Mvuemba : "Hubert Fournier, il a la culture de la gagne"

Il a débarqué à Lyon en 2012, en provenance de Lorient, pour renforcer l’entrejeu de l’OL. Depuis, Arnold Mvuemba, 29 ans, est déterminé à s’imposer avec le maillot lyonnais. Très discret en dehors du terrain, le natif d’Alençon a des atouts à faire valoir. Et une revanche à prendre sur la vie.

Vous n’êtes pas un titulaire indiscutable, ni un réel remplaçant. Comment vivez-vous cette situation ?

Arnold Mvuemba : Comme n’importe quel joueur, j’aimerais être tout le temps sur le terrain. Il y a un patron, en l’occurrence l’entraîneur, qui fait des choix, et il faut faire avec. Mon devoir, c’est de donner le meilleur de moi-même aux entraînements et lorsque je joue en match. Il faut continuer à faire le boulot.

Certes, mais lorsque vous savez que vous êtes performant, conforté par les jugements positifs de l’environnement extérieur, ça doit être compliqué à vivre…

Oui, c’est clair que c’est dur. Dans ces moments-là, le joueur se demande ce qu’il doit faire de plus. Maintenant, j’ai de l’expérience, je me dois d’être prêt lorsqu’on fait appel à mes services. Je travaille au quotidien pour ça. Je fais un bon début de saison, mais le plus important c’est que l’équipe tourne bien.

Pensez-vous pouvoir devenir un jour un titulaire indiscutable à l’OL ?

Je le souhaite, j’espère que ça va arriver. C’est pour ça : je ne lâche pas et je m’entraîne à fond tous les jours.

De l’extérieur, on a du mal à cerner votre personnalité. Lors de vos échanges avec les médias, on vous trouve sur la réserve. C’est une façon de vous protéger ?

(Visiblement un peu surpris.) Non, je réponds à chaque fois en toute sincérité. Peut-être que vous attendez plus de réponses, je ne sais pas… Je n’ai jamais esquivé les questions. Au niveau de ma personnalité, je suis quelqu’un de réservé, mais pas pour autant timide. Parler aux médias, c’est une chose, mais ce qui doit primer c’est le terrain.

Afin de mieux vous connaître, parlez-nous de vous. Que faites-vous en dehors du foot ?

J’ai un petit à la maison, donc je m’en occupe (sourire). Sinon, dès que j’en ai l’occasion, je vais au cinéma avec ma femme. On fait quelques sorties au centre-ville de Lyon, mais au final je suis plutôt casanier, j’aime rester tranquillement chez moi, à regarder des matchs de basket. Je suis fan de NBA, j’apprécie particulièrement l’équipe de Cleveland.

Quels sont vos amis au sein du vestiaire lyonnais ?

Déjà, je m’entends bien avec tout le monde. Je discute peut-être plus avec Mehdi Zeffane, Mouhamadou Dabo, Alexandre Lacazette, Samuel Umtiti… Franchement, comme je vous l’ai dit, je parle avec l’ensemble de mes coéquipiers.

Dernièrement, vous avez évoqué votre souhait d’éventuellement prolonger à Lyon (son contrat arrive à terme en juin 2016)…

Tout est réuni pour que je reste ici. Je ne suis pas encore un titulaire indiscutable, mais je me sens très bien dans cette ville et au sein du club. Je me plais bien ici.

Selon vous, qu’est-ce qui fait la force de cette équipe de l’OL 2014-2015 ?

On a connu un mois d’août compliqué, avec de nombreux blessés. La situation s’est considérablement améliorée. On a retrouvé le chemin du succès. On est un groupe uni, on a un collectif, c’est ce qui fait notre force. On connaît parfaitement bien notre système de jeu, Alex [Lacazette, NdlR] continue de grandir et enchaîne les buts, Nabil Fékir s’est révélé, on est costauds défensivement… Bref, c’est vraiment l’ensemble du groupe qui répond présent.

Vous pouvez donc finir sur le podium…

On le souhaite tous. Pour l’instant, ça se passe bien. On refuse de s’enflammer, on se doit de continuer à engranger des points. Notre premier objectif, c’est de bien clôturer l’année 2014.

Que vous a apporté votre entraîneur, Hubert Fournier ?

Il a la culture de la gagne, il connaissait le club. Il a apporté son savoir-faire d’entraîneur. Tout le monde se connaît bien, le groupe n’a pas énormément changé par rapport à la saison dernière, si ce n’est que l’effectif est plus jeune.

Quel est votre regard sur le milieu du football ?

On sait bien les échos qu’il peut y avoir vis-à-vis des footballeurs. Ça ne date pas d’aujourd’hui. Je suis habitué à entendre ces remarques. Dans le milieu du foot, il y a de nombreux jeunes, ils gagnent très vite de l’argent, forcément ça peut créer quelques soucis. Toutefois, il ne faut pas juger, puisque chacun est libre de faire ce qu’il souhaite avec l’argent qu’il a gagné.

Vous avez connu des deuils, cela fait-il de vous un joueur différent ?

Je ne me compare pas aux autres. Forcément, avec ce que j’ai vécu récemment, la perte de mon frère et quatre ans plus tôt le décès de mon fils*, la vie, je ne la vois pas pareil. Désormais, je savoure plus les choses. Le football, ça reste que du football. Avant tout, il y a l’être humain. Être bon dans la vie, envers les autres, c’est ce qui compte le plus pour moi. Ce qui m’est arrivé, ça m’a fait plus grandir.

Ça doit vous donner envie de vous surpasser ?

Exactement. Mon frère était un fan de foot, il faisait également de la boxe, il suivait mon parcours. Lorsque j’ai un coup de moins bien, le fait de penser à lui me donne de l’énergie. C’était pareil avec mon fils lorsque je l’ai perdu en 2010… Il commençait à taper dans le ballon… Lorsque ça ne va pas, tu penses à tout ça et tu te dis qu’il ne faut pas lâcher et ne pas abandonner, car eux aimeraient que je continue.

Vous avez déjà parlé de ce sujet avec certains de vos partenaires ?

Il m’arrive d’en parler avec ceux qui ont connu mon fils et mon grand frère, mais le plus souvent c’est avec mes frères et ma sœur qu’on en parle. Nous étions extrêmement proches, cela nous a rapprochés davantage.

Êtes-vous croyant ?

Oui, je suis très croyant, je suis chrétien. Je n’ai pas besoin de le revendiquer à gauche à droite, car j’estime que c’est quelque chose d’intime et de personnel.

À l’OL, il y a des joueurs de confessions catholique, musulmane et des athées. Et cela se passe très bien…

Tout à fait. Ce vestiaire est très sain. Nous sommes tous ensemble et chacun respecte l’autre. À partir de là, il n’y a jamais de souci.

Pour finir, si demain vous êtes amené à quitter l’OL, qu’aimeriez-vous qu’on dise à votre sujet ?

J’aimerais qu’on dise que j’ai toujours été moi-même. Tout simplement.

* Son frère aîné, Cédric, est décédé en août, à 32 ans, des suites d’une longue maladie. En 2010, alors qu’Arnold Mvuemba évoluait à Lorient, son fils âgé de 3 ans est brusquement décédé.