OL : Lyon aime le money time

Sur les deux derniers matches de Ligue 1, l'OL est parvenu à remporter la victoire dans les arrêts de jeu. De la réussite, oui, mais aussi un plan de jeu précis.

Le money time, c'est cette période décisive en NBA, en fin de match, au moment où les deux équipes sont au coude à coude, et que chaque possession est cruciale. Même si en basket, c'est souvent l'affaire d'un joueur de s'occuper de ce moment (le clutch player), tout n'est pas uniquement question de hasard. Des systèmes sont pensés pour arriver à cette situation de différence individuelle, donc la tactique a une influence. Au football, tout commence souvent vers la 75ème minute ...

Jouer haut, et rapidement vers l'avant

Lors de la réception de Reims et du déplacement à Evian, on constate que l'OL s'installe totalement dans le camp adverse. La possession forte lyonnaise (plus de 60% dans le dernier quart d'heure en moyenne) fait beaucoup pour acculer les adversaires dans leurs buts. Les Lyonnais profitent aussi du fait que les deux équipes soient dans le bas du tableau en championnat, avec une volonté accrue de faire un résultat. Mais attention, ce n'est pas désordonné, au contraire même.

OL Reims 90ème
On peut voir 7 joueurs de l'OL dans le camp adverse, juste avant le but victorieux de Lacazette contre Reims. Mais ce n'est pas désordonné : deux attaquants de pointe, un meneur devant deux milieux (le triangle) et les deux latéraux très haut sur le terrain.

Sur la manière de jouer, on note aussi une différence par rapport à d'habitude. Le ballon est toujours dans les pieds, mais il est utilisé de manière différente. En moyenne, les Gones jouent 50% du temps de façon latérale, et 35% vers l'avant. Dans le dernier quart d'heure des deux rencontres, la tendance s'inverse. Dès la récupération, on cherche vite vers l'avant, souvent vers Lacazette (on en reparlera) qui sert de point d'appui avec son jeu dos au but précieux. Deux attaquants tournent autour, et les latéraux attendent le décalage pour centrer. Et Lacazette de marquer.

Evian OL position 75-90
A Evian, le procédé est le même. 7 joueurs dans le camp adverse, et plus que 3 défenseurs en couverture. On joue le tout pour le tout.

Lacazette, le clutch player

En NBA, un joueur a la charge de prendre le ballon en fin de match, quand c'est serré, et doit faire la décision à lui seul. C'est le clutch player, bien aidé par un système fait pour lui, et qui lui permet de se libérer totalement. Lors des deux dernières rencontres, Alexandre Lacazette est cet homme-là. Monsieur "Donnez-moi le ballon, je m'occupe du reste". Et il s'en occupe plutôt bien. Tout d'abord, le jeu des dernières minutes se construit autour de lui comme nous l'avons vu. Une manière particulière de garder le cuir dos au but, qui attire plusieurs défenseurs sur sa personne. Il libère l'espace autour de lui, quand il n'essaie pas lui-même de se retourner et faire la différence. Quand le numéro 10 lyonnais lâche et part se placer, c'est là qu'il est le plus dangereux.

Alex se fait oublier, mais n'oublie pas de marquer. Contre Reims, il se glisse côté droit et aucun défenseur ne le suit. Son centre (ou sa frappe ?) est contrée et fait mouche. A Evian, rebelotte. Sur un corner, il se trouve à l'écart à droite dans la surface, et le meilleur buteur de Ligue 1 reprend la gonfle sans hésiter. Enfin, quand il faut tirer le penalty de la victoire contre ETG dans les arrêts de jeu, surtout après le raté contre les Verts une semaine avant, le Gone de Mermoz n'hésite pas non plus et délivre les Rhodaniens.

Crédit Photo : AFP / Philippe MERLE 

6 commentaires
  1. Valbranque
    Valbranque - mer 10 Déc 14 à 11 h 20

    Merci Nabil. Ton analyse me fait dire que Lacazette a tout d'un attaquant "moderne"; contrairement aux attaquants de la vieille école, celui-ci n'attend pas qu'on l'alimente en ballons. Il joue aussi pour ses coéquipiers et sait être décisif lorsqu'il peut enfin se libérer pour recevoir une passe décisive.
    En tous cas Lacazette nous fait oublier un autre attaquant parti cet été. Un gars qui apparemment allait cruellement nous manquer. Force est de constater qu'on en arrive à la moitié de la saison et que jusqu'ici son absence ne nous a pas été préjudiciable. Au contraire, elle a complètement libéré cette équipe.

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    toki - mer 10 Déc 14 à 14 h 07

    Merci pour vos analyses, un vrai régal a lire.
    Enfin des bonnes analyses tactiques de football.

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    XUO - mer 10 Déc 14 à 14 h 17

    Maintenant, on a un clutch player alors que naguère, on avait selon certains un spécialiste du jeu en pivot, dos au but. Plutôt, un cloche player, mais ça, c'était avant...

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    zikos35 - mer 10 Déc 14 à 14 h 21

    Une analyse criante de vérités Xuo, comme à ton habitude, à laquelle j'agrée complètement.

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    zikos35 - mer 10 Déc 14 à 14 h 28

    Hors sujet : félicitation à Monaco qui nous ramène pour la saison prochaine à seulement 1 pts du Portugal à l'indice UEFA. Si nos clubs d'europa League passent et que le PSG fait une bonne perf en LDC on peut espérer repasser devant le Portugal et réouvrir la 3 ème place du championnat à une qualification plus facile en C1.

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    ol-91 - mer 10 Déc 14 à 16 h 05

    Oui, adieu aux anciens pivots. Désormais, tous les joueurs sur le terrain se voient dans le jeu collectif et y prennent du plaisir. Certains avaient bien vu...

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