@Sulyvan Manfroi – AS Saint-Priest

Alexis Rose (recruteur à l'AS Saint-Priest) : « L’OL a les meilleurs jeunes de la région, c’est rare qu’il passe à travers »

Alexis Rose est scout pour l’AS Saint-Priest (National 2). Le jeune recruteur explique pour Olympique-et-lyonnais.com le fonctionnement du club san-priot concernant le recrutement. Il évoque également le partenariat entre l’OL et l’ASSP officialisé début novembre.

Olympique-et-lyonnais.com : Comment êtes-vous devenu recruteur pour l’AS Saint-Priest ?

Alexis Rose : J’ai fait une formation de journaliste et depuis 2015, je travaille pour le site Foot01.com. J’ai intégré Saint-Priest en 2017 dans la cellule de recrutement et la communication. En plus de mon métier, je voulais faire partie d’un club. En réfléchissant, je ne pensais pas avoir le profil de l’entraîneur mais plus celui du recruteur. J’avais comme idée de partir à Lyon donc j’ai postulé dans des clubs aux alentours comme Villefranche, Lyon Duchère (désormais Sporting Club de Lyon). J’ai finalement eu rendez-vous avec le président de Saint-Priest et ça a démarré comme ça.

Comment vous êtes-vous formé au métier de scout ?

Je regarde du foot depuis tout petit, je nage dedans. Une fois à Saint-Priest, je me suis formé un peu tout seul avec l’aide de la direction sportive. C’est en allant voir des matchs tous les week-ends que l’on apprend mais également en discutant avec des gens.

On sait que le vivier de la région lyonnaise est très intéressant concernant les jeunes footballeurs, vous le constatez sur le terrain ?

Oui. Rien que lorsqu’on voit le centre de formation de l’OL, les joueurs viennent presque tous de la Métropole de Lyon. On remarque également qu’ils s’exportent un peu partout en Europe. Au niveau des jeunes, il y a des bons clubs partout : Vénissieux, le CASCOL, le Sporting Club de Lyon…

« Dans le Rhône, il y a des clubs de football de partout avec de bons formateurs »

Comment l’expliquez-vous ?

Déjà, en termes de population, il y a plus de monde que dans d’autres régions. Je pense aussi que la plupart du temps, les gamins apprennent à jouer sur des petits terrains, ce qui permet de travailler la technique. Et puis il y a des clubs de football de partout avec de bons formateurs, et pas qu’à l’OL.

A combien de matchs assistez-vous par week-end en temps normal ?

On prépare un programme des matchs à voir avec le directeur sportif en fonction des besoins. En général, ça représente trois-quatre rencontres par week-end. Une affiche de jeunes le samedi après-midi, un match de séniors le soir. Et le dimanche, deux rencontres de jeunes mais cela dépend aussi des calendriers.

« Le recrutement reste incertain »

C’est un métier où la part de risque est élevée, comment la réduire au maximum ?

C’est vrai que le recrutement reste incertain car un joueur bon dans une équipe, dans un système, un collectif, avec un entraîneur précis, peut perdre ses repères en changeant de club, et devenir un peu moins bon. C’est le jeu. On dit souvent que le recrutement c’est du 50-50. Le rôle du scout, c’est d’augmenter le pourcentage de réussite au maximum, quel que soit le niveau, tout en pensant aussi à la marge de progression du joueur (projet sur 2-3 saisons). Et pour cela, il faut essayer de trouver le bon élément pour compléter le puzzle, celui qui rentre dans un besoin de l’entraîneur, dans son système (par exemple : ne pas recruter un latéral défensif si le coach veut le faire jouer en piston dans un 3-5-2).

Après, à l’AS Saint-Priest, notre philosophie est basée sur le jeu de position, de possession, avec un pressing, du mouvement, des circuits de passes... Donc il faut trouver des joueurs adaptables à cette philosophie spéciale : avec une intelligence de jeu, une bonne technicité, et bien évidemment, un bon physique pour soutenir tout cela. Et de mon côté, sachant que j’ai découvert le foot avec le jeu à la nantaise (Denoueix, 2001) avant d’adorer le Barça de Guardiola, je suis parfaitement ma ligne de conduite et ma vision du foot en cherchant des joueurs avec ces qualités-là. Au final, je pense que le scout réduit le risque au maximum quand il suit le style du club sans se renier lui-même.

La crise sanitaire a dû considérablement bouleverser votre travail ?

Forcément car il n’y a plus aucun match. On essaye de travailler pour améliorer certaines choses, la méthodologie et préparer la reprise même si on ne sait pas comment ça va se passer.

Les U10 de l'AS Saint-Priest. Plusieurs éléments de cette catégorie rejoignent l'OL chaque année. @AS Saint-Priest

Et justement, comment avez-vous préparé le dernier mercato qui était déjà impacté par la crise ?

Une saison classique, on peut la découper en 3 parties. De septembre à décembre, on observe le plus de joueurs et d’équipes possibles. Avant la reprise, je fais un premier bilan des éléments intéressants selon leur poste et leur catégorie. Je commence déjà à proposer des noms au coach et au directeur sportif. Sur le début de l’année civile, on approfondit plus les observations en allant revoir les éléments intéressants. Sur la fin de l’exercice, on valide les profils et on fait venir les joueurs à l’essai.

Comme la saison précédente s’est arrêtée en mars et qu’on n’a pas pu faire les essais, la direction sportive s’est basée sur mon travail car j’avais pu observer pas mal de joueurs. Le directeur sportif avait aussi des noms. De son côté, il a pris des renseignements avec les équipes concernées. Mais dans ces cas-là, tout le monde au club prend des informations et lorsqu’un joueur était validé par tout le monde, on le recrutait. C’était un peu spécial mais on n’avait pas le choix.

« Il est logique de revenir avec l’Olympique lyonnais »

Comment ciblez-vous les joueurs à observer ?

On garde toujours un poste par génération. Par exemple deux attaquants U15 qui montent en U16 on en garde un, sauf si les deux sont bons et dans ce cas-là, on conserve les deux. On cherche généralement un joueur dont le profil est différent de celui que l’on a déjà car sur une saison, on peut avoir besoin des deux profils. Les éléments que l’on recrute sont plutôt des joueurs techniques avec de l’intelligence de jeu et qui collent à la philosophie de Saint-Priest.

Après avoir observé les matchs de jeunes du week-end, je fais des rapports sur la rencontre et les joueurs. Et c’est grâce à cela que je construis ma base de données par catégorie et poste. Dans cette base de données, je suis en train de mettre en place, avec la direction sportive, une classification sur les joueurs : A (titulaire majeur), B (titulaire), C (remplaçant pouvant bousculer la hiérarchie), D (joueur de complément d’effectif). À terme, j’aimerais aussi mettre en place cette classification sur nos joueurs à nous, pour pouvoir les comparer aux joueurs extérieurs et les recrues potentielles.

L’AS Saint-Priest et l’OL se sont de nouveau rapprochés, est-ce une bonne chose selon-vous ?

C’est une super nouvelle. Même si le partenariat avec St-Etienne a fait des heureux, il est logique de revenir avec l’Olympique lyonnais. Cela va nous permettre de continuer la progression du club. Cela peut être gagnant-gagnant à tous les niveaux.

« Ce sont surtout des joueurs des petites catégories qui vont intégrer l’OL »

Ce partenariat peut offrir une opportunité aux meilleurs jeunes du club…

Oui c’est certain et inversement, quelques joueurs peuvent rebondir chez nous comme pour Nabil Fekir (le champion du monde est passé par l’ASSP entre 2010 et 2011). L’OL, lorsqu’il ne garde pas ses éléments, on les récupère régulièrement. La saison dernière, on a eu Amine Messoussa (passé par l’OL entre 2010 et 2018 mais pas conservé) qui a fait une saison en U17 avec nous alors qu'il était en U16. Il est maintenant à Lille en U17 National et il marque beaucoup de buts. C’est donc intéressant pour tout le monde. En général, ce sont plutôt des U10, en tout cas des joueurs des petites catégories, qui vont intégrer l’OL. Sinon, il les aurait pris avant. Il a les meilleurs jeunes de la région, c’est rare qu’il passe à travers.

Cela va-t-il impacter votre travail ?

Non je ne pense pas car la philosophe de jeu du centre de formation de l’OL est la même qu’à Saint-Priest. On n’a pas les mêmes joueurs forcément mais c’est semblable.

Plus globalement, pensez-vous que c’est une bonne chose que l’OL noue des liens forts avec les clubs de la région ?

Oui c’est important, surtout pour prendre notre exemple, entre Saint-Priest et le Parc OL, il y a 10 km. Je pense qu’il est obligé de fonctionner comme ça, avec les clubs amateurs derrière lui. Nous, ça nous apporte un plus, c’est bénéfique.

1 commentaire
  1. poussin
    poussin - sam 28 Nov 20 à 18 h 26

    et Marseille qui gagne 3-0 en L1 sans courir en LDC , nous repasse devant

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