ASSE – OL : un derby à double tranchant

Sans le folklore qui entoure habituellement le derby, l’Olympique lyonnais aborde le 118^e du nom avec l’absolue nécessité de gagner. Question de suprématie régionale et de podium.

C’est un autre derby que l’historique derby du Rhône-Alpes qui avait attiré la foule, samedi après-midi à Décines. Alors que Bruno Genesio tenait sa traditionnelle conférence de presse d’avant-match, l’équipe réserve de l’Olympique lyonnais recevait MDA Chasselay devant une centaine de supporters (1-2). Quelques heures plus tard, les professionnels s’entraînaient presque dans l’anonymat le plus complet. Seulement quatre caméras étaient là pour filmer les dix minutes de la séance ouvertes à la presse, alors que des techniciens se dépêchaient de remballer leur matériel pour enfin se mettre au chaud après ce match de National 2. Rien à voir avec la folie qui s’était emparée du centre d’entraînement de l’OL à pareille époque, la saison dernière. 2000 supporters lyonnais étaient alors venus encourager les joueurs rhodaniens, un jour avant leur déplacement à Geoffroy-Guichard et un derby devenu historique (5-0, le 5 novembre 2017). Hier, les groupes de supporters, qui sont interdits de déplacement dans le Forez, avaient décidé de boycotter la séance, principalement pour protester contre les résultats actuels.

Quels sont-ils justement ? Une seule victoire en six matches de Ligue 1 et une piteuse élimination à la maison en quarts de finale de la Coupe de la Ligue contre Strasbourg (1-2). Une mauvaise passe qui a permis à l’ASSE mercredi, au bénéfice de sa victoire contre Marseille (2-1), de doubler l’OL sur la troisième marche du podium. Pour la première fois depuis mars 2014, Saint-Etienne abordera donc le derby dans la peau du chassé. Pour l’Olympique lyonnais, celui-ci vaudra aussi cher d’un point de vue comptable que dans l’espoir d’apaiser ses relations avec ses supporters. En cas de défaite, Lyon pourrait se retrouver à cinq points de son voisin honni. « Quand on aborde un derby, ce n’est pas ça qui compte le plus, surtout qu’après il restera encore dix-sept matches à jouer, tranche Bruno Genesio. Le plus important, c’est la suprématie régionale, la fierté de tous les Lyonnais face aux Stéphanois. »

Genesio a confiance en ses joueurs

En l’écoutant, on pouvait sentir chez Bruno Genesio, samedi, la conviction que ce derby chasserait tous les maux lyonnais du moment. Terminées les entames de matches ratées (l’OL a concédé l’ouverture du score lors de ses trois dernières rencontres), cette irrégularité constante affichée d’une mi-temps à l’autre ou cette domination trop souvent stérile. Le derby est un match à part et c’est pour cette raison que le technicien croit ses hommes capables de s’extirper d’une crise qui leur tend les bras. « Mes joueurs vont répondre présent. Je les vois depuis deux jours et je sais qu’ils seront là en termes d’intensité et de duels », souligne l’entraîneur lyonnais. Il faudra au moins ça pour venir à bout d’une équipe, la seule de Ligue 1, invaincue cette saison à domicile, toutes compétitions confondues.

Si la confiance est donc de mise du côté lyonnais, Bruno Genesio a quand même laissé transparaître quelques doutes concernant sa composition d’équipe. Un retour à une défense à quatre n’est pas à exclure. L’entraîneur lyonnais pourrait aussi se passer d’un attaquant pour densifier son milieu de terrain en y intégrant Lucas Tousart. L’objectif : harceler Yann M’Villa et Ole Selnaes, qui aliment Wahbi Khazri (12 buts en Ligue 1), le Stéphanois le plus dangereux. « Toutes les équipes ont un joueur qui font la différence. Lyon en a plusieurs. Depay, Fekir, Aouar… Nous, on est un collectif, réfute Jean-Louis Gasset. Tout le monde doit être solidaire pour essayer de donner cette fierté aux gens. L’objectif, dimanche, sera celui-là : donner de la fierté au public. » Comme la saison dernière, l’OL aura à cœur de le faire déjouer.