L’Olympique lyonnais se déplace dimanche soir sur la pelouse de Geoffroy-Guichard. Un derby qui pourrait relancer Saint-Etienne, au coeur d’une période difficile. Ce sera une première pour son nouveau coach Oscar Garcia qui va découvrir ce match à part.
Au sortir de la troisième journée de Ligue 1, l’AS Saint-Etienne était sur le podium du classement à égalité avec le Paris Saint-Germain et l’AS Monaco. Fort de trois succès, les Verts surfaient sur une sorte "d’effet Oscar Garcia". Aujourd’hui la donne est différente et les Stéphanois sont englués dans une période difficile. Néanmoins le derby de dimanche pourrait faire oublier certaines contre-performances et relancer la machine. Comme chaque année l’ambiance monte doucement à l’approche de la rencontre. S’il y a moins de joueurs formés dans les deux clubs que les années passées, nul doute que l’importance de ce rendez-vous a bien été expliquée aux nouveaux.
Des changements visibles ? Oui et non
Après sept années et demi passées ensemble, l’ASSE et Christophe Galtier ont décidé de se séparer à l’issue de la saison dernière. Pour le remplacer, les dirigeants Stéphanois ont opéré un choix original et plutôt inattendu, Oscar Garcia. L’Espagnol a débarqué dans le Forez avec la ferme intention d’imposer ses idées de jeu, de quoi faire saliver tous les supporters. « Il y a eu un petit effet de mode au début, lance Anthony Perrel, journaliste pour Radio Scoop à Saint-Etienne. On nous avait vendu un jeu rapide vers l’avant avec un pressing haut, un petit peu à la barcelonaise. On l’a vu lors du premier match contre Nice en première mi-temps, on s’est dit "waouh". Depuis c’est plus compliqué, le jeu s’étiole, on ne voit presque plus ce pressing et les victoires ont été un peu obtenues à l’arrache ». La petite phrase de Romain Hamouma suite à l'élimination face à Strasbourg (« Il ne suffit pas de regarder le Barça et de se dire : on va jouer comme le Barça »), a révélé quelques incompréhensions entre le coach et les joueurs. « Aujourd’hui l’équipe ne peut pas exercer un pressing constant tout le match, reprend notre confrère. Oscar Garcia l’a reconnu dès la fin du mercato : la philosophie et le système de jeu qu’il veut imposer sont compliqués à mettre en place par rapport aux hommes qu’il a. Par exemple, il ne peut pas associer un milieu Selnaes-Hernani. Ce sont deux bons joueurs mais trop lents pour ce que souhaite faire l’ASSE. Personnellement je ne vois pas beaucoup de différence avec le jeu de Galtier ». Voilà qui est dit et qui rejoint un avis que l’on retrouve de plus en plus. Les chiffres viennent d’ailleurs appuyer les faits, la possession du ballon est très légèrement supérieure aux années précédentes (52%, un chiffre qui n’est jamais descendu sous les 50% depuis 2011-2012). Il en va de même pour les moyennes de centres et de tirs par match (respectivement 23 et 12,3 contre 22,5 et 11,3 lors des deux dernières saisons). Pourtant, Angy Louatah qui suit les Verts pour France Bleu Saint-Etienne Loire observe une évolution. « Ce ne sont pas les mêmes intentions en début de match et il n’y a pas l'essoufflement de la fin de l’ère Galtier. Sur toutes les sorties de balles de Ruffier, il y a la volonté de relancer assez court, de ne pas balancer. On sent qu’il a testé plusieurs systèmes, qu’il veut avoir la possession du ballon mais il doit s’adapter à son groupe, à la qualité technique des joueurs ». Le suiveur observe même qu’un revirement est en train de s’effectuer de la part du coach. « J’ai l’impression qu’il sent que les plus actifs au milieu, à défaut d’être les plus techniques, sont Dabo et Pajot. Ce sont les mieux adaptés à notre championnat plutôt que Selnaes et Diousse. Oscar Garcia est en train de s’ajuster un peu à la L1 contrairement à un Bielsa qui ne le fait pas à Lille ».
L’ASSE pas là pour faire de la figuration
Le projet de jeu d’Oscar Garcia a pris un peu de plomb dans l’aile. L’entraîneur traverse sa première phase difficile malgré une 6e place plus que correcte à quatre points du podium et de l’OL. Une situation qui s’explique facilement pour Angy Louatah : « Lorsque Garcia arrive, tout le monde dit que c’est une nouvelle philosophie, que ça va prendre du temps pour se mettre en place. Aucune ambition n’est affichée par le club, on dit même que ça pourrait être une année de transition. Finalement les premiers résultats sont bons et encourageants. Maintenant qu’il y a un ralentissement et que c’était compliqué sur le mois d’octobre, tout le monde se dit que finalement c’est un échec. Mais elle est là la période d’adaptation où il faut laisser du temps à Oscar Garcia. En fait, les supporters n’ont pas eu l’occasion de sentir que c’était nouveau et qu’il fallait du temps pour que ça se mette en place ». Malgré les absences importantes de Perrin, Diony et certainement Cabella, l’AS Saint-Etienne ne recevra pas l’OL en victime. Les Verts restent sur trois succès à domicile dans le derby sans encaisser de but et ont bien l’ambition d’allonger cette série. L’importance de la rencontre a été rabâchée aux nouveaux. « Les recrues nous ont lâché la fameuse phrase : le derby c’est le premier match dont on nous parle quand on arrive, explique Anthony Perrel. Léo Lacroix a glissé après la rencontre de Toulouse qu’il faudra mourir sur le terrain pour les supporters, pour l’histoire. Cette année, l’OL a perdu des enfants du club, les Gonalons, Lacazette ou Tolisso. Saint-Etienne n’a plus les Zouma, Guilavogui ou Ghoulam. Ce sont des mecs qui ont connu le derby chez les jeunes et qui savent que c’est plus chaud que d’habitude. Après il y en a quelques-uns qui n’ont pas été formé dans le coin mais qui connaissent. Et de toute façon dès qu’ils vont rentrer dans le stade ils vont savoir ce qu’est un derby ». Nabil Fekir comme Loïc Perrin ont joué leurs rôles de capitaines en appuyant sur l’importance du match auprès de leurs nouveaux coéquipiers ces dernières semaines.
Un derby qui pourrait bien être un tournant
En cas de victoire, les Verts reviendraient à un petit point de l’Olympique lyonnais. Inversement, si les Gones l’emportaient dans le Chaudron l’écart entre les deux équipes passerait à 7 points. Juste avant la trêve internationale, une victoire ferait du bien. Surtout à l’ASSE qui n’a pris que neuf points sur ses huit derniers matchs et s’est faite sortir au premier tour de la Coupe de la Ligue. La dynamique actuelle et les absences placent Saint-Etienne en outsider. « Vu les qualités de Lyon, vu son capitaine en feu pour moi il n’y a pas de doute, l’OL arrive en favori », affirme Angy Louatah. Malgré les trois derniers succès stéphanois dans les derbys à domicile et la fatigue de la rencontre de Ligue Europa, Anthony Perrel acquiesce : « Si on compare les deux effectifs cette année, Lyon semble clairement au-dessus. Sur la forme du moment ils sont mieux et en confiance. Encore plus avec leur succès 3-0 jeudi. Le facteur fatigue dans un derby je ne sais pas s’il compte vraiment. J’ai aussi vu une statistique récemment sur Twitter qui disait que Nabil Fekir était impliqué sur autant de buts que toute l’équipe de Saint-Etienne depuis le début de la saison. C’est quand même parlant. Mais lors des succès 1-0 et 3-0 (en 2014/2015 et 2015/2016) à Geoffrey-Guichard peu de personnes auraient mis une pièce sur Sainté alors ... ». Oscar Garcia a sans doute conscience de l’importance de la rencontre. Une victoire dans le derby pourrait lui redonner du crédit et faire oublier l’élimination à Strasbourg ou la défaite contre Montpellier. Pour cela, un dirigeant stéphanois s’est chargé de bien lui rappeler la portée du rendez-vous de dimanche soir. « On avait une émission spéciale lundi dernier à l’Etrat avec Julien Sablé, Laurent Chastellière et Dominique Rocheteau, raconte Angy Louatah. Je demande à ce dernier le rôle qu’il tiendra cette semaine et il me répond que c’est de parler à Oscar Garcia, de lui faire comprendre que ce match est plus prestigieux que les autres. Il a aussi déclaré sur notre antenne que l’ASSE est ambitieux, que sur deux matchs ils peuvent rivaliser avec l’OL. Ça m’a un peu surpris, il a affirmé ses ambitions et ça n’a pas toujours été le cas dans le passé ». Oscar Garcia semble avoir bien intégré le message : « A titre personnel j’ai le sentiment de jouer un match particulier dimanche. C’est mon premier derby, a-t-il déclaré vendredi. Je ne vais pas trop changer mon discours. Mais je vais demander à un joueur d’en faire un. Je n’ai jamais fait ça auparavant ». A match particulier, préparation particulière.
Les joueurs à suivre côté ASSE :
Dans un premier temps, Anthony Perrel donne le nom de Rémy Cabella. Mais le joueur prêté par l’Olympique de Marseille n’est pas certain de pouvoir jouer. Le coach a prévenu qu’il se testerait ce samedi sans afficher beaucoup d’optimisme. « S’il joue je dis Cabella qui fait énormément de bien depuis son arrivée, assure notre confrère. Il est clairement au-dessus du lot dans l’effectif de Saint-Etienne. Sinon je prends l’homme des derbys, Romain Hamouma. Il est critiqué en ce moment suite à sa sortie sur le jeu d’Oscar Garcia. Il rate son tir au but à Strasbourg, a pris un peu pour lui l’élimination et n’a pas été très bon à Toulouse en ratant des occasions. Il n’est pas au mieux mais il est là depuis cinq ans, c’est le dernier des Mohicans avec Perrin et Ruffier. C’est un homme qui déçoit rarement dans les derbys, il peut faire la différence dimanche. Quand il a envie de jouer, de faire les efforts, il a un super potentiel ». Pour Angy Louatah le choix n’est pas simple car « il y a beaucoup d’incertitudes autour des blessés et que l’entraîneur est assez surprenant dans ses choix ». Malgré tout le suiveur de l’ASSE choisit Vincent Pajot. « S’il joue, sachant que c’était l’un des meilleurs dans ce mois d’octobre compliqué, je sais qu’il sera à la hauteur du combat. Même s’il n’est ni formé au club, ni présent depuis dix ans il a intégré la "culture derby". Ça devient un cadre, il prend de plus en plus de responsabilités dans le groupe et peut insuffler "l’esprit derby" dimanche ».