est grosse et que notre dette publique équivaut à notre contingent près au même %age du PIB que l'Allemagne" : c'est déjà bien de le reconnaître, car la même logique préside partout. C'est encore pire aux USA, alors même que ce pays est l'un des plus libéraux au monde. La dette privée nuit à l'investissement, pousse les salaires vers le bas, et continue ce cercle vicieux de l'endettement. Elle accentue le chômage, et accélère donc la pressurisation des salariés menacés de perdre leur poste vu qu'une armée de réserve de chômeurs attend. La dette publique, elle, est le prétexte pour couper les services publiques, et appliquer les logiques de rentabilité aux fonctionnaires, notamment les flux tendus dans les hôpitaux (quelques milliards d'économisés sur 15 ans et de la casse humaine, pour au final des confinements à répétition et des centaines de milliards donnés aux entreprises pour compenser cela ; le serpent néolibéral se mord la queue..). Cette logique fait donc des dégâts de partout, dans tous les pays, et accuser le modèle social français d'en être responsable est un mensonge de milliardaires patrons de presse, de politiciens aux ordres ou de journalistes vendus (je ne t'inclus pas dedans, rassure toi ^^). C'est au contraire le modèle social français qui a empêché nombre de gens de couler, contrairement à certains endroits ailleurs.

- ". Déjà en France on a revendu notre dette en dehors du territoire. Donc pour ce qui est de reprendre la main, autant mettre tout de suite toute ta paye sur Brest champion de France. Si ça arrive ce sera un miracle. Le Japon est propriétaire de sa dette lui, en tout cas les Japonais le sont, mais chez nous c'est pas la peine d'y compter. Alors oui on a été dupé, en fait non, on est nuls en économie et on a laissé faire n'importe quoi." : tu as tout à fait raison. Mais je ne vois pas en quoi cela contredit mon analyse. On a été dupés, on s'est nous même tirés une balle dans le pied et ce serait aux jeunes générations de payer pour les soumissions passées ? Pas question. La logique financière qui domine depuis des décennies a tué la souveraineté populaire et a fait des Etats (notamment la France) des otages des marchés. De ce fait, c'est la démocratie qui est morte car quelque soit le politicien élu, il ne peut rien faire. Sachant qu'en plus ceux qui ont prôné ces politiques ont désormais racheté les médias vendant les mérites de tel ou tel homme politique.
Par ailleurs c'est faux de dire que la dette française est "en dehors du territoire" (ce n'est absolument pas le cas de manière intégrale) mais en effet une partie importante n'est pas détenue ici, contrairement au Japon. Ce qui nous lie, évidemment, et qui transforme toute élection en farce. La démocratie est morte car les citoyens n'ont aucun pouvoir politique et économique réel.
Tu veux que je te dise jusqu'où va la duperie ? Dans une ordonnance de 2014, l'Etat s'est volontairement privé de la possibilité de connaître la nature de ses créanciers. Le mot "servitude" est bien trop faible pour désigner ce type de politique.

- "Maintenant, à part une utopique volonté de la BCE à annuler notre dette (ce que Giraud suggère mais n'obtiendra pas).." : Concernant la dette détenue par la BCE (25% de la dette française), je n'entrerai pas dans le débat car même au sein d'économistes hétérodoxes, il y a de nombreux débats à ce sujet, techniques et idéologiques, que ni toi ni moi ne pouvons totalement comprendre. Cependant, le problème va au delà de ces 25% de dette détenue par la BCE. Au final, même en les supprimant (ce qui ne léserait personne car il s'agit de la dette détenue par une banque centrale, aucun créancier ne serait lésé et une banque centrale peut tout à fait avoir des fonds propres négatifs puisque c'est elle qui crée l'argent), on passerait de 120% de dette/PIB à 90% de dette/PIB et même en ce cas là les financiers et leurs médias vassaux continueraient à prôner l'austérité (ils la prôneraient même à 30% de dette /PIB). Le problème vient de ce que je disais dans mon message précédent, qui est justement la manière avec laquelle on s'est endetté. En se liant aux marchés financiers (marchés de la dette obligataires), en empêchant les banques centrales (nationales et la BCE, du fait de son indépendance qui nous porte préjudice car empêche toute réelle action de politique) de financer directement une politique d'investissement, comme à l'époque du circuit du trésor. Aujourd'hui la banque centrale intervient sur le marché secondaire de la dette, en rachetant des titres aux créanciers privés (ce qui les "rassure" et maintient les taux faibles, voire négatifs) mais cet argent profite seulement à ces gens (cette poignée ultra minoritaire), en gonflant leurs actifs boursiers et immobiliers. Il n'y aucun ruissellement et alors que la création monétaire est gigantesque, il n'y aucune création d'emploi ou inflation des salaires, car on enrichit des bulles. Et quand ces bulles explosent, on demande à nouveau aux Etats de venir à la rescousse, en amplifiant encore plus le ratio dette publique/PIB. Privatisation permanente des profits, mutualisation des pertes. La création monétaire massive (par le quantative easing) est censée créée de l'inflation mais elle n'en crée pas car la vélocité de circulation de cette monnaie stagne (car cela reste au niveau des marchés, sans inonder l'économie réelle), voilà pourquoi 165 milliardaires US (car la FED fait pareil que la BCE, le problème est néolibéral global, pas juste lié à l'UE) ont vu leur fortune gonfler de 1.1 trillion de dollars depuis mars 2020 (en chiffres ca fait ca : 1 100 000 000 000 dollars) et que la bourse bat à nouveau des records pendant que PME et fonctionnaires voient leurs salaires stagner (voire ferment pour les PME, qui se servent des prêts de l'Etat comme trésorerie mais ont la corde au cou et feront faillite pour beaucoup : faible nombre en 2020 grâce à fermeture de tribunaux pour cause de covid et prêts de l'Etat, mais ca va swinger en 2021...), que le chômage grimpe (heureusement la France a le chômage partiel), etc. Je précise que dans le cas de la France, l'argent de la BCE provient des Etats et que la France, contributrice nette au budget de l'UE, dépense 100 milliards pour en avoir 60 (donc en fait on perd à ce jeu européen là..). Aussi, les mesures de l'Etat consistant à aider les grosses boîtes peuvent être légitimes sauf que cet argent devrait être conditionné au non versement de dividendes (avec de l'argent public, des dizaines de milliards), comme l'ont demandé certains pays. Mais Le Maire est un voyou, voilà tout.

- "oui il va falloir entrer dans l'austérité et payer." : là je suis désolé mais tu te trompes. C'est justement l'erreur majeur (malheureusement ce n'est pas qu'une erreur, mais un crime) des politiques libérales, anti keynésiennes... L'austérité n'est pas seulement un drame humain et social, elle est un assassinat économique d'un pays. Je m'explique. Comment relancer l'économie ? Par un cercle vertueux de consommation (on peut débattre des aspects écologiques, mais plus tard ^^). En faisant quoi ? Stimuler la demande, plutôt qu'offrir des rabais (style impôts de production et autres CICE) à des grandes entreprises fraudeuses et qui s'offrent des dividendes. Or, pour stimuler la demande, il faut justement que les gens aient les moyens de vivre, de dépenser. Ce que l'austérité tue, condamnant tout le monde à la nuit (sauf les minorités du dessus). On parle souvent de l'austérité en disant que la dépense publique nuit à l'activité privée. C'est un mensonge. La grande majorité de la dépense publique sert à l'activité privée : retraites, salaires de fonctionnaires, pensions, etc, tout cela va in fine dans les poches du secteur privé, via la consommation. Couper cela revient à couper l'économie d'une société entière. Même les dépenses de santé et éducatives, in fine, servent à maintenir la force de travail et de productivité d'un pays (même si dans le domaine de la santé, on ferait déjà mieux d'attaquer à la racine en mettant en œuvre des politiques de prévention. par ex.). On dit souvent que la dépense publique = 56% du PIB en France (OL victory (et bfm tv) dit ca en permanence, pour ne pas le citer..) mais c'est faux. Ce chiffre veut en réalité dire que la dépense publique française équivaut à 56% du PIB français. Sauf que, dans la même veine, la dépense privée française équivaut à 200% du PIB français. Pourquoi ? Car le PIB est la somme des plus values, absolument pas la somme des dépenses. On est donc tous sauf bolchéviques, et tant mieux ^^ Les politiques d'austérité ont ce qui ont été appliqués à la Grèce début 2010s. La dette publique grecque était de 120% du PIB (comme nous maintenant tiens, et on nous vend le même enfer..). Après 6 ans d'austérité (merci la BCE, le FMI et la Commission européeenne), elle est passée à 180% du PIB. Pourquoi ? Car cette austérité a tué les retraités, forcé l'exil de centaines de milliers de personnes, détruit les hôpitaux et écoles (augmentation du VIH notamment), augmenté les dépressions et suicides, et a donc, in fine, tué l'activité du pays (devenant simplement un musée pour les touristes...) tout entier, en plus de le détruire humainement et socialement parlant. Et si on flingue le dénominateur PIB, on augmente le ratio tout entier (maths niveau collège), d'où l'essor du ratio dette publique/PIB. Ce n'est donc pas que le secteur public qui a été meurtri mais une grosse partie du secteur privé aussi car les gens ne consommant plus faute de moyens, beaucoup d'entrepreneurs et PME ont du mettre la clé sous la porte. Seuls quelques oligarques en profitent, c'est le drame de la déflation. Voilà d'ailleurs pourquoi la gueguerre privé/public entre salariés, petits patrons et fonctionnaires (entretenues tant par la droite libérale à vouloir virer du fonctionnaire (tout en quémandant en sous main l'appui de policiers, infirmiers ou profs pour leur bien être) que la gauche stupide à toujours insulter le patron par essence (comme si Bernard Arnault et un boulanger étaient assimilables..) est ridicule. Face à cette prédation financière, quasiment tout le monde est perdant. Les Gilets Jaunes l'avaient bien compris au tout début. D'ailleurs en Grèce on a vu la vente à la découpe de monuments et lieux publics majeurs (port du Pirée, par ex) dans le cadre de cette politique austéritaire. Vendus à des investisseurs chinois ou allemands (les mêmes allemands qui avaient un rôle là dedans, tiens tiens..les mêmes Allemands qui eux ont annulé une partie de leur dette liée à la Shoah en 1953...les mêmes Allemands qui doivent toujours de l'argent à la Grèce suite à des dommages de la 2nde GM..). C'est ce qu'on nous dit de faire en France aussi, avec nos bijoux de famille (ADP, barrages, etc). Ce qui est ridicule car ces biens rapportent (donc ne coûtent pas à l'Etat, bien au contraire, en plus d'être stratégiques) et surtout car lorsqu'on juge une dette, on la compare à un patrimoine (public dans le cas d'un Etat). Si on brade ce patrimoine, on se met en danger...
Aussi il faut dire que ce ratio dette/PIB est critiquable en soi car revient à critiquer un stock (dettes) à un flux (PIB). Ce % est fallacieux car une dette est sur plusieurs années et ca reviendrait à comparer, dans le cas d'un ménage, le montant de l'emprunt d'un appart (par ex) à un revenu annuel du ménage. Ca n'a pas de sens. Surtout, on fait rouler la dette à l'échelle d'un Etat : l'Etat n'est pas un ménage privé. Je souligne aussi que cette politique de soumission aux créanciers privés sur le marché obligataire fait que, même si les taux d'intérêt sont plus bas ces dernières années (on le voit tous sur nos livrets A, ca n'a pas que de bonnes conséquence..), la France paye encore 40 et 50 milliards d'euros par an d'intérêts sur sa dette (calculés sur plusieurs années, donc) : c'est le budget de l'Education nationale.
Donc oui cette spoilation est l'une des plus monstrueuses de l'histoire de l'humanité.
Et l'austérité pronée par les libéraux est, en plus d'être abject socialement et humainement, totalement contre productive économiquement, elle est destructrice. Comme je le disais dans les années 40, après la Seconde GM, on avait 200% de dette publique/PIB, on est passé à 30% en 25 ans grâce à des politiques ciblées de création monétaire par la Banque centrale (en grande partie, car l'UE n'était pas aussi néolibérale que depuis le funeste traité de Maastricht) sur des investissements productifs et utiles au bien commun -> cette alliance gaullo communiste était vertueuse, pour tous.
Je précise aussi que c'est justement cette austérité qui a détruit notre hôpital et nous a rendu vulnérables lors de début mars 2020. Pour quelques milliards de sauvés au nom du lean management (et une douleur humaine énorme), on a du confiner (et avec les Sibeth, Edouard et Manu, on n'a pas été aidés..) et surtout se retrouver à donner des centaines de milliards à salariés, entreprises et banques (même si la majorité est resté dans les bulles spéculatives, comme dit plus tôt).
L'austérité est donc le mal absolu, à moins d'être rentier.. Je ne connais pas ta situation personnelle haha ^^
Je suis en revanche d'accord avec toi sur le fait que l'austérité pour les gras hauts fonctionnaires serait une formidable idée 🙂

- concernant ton dernier paragraphe : je te rejoins sur le fait que le monde du foot (et du sport pro) est à part. Je trouve juste aberrant que l'Etat ait du donner de l'argent à certains clubs qui sont comme des entreprises zombies, faisant mauvais choix sur mauvais choix mais ne payant jamais les pots cassés. Je parle du foot car ce sport est une bulle aussi, et que ce sont les salariés de club qui payent les frais, jamais les dirigeants ou joueurs grassement payés. L'argument de la rareté ne se tient que pour certains bons joueurs réguliers qui en effet font de ce sport un marché aussi attractif (même si démesuré) mais une ribambelle d'entre eux (joueurs) sont indécemment payés et profitent juste d'un système totalement hors sol. Je rajoute aussi qu'ils sont protégés par des contrats (en mode Mapou) qui leur assure leur fric immense quelque soient leur niveau. J'apprécie beaucoup le tennis (toi aussi je crois) et je dois dire qu'en termes de méritocratie je trouve le tennis pro bien plus respectable (les sommes y sont dingues mais le rapport mérite/argent est bien plus cohérent là bas).

Je te remercie en tout cas d'avoir avancé des arguments, et de ne pas seulement tomber dans l'invective comme tous ceux qui parlent de "catéchisme" sans jamais proposer quelque débat que ce soit, faute de pensée et réflexion.
Je pense me baser sur des faits mais je suis heureux que tu aies cherché à exprimer des avis (que je partage pour certains) en te renseignant sans avancer des banalités mensongères des medias.
Dans ce genre de contexte, j'ai plaisir à parler et ne me montre pas agressif pour un sou.

Je précise que je réponds aussi longuement car justement les débats construits sont de plus en plus impossibles dans cette époque de pensée fast food (oxymore) et medias mainstream.
Ce site est un site de foot, je le sais (je poste assez sur l'OL pour ce faire) mais bien des sujets (comme celui ci) ramènent à la politique.
Aussi je ne force personne à me lire, il me semble.
Par exemple, ol victory a dit ne plus vouloir discuter de cela avec moi, bien chacun trace sa route sur ce forum et l'OL reste un ciment commun.

Et même si au fond je suis fataliste quant aux choses, il est évident que la recherche de compréhension de la donne politique va se renforcer vu le drame économique qui s'accroitra les années à venir.
Ce retour au politique sur les diktats oligachiques me paraît, en tout cas dans les consciences, inévitable vu comment les crises à venir sortiront nombre de personnes du déni et du penser printemps. Ce sera pour le meilleur ou le pire, mais, comme toi, je ne prédis pas le meilleur.

@Juni du 36 ; oui clairement l'assimilation que fait Cavegone entre prof et dividendes des grands patrons est hors de tout bon sens, comme je l'ai assez expliqué ici...
Merci à toi de l'avoir souligné 🙂