Julian Palmieri : "Fékir et Lacazette sont deux extraterrestres !"

C'est un Gone avec du sang corse. Julian Palmieri a vécu quasiment toute sa jeunesse à Lyon. A 6 ans, il intègre le prestigieux centre de formation de l'OL. Mais à 14 ans, rien ne se passe comme prévu. Direction "sa" Corse où vit déjà une partie de sa famille. L'arrière gauche du Sporting Club de Bastia se confie comme jamais sur ses années lyonnaises, les secrets de la formation à Tola-Vologe, le limogeage de Claude Makelele, et bien sûr le match de dimanche. Mais pas que.

Olympique-et-lyonnais.com : Pourquoi l’OL ne vous a pas conservé à 14 ans ?

Julian Palmieri : Déjà, il voulait me conserver. Mais avec un contrat amateur. Donc j’ai refusé. J’avais fini meilleur buteur et meilleur passeur de la deuxième phase de la saison. A l’époque, j’étais numéro 10. Je l’ai vécu comme une injustice. A cet âge là, c’est difficile à vivre. C’est peut-être prétentieux, mais quand je pense mériter quelque chose, j’aime bien l’obtenir. Mais c’est comme ça, je ne vais pas y penser toute ma vie.

Pour quelles raisons ?

Je ne sais pas, ils ne m’ont pas donné ma chance. Je me rappelle de beaucoup d’entraîneurs comme Pierre Navarro qui m’a fait confiance. Mais aussi de Patrick Paillot et Alain Olio. Eux deux, n’avaient pas misé une pièce sur moi. Je leur en veux beaucoup. Ils ne m’ont pas du tout fait confiance. Ils ont fait des choix. Depuis, je ne les ai plus revus. Je suis le seul joueur de la génération 1986 à être en Ligue 1. Grégory Bettiol est en Ligue 2. Et c’est tout, je crois. La génération « 86 » a clairement été sacrifiée au profit de la génération « 87 » (Benzema, Ben Arfa, Rémy, Mounier). Tout le monde le sait mais personne ne le dit.

"A l'OL, on est formaté pour devenir joueur professionnel"

On parle beaucoup de la formation à la lyonnaise. Qu’a-t-elle de si particulier ?

On nous inculque les valeurs des professionnels dès le plus jeune âge. Je peux vous dire qu’on n’était pas aimé dans les tournois comme à Montaigu… On était tous dans notre bulle, on restait ensemble, on était soudé. Très tôt, on est préparé à jouer le haut niveau. C’est pour ça que les Gonalons, Lacazette ou Fekir se sont vite imposés. On est formaté pour devenir joueur professionnel. On nous dit de ne rien lâcher. C’est clairement le meilleur club formateur en France. Ça saute aux yeux. Tout ce qui sort du centre… Des joueurs formés à l’OL ont flambé dans les plus grands clubs européens. Ils font un très beau boulot de formation mais ils en laissent de côté. Il faudrait qu’ils en gardent un peu plus (rires). Mais comme on dit : on ne fait pas d’omelette sans casser des œufs. Il faudrait juste casser un peu moins d’œufs.

Finalement, vous n’avez pas pu signer en professionnel avec l’OL, mais les valeurs enseignées vous ont sûrement permis de rebondir…

Lyon a une part dans ce qui m’arrive, c’est sûr. Mais je le dois d’abord à moi. J’ai eu envie de réussir par rapport cet échec. D’ailleurs, je joue mon premier match en pro avec Florent Laville

Avez-vous gardé des liens avec l’OL ?

Très peu. J’ai revu Anthony Mounier la semaine dernière. Mon père connaissait beaucoup de monde. Il était ami avec Pascal Olmeta, Florian Maurice… On se parle de temps en temps. Je voyais presque tous les jours Karim Benzema. On habitait à côté à Bron. Donc mon père nous emmenait ensemble à Tola Vologe. Il a fait beaucoup de choses pour Karim. Mais visiblement, il a peut-être la mémoire courte. Chacun trace son chemin, c'est comme ça.

"J'espère que ceux qui ne m'ont pas fait confiance s'en veulent"

Vous n’avez pas de regrets de ne pas avoir joué en professionnel avec l’OL ?

Je n’ai aucun regret. La page est tournée. Pour moi, désormais, c’est un match banal. Au début c’était un match spécial mais plus aujourd’hui. J’aurais rêvé d’être un joueur de l’OL. Mais je suis très fier de porter les couleurs de Bastia. C’est un grand club qui a fait vibrer la France. Je mets tout ce que j’ai en moi sur le terrain. Aujourd'hui j'espère que ceux qui croyaient en moi sont heureux. Et que ceux qui ne m'ont pas fait confiance s'en veulent.

Palmieri Grenier

Que pensez-vous de cette jeunesse lyonnaise ?

C’est beau. On ne peut qu’être admiratif quand on voit les effectifs pléthoriques de Paris et Marseille. C’est énorme ce qu’ils arrivent à faire. Fekir et Lacazette sont deux extraterrestres. On va faire en sorte que Lacazette soit mauvais… (Fekir sera suspendu, Ndlr) On voit clairement qu’il y a la patte de la formation lyonnaise sur eux. Ils sont très bons. Et il y en a d’autres.

Vous connaissiez les petits nouveaux qui se sont révélés cette saison ?

Je les connaissais oui. Fekir nous a fait mal l’année dernière (buteur et double passeur). Je m’intéresse aux jeunes de Lyon. N’Jie va à 3000, Yattara c’est un renard. Je les connais presque tous. Tolisso me surprend de plus en plus.

Revenons à Bastia. Votre saison est un peu compliquée…

Forcément c’est compliqué du moment qu’un entraîneur nous quitte. C’est la preuve qu’on avait un problème quelque part. Les résultats n’étaient pas très bons. Le premier fusible qui pète c’est souvent lui. Ghislain Printant fait un très bon travail. On n’avait plus confiance en nous, il nous remet à l’endroit. Il a fait un bon travail psychologique. On est tous derrière lui, il nous remonte le moral. Pour le moment, on reste sur une victoire contre Montpellier à domicile. Il y a du mieux. On espère poursuivre ça contre Lyon. On espère réitérer la performance d’il y a deux ans (4-1). On ne veut plus décevoir.

"Makelele n'était peut-être pas préparé à vivre cette situation"

Comment expliquez-vous le limogeage de Claude Makelele ?

C’est compliqué de limoger un grand monsieur du football... Il se lançait dans une première aventure en tant qu’entraîneur. Il y avait beaucoup de choses compliquées à gérer. On était triste de le voir partir. Il était à fond, il s’investissait. Le problème était psychologique. Il n’a pas eu l’habitude d’avoir un groupe dans cette situation. C’était nouveau pour lui. Il n’était peut-être pas préparé à ça. Mais peut-être qu’il était en train d’y arriver.

Pourquoi Bastia est un club à part ?

L’engouement est extraordinaire. C’est spécial, l’ambiance est bizarre. Il y a une osmose entre les joueurs et les supporters. Furiani reste un stade compliqué pour les adversaires. A l’époque c’était très compliqué de jouer ici. Aujourd’hui, on ne peut plus faire n’importe quoi. La preuve avec cette sanction ridicule pour Nice et les deux matchs de suspension de notre gardien remplaçant (lors des incidents à l'Allianz Riviera, Ndlr). La réputation est un peu surfaite. L’image n’est pas celle renvoyée par les médias.

Quelle est la force de Bastia ? Vous avez Junior Tallo qui revient bien (doublé lors du dernier match à Furiani contre Montpellier).

On connaît tous les qualités de Junior, ça nous fait plaisir. On s’appuie sur un joueur en pleine confiance. Lui et Floyd Ayité sont des joueurs à fort potentiel. Il faut les mettre en confiance. Et leur donner de bons ballons bien sûr. Sinon, on est une équipe très solidaire.

"Quand mes amis lyonnais m'appellent, ils sont en parka et moi en tee-shirt"

Comment voyez-vous le match de samedi ?

Pour nous que ça soit Lyon ou une autre équipe c’est pareil. Il faut plutôt leur poser la question. On connait notre situation. Ils doivent s’attendre à un match difficile.

La ville de Lyon vous manque-t-elle ?

Franchement, non. J’ai été rappelé en bas, en Corse, c’est une bonne chose. Lyon c’est une grande ville, j’ai encore pas mal d’amis là-bas. Mais quand ils m’appellent et qu’ils sont en parka, moi je suis en tee-shirt… (rires). Je me rappelle bien des Lyon-Bastia à Gerland. J’ai toujours supporté le Sporting, même à Lyon.

Crédit photo : PHOTOPQR/LE PROGRES

5 commentaires
  1. Avatar
    fandelol - ven 21 Nov 14 à 15 h 13

    alors lui, il doit avoir du mal à trouver chaussure à son pied vu la taille de ses chevilles mdr

  2. Avatar
    laykOL - ven 21 Nov 14 à 15 h 48

    Mdr le mec se sent pas trop fort

  3. Avatar
    ol-91 - ven 21 Nov 14 à 15 h 50

    Heureusement qu'il nous a parlé de lui car on ne l'aurait pas connu ! Pas un vrai Lyonnais, donc. Quant aux deux extra-terrestres, n'exagérons pas... Ils sont bien sûr très satisfaisants mais le Bastiais se ferait un double plaisir de les battre. De toute façon, ce club fait partie de ceux que nous avions pris l'habitude de relancer. Attention...

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    dams69gone - ven 21 Nov 14 à 15 h 52

    "Fekir et Lacazette sont deux extraterrestres. On va faire en sorte qu’ils soient mauvais…"

    Quelqu'un aurait pu lui dire que Fekir était suspendu quand même, ou comment passé pour un idiot ... 😉

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    Lyon dream city - ven 21 Nov 14 à 20 h 07

    Ah l'écouter parler c'est un joueur incroyable mais dont personne ne veut, la vie est trop injuste.
    Il ne lui vient pas à l'esprit que s'il était vraiment fort il jouerait ailleurs qu'à Bastia (avec tout le respect que j'ai pour le SCB) ?
    C'est dingue à quel point je déteste les joueurs au gros melon...

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